Nice-Matin (Cannes)

Il fait le tour du monde

Parti de sa Suisse natale fin 2012, Pascal Bärtschi s’apprête à boucler un tour du monde de plus de 100 000 km dans quelques jours. Passé vendredi par Cannes et Antibes direction le col de la Bonette, cet aventurier des temps modernes en a profité pour ré

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Quand on l’a vu arriver sur la Croisette, moulinant sur son fidèle destrier de  kg en plein cagnard, on n’a pas pu s’empêcher d’un peu s’inquiéter pour le garçon. Et de lui demander si ce n’était pas un peu l’enfer de pédaler sous une chaleur pareille. Sa réponse? Cocasse: « Après le Soudan, tu sais, ici, on supporte une petite laine en soirée… » On avait failli oublier que, du haut de ses  ans et de son indéfectib­le sourire, Pascal Bärtschi finissait tranquille­ment d’avaler son  e kilomètre à vélo autour du monde, et qu’il n’était pas du genre à s’émouvoir d’une canicule à la française. Parti de Suisse en , cet électricie­n de formation a (en gros) traversé l’Europe et l’Asie pour atteindre le Japon, est redescendu jusqu’en Nouvelle-Zélande puis,

Comment en vient-on à passer six ans à vélo autour du monde ?

J’aime le vélo, j’aime la nature, j’aime le contact avec les autres… et j’aime découvrir le monde. Du coup, il n’y avait pas   façons de vivre mon rêve ! Après, ce n’est pas forcément évident de garder l’esprit frais et la soif de découverte sur toutes ces années. Je dois dire que j’ai su plutôt bien gérer cela, en m’octroyant des pauses de plusieurs semaines dans certains pays, histoire de retrouver des fourmis dans les jambes. Ou simplement en changeant de continent au moment opportun, pour découvrir avec davantage après « un saut de puce », il a rejoint l’Alaska, traversé l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud jusqu’en Patagonie, pris un vol jusqu’au Cap, remonté le continent africain du Sud au Nord, puis a continué via le ProcheOrie­nt, la Turquie… pour finalement atterrir en Europe ! Passé vendredi par Antibes et Cannes en direction du col de la Bonette, son arrivée à Lucens, en Suisse romande, est prévue le  août prochain. Évidemment, Pascal Bärtschi ne trimballe pas dans ses sacoches poussiéreu­ses que ses habits de rechange, mais aussi des milliers d’anecdotes qu’une interview, aussi longue soit-elle, ne peut suffire à résumer. Alors, en attendant que cet épicurien toujours de bonne humeur publie son carnet de voyage, voici un avant-goût du récit de ses aventures.

d’envie une nouvelle culture.

Avec quels équipement­s es-tu parti ?

Un vélo tout ce qu’il y a de plus simple. Cadre acier, roue c et sacoches. En partant, le tout faisait une quarantain­e de kilos puis je suis monté à une cinquantai­ne de kilos ces dernières années.

Financière­ment, tu as fait comment ?

J’ai loué ma petite maison suisse que j’avais rénovée à temps perdu, il y a quelques années. Cela me permet de vivre aujourd’hui encore avec une rente mensuelle de  €.

C’est quoi le point le plus haut où tu as monté ton vélo ?

Le col de l’Abra del Acay dans le Nord de l’Argentine, avec ses   m. A contrario, je suis « descendu » à -  m, au bord de la mer Morte en Jordanie. Toujours dans la série de mes « records », ma plus longue étape a longtemps été ces  km effectués en terre chinoise lors de ma première année… mais je l’ai battu en  au Soudan, avec  km parcourus ! J’ai passé  h sur la selle.

Tu as vu ton corps changer ?

Oui et non. J’ai perdu une dizaine de kilos la première année. Puis j’en ai repris - mais sous forme de muscles, cette fois ! Spécialeme­nt aux mollets et aux cuisses, au grand étonnement des gens quand ils voient mes jambes… Mais j’ai de la marge : mes mollets ne touchent pas encore les bidons quand je pédale !

C’est quoi le plus gros danger à vélo ?

C’est sans hésiter le trafic ! On n’est rien quand on est sur la route. Je m’en suis rendu compte trois ou quatre fois à mes dépens. Ma plus grosse frayeur, c’est lorsqu’un camion iranien m’a heurté sur les routes d’Ouzbékista­n. Je suis alors resté accroché à lui avant de tomber lourdement sur la tête (merci le casque).

N’y a-t-il pas eu un jour où tu as eu envie de tout plaquer et de rentrer chez toi ?

Une fois, cela a été particuliè­rement dur. Je me suis fait voler mon ordinateur dans une chambre d’hôtel aux ÉtatsUnis, et surtout mon disque dur avec toute ma mémoire photograph­ique sur plus d’une année ! Je me suis rendu compte, à ce moment-là, qu’affronter un coup dur tout seul, isolé, n’est pas chose aisée. Mais j’ai su rester positif pour surmonter cette épreuve et j’en suis ressorti plus fort, me détachant encore plus du peu de biens dont je dispose !

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Pascal Bärtschi a fait halte vendredi devant le palais des Festivals de Cannes. (Photo Patrice Lapoirie

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