Une sonde pour percer les mystères du Soleil
La Nasa a lancé hier avec succès la sonde Parker. Sa mission : traverser l’atmosphère de notre étoile, afin de mieux la comprendre. Pour la toute première fois dans l’histoire de l’humanité
Avec ses 700 000 km/h (une fois qu’elle aura atteint sa destination) (1), il s’agit de l’objet le plus rapide jamais créé par l’homme : la Nasa a lancé hier matin, depuis la Floride, sa sonde Parker, qui doit traverser l’atmosphère du Soleil pour aider à percer le secret des tempêtes solaires. Une mission qui « marque réellement la première visite de l’humanité sur une étoile », a souligné Thomas Zurbuchen, un responsable de la Nasa. « Nous avons accompli quelque chose qui, il y a des dizaines d’années, n’existait que dans la science-fiction. »
Une facture de , milliard de dollars
La fusée de lancement Delta IV Heavy s’est élevée du pas de tir de Cap Canaveral à 3h31 (9h31 dans l’Hexagone). Moins d’une
(2) heure plus tard, l’opérateur de lancement a indiqué que la sonde s’était bien séparée de la fusée, et qu’elle poursuivait son odyssée spatiale : «Pour le moment, la sonde se porte bien. » De la taille d’une voiture, pour une facture de 1,5 milliard de dollars (1,31 milliard d’euros), Parker s’envole forte de son bouclier hightech, et porteuse des grands espoirs placés en elle par la Nasa et la communauté scientifique. Sa mission est claire : devenir le premier objet construit par l’homme à affronter les conditions dantesques de la couronne, une partie de l’atmosphère du Soleil pas moins de 300 fois plus chaude que la surface de l’astre. La sonde devra passer à environ 6,2 millions de kilomètres de la surface de notre étoile, et traverser 24 fois cette couronne pendant les sept ans que doit durer la mission. Au-delà de la prouesse technologique, l’intérêt scientifique est primordial. Il s’agit de comprendre cette différence phénoménale de température, et pourquoi ses particules énergétiques produisent des tempêtes électromagnétiques pouvant perturber le fonctionnement du réseau électrique sur Terre.
Aider à prédire les vents solaires
«Parker nous aidera à faire un bien meilleur travail pour prédire quand une perturbation dans les vents solaires viendra frapper la Terre » ,explique Justin Kasper, un des scientifiques responsables du projet et professeur à l’université du Michigan. «Nous allons nous trouver dans une zone passionnante, où [...] nous voyons de gigantesques champs magnétiques qui passeront près de nous, quand les éjections de masse de la couronne s’élancent dans le système solaire» ,a expliqué pour sa part Jim Green, directeur du département de science des planètes de la Nasa. Parker est le seul vaisseau de l’agence spatiale américaine à avoir été nommé d’après un scientifique toujours en vie : l’astrophysicien Eugene Parker, aujourd’hui âgé de 91 ans. Ce dernier a été le premier à développer la théorie des vents solaires supersoniques en 1958, qu’étudiera maintenant cette sonde portant son nom, et devant laquelle il s’est dit « impressionné ».
Elle va affronter plus de °C
Parker est revêtue d’un bouclier en composite carbone d’une douzaine de centimètres d’épaisseur, qui doit protéger les instruments scientifiques qu’ils transportent, face à des températures de plus de 1 300°C. À l’intérieur de la sonde, il devrait cependant faire seulement… 29°C ! Les outils embarqués doivent mesurer les particules à haute énergie, les fluctuations magnétiques et prendre des images pour tenter de mieux comprendre cette couronne, qui est « un environnement très étrange, peu familier pour nous », explique Alex Young, un spécialiste du Soleil à la Nasa. Cela fait plus de 60 ans que les scientifiques rêvent de construire un tel engin, mais ce n’est que récemment que la technologie l’a rendu possible. « Le soleil est plein de mystères », ajoute Nicky Fox, membre du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins et responsable scientifique de la mission. « Nous sommes prêts [...]. Nous connaissons les questions auxquelles nous voulons des réponses. » 1. Soit l’équivalent d’un trajet New YorkTokyo en… une minute ! 2. L’agence spatiale américaine avait initialement prévu un lancement 24 heures plus tôt. Mais l’opération a dû être repoussée en raison d’un problème de pression d’hélium gazeux, apparu quelques minutes avant le décollage.