Des “Templiers” pour protéger la procession
L’Ordre des pauvres chevaliers du Christ encadre aujourd’hui la procession de l’Assomption. Cette association née en 2015 tente de redonner vie aux fameux Templiers. Sans arrière-pensée ?
Même nom, même devise, même symbole. Tout mène à penser que l’on a affaire à des Templiers (lire ci-contre) des temps modernes quand on rencontre l’Ordre des pauvres chevaliers du Christ. Pourtant, le Pape a dissous l’organisation il y a plus de six siècles ! Julien Clos, ancien président du groupe FN au conseil municipal du Cannet, considère son association comme des « Templiers 2.0 ». Leur objectif ? Protéger les Chrétiens, comme aujourd’hui, lors de la procession du 15 août au Suquet. « Quand on parle de Templiers ou qu’on arbore la croix rouge sur fond blanc, ça fait peur parce que vous passez pour un illuminé ou une secte », admet celui qui a claqué la porte du parti en 2015 en soutien à Jean-Marie Le Pen.
Agents de sécurité et voisins vigilants
Il assure, au contraire, que sa démarche n’a rien à voir avec tout cela. L’Ordre a trois objectifs : pratiquer la charité, l’évangélisation et la protection des Chrétiens. En fondant cette association, il a souhaité « coller le plus possible aux Templiers d’un point de vue structurel.» Ainsi, ses membres, aujourd’hui au nombre de 25, sont divisés en quatre catégories. Les membres « soutien », adhérents mais pas impliqués physiquement, les sergents, les écuyers et, bien sûr, les chevaliers. Ces derniers ont été adoubés dans une église pour devenir officiellement chevaliers de l’Ordre... de leur association. Cette dernière a été créée en décembre 2015, alors que trois jeunes hommes discutaient via un jeu de rôle médiéval en ligne. L’envie de « se mettre réellement au service de Dieu », couplée au « besoin de protéger les lieux de cultes catholiques autant que ceux des autres religions », d’après Julien Clos, a donné naissance à l’Ordre des pauvres chevaliers de Christ. Au sein du bureau, l’ancien élu FN mais aussi Rudy Morand, suppléant de la candidate FN aux législatives de 2012 dans la 9e circonscription et Laurent Autheman, conseiller municipal FN à Pégomas. Leur mission : entre voisins vigilants et agents de sécurité bénévoles, ils se tiennent à l’écart dans les églises lors des messes et des cérémonies religieuses spéciales, prêts à prévenir la police en cas de besoin. Une initiative louée par le curé de la paroisse Saint-Nicolas, Guy Largillière : « C’est un apport très précieux qui permet aux fidèles de se sentir bien. » Autre son de cloche du côté des autorités… Ni les policiers municipaux, ni les nationaux ne sont au courant de ce renfort de sécurité. Alors, présence bienveillante ou milice politisée ? D’abord, leur autocollant « La France est chrétienne » est fortement connoté.
Un autre visage sur les réseaux
Puis, sur leur page Facebook et leur site, l’Ordre des pauvres chevaliers du Christ offre un visage moins consensuel, exprimant une claire antipathie envers les non-chrétiens. Ainsi, on peut y lire à propos de l’Islam : « il est peu probable que cette mosquée ait une vocation de paix », ou encore « plutôt mourir » en réponse à un commentaire prétendant que «dans une décennie nous serons tous musulmans. » Le président de l’association, qui assure n’avoir aucun ressentiment envers cette religion, affirme qu’il voit le burkini comme une « arme islamiste » et ajoute : « il est hors de question que je renonce à ma foi quand bien même cela me coûterait la vie. »
Un annuaire catho
Dans un autre registre, Julien Clos prône la fraternité, un pilier de sa religion…
mais surtout celle entre Chrétiens. Il souhaite créer un annuaire des professionnels catholiques du territoire et dénonce ceux qui refusent de « porter les couleurs de la Sainte-Vierge» lors de la procession de ce jour. « On n’est pas responsable si nos messages sont mal interprétés. Je mets en avant ceux qui partagent notre foi », s’explique Julien Clos. Heureusement, cette association, en action depuis 2016, n’a jamais eu d’incident à signaler lorsqu’elle surveillait les célébrations religieuses. Auxquelles sont évidemment présentes les forces de l’ordre.