Et si on roulait au plastique
Christofer Costes a dévoilé hier matin sa machine qui produit du gasoil, en présence de l’acteur Samuel Le Bihan, promoteur de cette invention
Surmontée d’une tour de près de 2 mètres, Chrysalis produit du carburant à partir de déchets en plastique. Port Vauban, à Antibes, sous un soleil de plomb, le comédien Samuel Le Bihan, ardent défenseur de l’environnement, et Christofer Costes, l’inventeur, posent côte à côte devant la machine rutilante. Une aventure née de l’engagement de ces deux hommes en faveur de l’environnement.
En , plus de plastique que de poisson
« Il y a quatre ans, j’étais à Bali, un endroit magnifique, rembobine Samuel le Bihan. Je me suis retrouvé à surfer au milieu d’une soupe de plastique. Pour trouver des solutions, on a monté avec des amis, l’association Earthwake, le réveil de la terre. Notre idée est de financer et de valoriser des inventions qui donnent de la valeur aux déchets. » Et ainsi contribuer à relever un défi majeur : « Si on ne fait rien, il y aura, en 2050, plus de plastique que de poisson dans les océans. Mais aller récupérer cette pollution a un coût énorme. On s’est dit qu’il fallait créer une économie du déchet. Parce qu’on ne jette pas ce qui a de la valeur. » Pendant ce temps, à Puget-Théniers, Christofer Costes, 35 ans, BTS d’électronique en poche, cherche comment recycler les sacs plastique.
Le déclic
« J’ai eu le déclic en voyant les quantités qu’on jetait avec ma femme, car tout un tas d’emballages ne peuvent pas être triés. » Il cogite, surfe sur Internet et tombe sur des articles sur la « pyrolyse du plastique ». «Ce procédé donne du carburant, mais le problème, c’est qu’il n’est pas de bonne qualité et chargé en cire. » Pour contourner la difficulté, il assemble dans son garage un prototype. Et, un soir, le Géo Trouvetou tombe sur une émission télé consacrée aux actions d’Earthwake contre la pollution du plastique. « J’ai envoyé un mail pour leur présenter l’invention. Ils m’ont dit banco. » L’association finance pendant trois ans le travail de recherche et développement de Chrysalis, présenté hier matin.
Du gasoil pour les bateaux…
Après ce prototype, l’association prépare la construction d’un équipement deux fois plus gros. « On pourra ainsi recycler 300 kg par jour, soit plusieurs tonnes par mois, ça représentera des centaines de litres de diesel », s’enthousiasme Samuel Le Bihan. À l’avant, deux robinets permettent d’extraire les carburants. Christofer dispose un bidon sous le bec et fait couler un liquide jaune foncé. « Ce diesel peut être utilisé pour les moteurs de bateaux, de camion, pourquoi pas les bennes à ordure. Mais aussi des groupes électrogènes… » Qu’en est-il des vapeurs issues de la combustion de ce diesel ? « Des essais ont été réalisés en laboratoire : il a un bon indice de cétane et émet moins de particules fines. »
Sur le marché en
L’association Earthwake vise une commercialisation de Chrysalis début 2019. « Le prix de vente de la grande machine sera autour de 50 000 euros, mais elle sera rentabilisée en moins d’un an. L’idée, c’est de mettre ces Chr ysalis un peu partout en France. Chaque port pourrait être équipé. Ainsi on sensibilisera et motivera les citoyens à récupérer ces déchets et à leur donner un sens. Plutôt que de les jeter à la poubelle pour qu’ils soient incinérés, ils trouvent une application vertueuse. » En France et dans le monde. « L’espoir, c’est de donner l’opportunité aux gens d’accéder à une autonomie énergétique, en se débarrassant de leurs déchets, reprend Christofer Costes. Comme en Afrique, par exemple : ils n’ont pas d’électricité et des emballages plastique à ne plus savoir qu’en faire ; ça pourrait alimenter un groupe électrogène, des écoles… » La présentation s’achève par un geste symbolique : la remise d’un bidon de diesel à Alain Greci, patron des sauveteurs en mer d’Antibes. « On espère ainsi contribuer à sauver des vies », conclut Samuel le Bihan.