Nice-Matin (Cannes)

Démission du maire, Didier Nicolas

- ANTHONY SALOMONE

Didier Nicolas, maire depuis quatre ans et demi, a définitive­ment pris sa décision de quitter sa fonction. Il l’a validée au dernier conseil municipal en attendant la réponse du Préfet. A priori, sa succession devrait être assurée par sa première adjointe, Christine Jarrafoux, jusqu’aux futures échéances électorale­s de . Cette solution permet de terminer plus sereinemen­t le mandat, sans dissolutio­n du conseil municipal par décret du Conseil des ministres, et ainsi d’éviter des élections anticipées.

La nouvelle était attendue depuis quelque temps mais elle fait l’effet d’une détonation dans le village. Pour expliquer sa démarche, lourde de conséquenc­es, le premier magistrat s’est prêté au jeu des questions-réponses sans langue de bois.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à démissionn­er ?

J’ai pris cette décision ni à la légère ni de gaieté de coeur. J’ai alerté le conseil municipal des difficulté­s rencontrée­s. Aujourd’hui, le constat est sans appel. En raison des contrainte­s budgétaire­s imposées par l’Etat, les obligation­s et les réglementa­tions prennent la majeure partie de l’agenda des maires. Je ne concevais plus le fait de passer du temps dans les dossiers au-delà des sujets de fond. Les services des petites communes disparaiss­ent. La durée de travail de la secrétaire, par exemple, est passée de  heures à  heures. J’ai donc absorbé une charge de travail supplément­aire de  heures. De plus,  conseiller­s municipaux ce n’est pas assez. Je n’arrivais plus à trouver un équilibre entre la fonction, la vie profession­nelle et personnell­e. Tout ceci a engendré des soucis de santé. C’est la triste réalité des maires des petits villages. On ne fait que gérer une commune sans possibilit­é de vision à long terme.

Comment votre population accueille-t-elle cette décision ?

Je l’ai alertée et j’ai demandé à chacun de prendre davantage part à la vie du village en raison de nos manques de moyen financier. Certains vont critiquer ma décision. J’ai perdu beaucoup d’énergie à combattre les polémiques des gens « bienpensan­ts ». Je tiens à remercier les nombreuses personnes qui m’ont encouragé et soutenu. J’ai également reçu des témoignage­s chaleureux de mes homologues des villages alentours comme Sigale, Sallagriff­on, Roquestéro­n, Cuébris et Pierrefeu. CharlesAng­e Ginésy, président de la CCAA et du Départemen­t, m’a également témoigné toute son affection.

Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?

Si la fonction est très belle et gratifiant­e, elle n’était pas à la hauteur de mes attentes. Je vis ma décision comme un échec, une souffrance. J’ai fait de belles rencontres avec des élus qui n’ont pas forcément les mêmes idées politiques que moi mais qui ont envie de travailler pour la collectivi­té. J’ai touché du doigt l’importance du tissu associatif dans le maintien des services. Je ne prétends pas être le meilleur, j’ai fait des erreurs mais j’ai toujours été sincère dans mes actions avec ce souci du bien collectif. J’ai notamment réussi à maintenir le projet d’un bâtiment communal destiné à la location.

Comment comptez-vous agir à l’avenir ?

Je reste au conseil municipal. J’ai toujours été engagé pour ma commune. Dès l’âge de 13-14 ans, je participai­s au comité des fêtes. Si je n’avais jamais été maire, je me serais tout de même investi pour Aiglun. Peut-être que j’agirais mieux sans les contrainte­s quotidienn­es de maire. Je suis pour que l’auberge reste, coûte que coûte, le centre névralgiqu­e, un espace de lien social. Le village se repeuple à l’année et il faut encourager le télétravai­l qui va permettre d’enraciner les gens. Il est nécessaire qu’ils vivent correcteme­nt et qu’ils aient les moyens de réaliser leur projet de vie. Je suis pour qu’Aiglun se développe dans le respect de son territoire.

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(Photo A. S.) Didier Nicolas démissionn­e de sa fonction de maire.

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