Démission du maire, Didier Nicolas
Didier Nicolas, maire depuis quatre ans et demi, a définitivement pris sa décision de quitter sa fonction. Il l’a validée au dernier conseil municipal en attendant la réponse du Préfet. A priori, sa succession devrait être assurée par sa première adjointe, Christine Jarrafoux, jusqu’aux futures échéances électorales de . Cette solution permet de terminer plus sereinement le mandat, sans dissolution du conseil municipal par décret du Conseil des ministres, et ainsi d’éviter des élections anticipées.
La nouvelle était attendue depuis quelque temps mais elle fait l’effet d’une détonation dans le village. Pour expliquer sa démarche, lourde de conséquences, le premier magistrat s’est prêté au jeu des questions-réponses sans langue de bois.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à démissionner ?
J’ai pris cette décision ni à la légère ni de gaieté de coeur. J’ai alerté le conseil municipal des difficultés rencontrées. Aujourd’hui, le constat est sans appel. En raison des contraintes budgétaires imposées par l’Etat, les obligations et les réglementations prennent la majeure partie de l’agenda des maires. Je ne concevais plus le fait de passer du temps dans les dossiers au-delà des sujets de fond. Les services des petites communes disparaissent. La durée de travail de la secrétaire, par exemple, est passée de heures à heures. J’ai donc absorbé une charge de travail supplémentaire de heures. De plus, conseillers municipaux ce n’est pas assez. Je n’arrivais plus à trouver un équilibre entre la fonction, la vie professionnelle et personnelle. Tout ceci a engendré des soucis de santé. C’est la triste réalité des maires des petits villages. On ne fait que gérer une commune sans possibilité de vision à long terme.
Comment votre population accueille-t-elle cette décision ?
Je l’ai alertée et j’ai demandé à chacun de prendre davantage part à la vie du village en raison de nos manques de moyen financier. Certains vont critiquer ma décision. J’ai perdu beaucoup d’énergie à combattre les polémiques des gens « bienpensants ». Je tiens à remercier les nombreuses personnes qui m’ont encouragé et soutenu. J’ai également reçu des témoignages chaleureux de mes homologues des villages alentours comme Sigale, Sallagriffon, Roquestéron, Cuébris et Pierrefeu. CharlesAnge Ginésy, président de la CCAA et du Département, m’a également témoigné toute son affection.
Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?
Si la fonction est très belle et gratifiante, elle n’était pas à la hauteur de mes attentes. Je vis ma décision comme un échec, une souffrance. J’ai fait de belles rencontres avec des élus qui n’ont pas forcément les mêmes idées politiques que moi mais qui ont envie de travailler pour la collectivité. J’ai touché du doigt l’importance du tissu associatif dans le maintien des services. Je ne prétends pas être le meilleur, j’ai fait des erreurs mais j’ai toujours été sincère dans mes actions avec ce souci du bien collectif. J’ai notamment réussi à maintenir le projet d’un bâtiment communal destiné à la location.
Comment comptez-vous agir à l’avenir ?
Je reste au conseil municipal. J’ai toujours été engagé pour ma commune. Dès l’âge de 13-14 ans, je participais au comité des fêtes. Si je n’avais jamais été maire, je me serais tout de même investi pour Aiglun. Peut-être que j’agirais mieux sans les contraintes quotidiennes de maire. Je suis pour que l’auberge reste, coûte que coûte, le centre névralgique, un espace de lien social. Le village se repeuple à l’année et il faut encourager le télétravail qui va permettre d’enraciner les gens. Il est nécessaire qu’ils vivent correctement et qu’ils aient les moyens de réaliser leur projet de vie. Je suis pour qu’Aiglun se développe dans le respect de son territoire.