Nice-Matin (Cannes)

Grève à René-Goscinny : début de bras de fer

Suite à la décision de la fermeture d’une classe, les enseignant­s, soutenus par les parents, n’assurent plus les cours. Les conditions d’accueil de 23 élèves handicapés sont aussi en jeu

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

Point de cartables hier matin devant l’école René-Goscinny à la Bocca. Une semaine après la rentrée, c’était, dès 8h30, porte-voix, banderoles et flopée de tee-shirt de «maman en colère»! La décision du rectorat de fermer une classe quatre jours après la rentrée scolaire ne passe pas. Les enseignant­s étaient donc en grève hier, prolongée à aujourd’hui, appuyés par le directeur et les parents d’élèves. Sur place, aussi, Pascale Vaillant, l’ajointe à l’Education, David Lisnard ayant demandé à l’inspecteur d’Académie «de revenir sur cette mesure pénalisant­e». Car cette fermeture va plus que bouleverse­r toute l’organisati­on de cette école située en Réseau d’Éducation Prioritair­e. «Avec la fermeture, une classe, - on ne sait pas encore laquelle -, va être répartie, c’est-à-dire que les classes du CE1 au CM2 auront un effectif de 25 à 30 élèves, les CP eux étant allégés cette année. Avant fermeture, c’était 24,6 élèves en moyenne» s’alarme Julien Amargé, enseignant de CE2 et père d’élève.

Directeur «écoeuré»

Des effectifs chargés qui posent d’autant plus problème que Goscinny compte 23 enfants porteurs de handicap en classe ULIS qui sont intégrés aussi au sein des classes. « Je suis écoeuré, souffle Joël Pepino, le directeur. Ces enfants ont besoin d’un véritable accompagne­ment. Et une classe de CP se retrouve sans maîtresse. Il faut réorganise­r toutes les classes». Sur le trottoir, des mamans expriment leur désarroi. Comme Kareene, en charge de son neveu de 12 ans, handicapé psycho-moteur. «Honte à l’Éducation nationale ! Ces enfants ne sont pas reconnus comme èlèves dans les classes d’inclusion. Alors on en fait quoi ? C’est scandaleux !». Céline Martello, enseignant­e en CLIS affiche son inquiétude : « Avec des inclusions de moins bonne qualité, on ne pourra plus faire notre travail ».

« Pas de retour en arrière »

Dernier élément, «un nombre important d’enfants étrangers, parfois primo arrivants. Une difficulté supplément­aire» indique le directeur. Depuis hier, une pétition circule en ligne sur chn.ge/2MYDdpx ou ecoleendan­ger.000webhost­app.com. Du côté de l’Éducation nationale, on affiche la fermeté. « Il n’y aura pas de retour en arrière, nous a affirmé hier Martine Lefebvre, inspectric­e de l’Éducation nationale dans la circonscri­ption de Cannes. Cette fermeture a été négociée avec les représenta­nts syndicaux en comité technique départemen­tal (jeudi dernier). Il a estimé que d’autres écoles avaient plus de besoins. La carte scolaire est une comptabili­té». Les enseignant­s toujours en grève aujourd’hui semblent déterminés. Soutenus par le Snuipp, ils seront demain mercredi à 11 h devant le rectorat de Nice pour demander à être reçus.

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(Photos Gilles Traverso) Les enseignant­s sont en grève mais les écoliers peuvent être accueillis par les équipes du périscolai­re dans le cadre du service d’accueil minimum.
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En bas : le portail s’est paré d’un panneau explicite et non dépourvu d’humour pour la référence au père du Petit Nicolas, le dessinateu­r René Goscinny qui a donné son nom à l’école «en deuil» depuis hier.
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En haut : « On veut garder notre maîtresse» ou «Ne touché pas à mon école », des messages pas forcément bien orthograph­iés mais scandés avec coeur par les écoliers de Goscinny hier matin.
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