Un mois sans électricité à l’hôtel les Jumelles !
Depuis le 17 août, jour de la coupure pour impayés du propriétaire qui sera jugé en janvier pour « hébergement indigne », la vingtaine de locataires vit toujours sans électricité
Vingt-sept jours. Soit quatre semaines demain. Sans électricité. Sans réfrigérateur. À s’éclairer à la bougie le soir. Sans TV ni radio. Sans pouvoir cuisiner chaud ni recharger son téléphone. Depuis le 17 août ! Une situation impensable en 2018. C’est pourtant le quotidien indécent de la vingtaine de locataires de l’Hôtel Les Jumelles à la Bocca, au 124 avenue Francis-Tonner. Qui, en plus n’ont pas l’eau chaude depuis plusieurs mois. Si le gestionnaire de cet établissement va être jugé en janvier pour « hébergement indigne de personnes vulnérables » par le tribunal correctionnel de Grasse, les occupants qui déboursaient 500 € par mois pour une chambre misérable demeurent dans les murs. Tous sont restés. Malgré des conditions difficiles.
« On n’est pas des squatteurs »
« C’est honteux. On n’est pas des squatteurs. On aimerait rester. Avoir un compteur électrique chacun » glisse ce locataire qui a retiré son générateur électrique car « cela coûtait 30 € d’essence par jour : trop cher ». Le bâtiment étant non conforme au plan des installations électriques notamment, personne ne prendra le risque de faire rebrancher le courant. Pas la préfecture qui, contactée, estime que « la situation des Jumelles relève de la mairie de Cannes ». Pas cette dernière, qui de son côté, a tardivement entamé une évaluation sociale des occupants. En vue d’un relogement ? « Théoriquement, le relogement relève du propriétaire via ses assurances. Le CCAS n’est pas relogeur. Toutefois, il y a actuellement un accompagnement social pour du relogement à court et moyen terme. Mais sur le territoire de l’Agglo de Cannes, il y a onze dossiers DALO Droit de Logement Opposable. Il est difficile de les faire passer devant. Cela peut prendre du temps » nous dit la mairie de Cannes. Les locataires ne se sentent pas aidés. Comme Lydia et Jean-Luc, qui eux aimeraient partir. « Le CCAS m’a proposé l’accueil de nuit ! Mais je ne suis pas une clocharde. Je préfère rester dans mon trou à rats avec un réchaud à gaz de camping » s’insurge la locataire qui dit multiplier les dossiers de demande de logement social et privé. En vain. Si le couple cumule 2400 € de ressources mensuelles, « personne ne veut louer à un intérimaire ». Pour Salima, 32 ans, aux Jumelles depuis trois mois, . c’est l’attentisme forcé et anxiogène. Faute de solution. « J’ai vu l’assistance sociale, cela n’a servi à rien. J’ai perdu 3 € pour le bus. On va attendre. mais j’ai peur d’être expulsée ».
Jusqu’à quand ?
Les institutions semblent se renvoyer la balle sur ce dossier. La situation est au point mort. Jusqu’à quand ? Un accident ? Un incendie causé par une bougie mal éteinte ? Un locataire, dépourvu d’assurance-maladie, s’est déjà cassé le bras en chutant dans l’escalier plongé dans l’obscurité. Il ne peut plus travailler. Beaucoup de ces précaires craignent l’expulsion avant la trêve hivernale qui débute le 1er novembre. L’automne arrivant, les conditions de vie risquent d’empirer dans les petites chambres de l’Hôtel Les Jumelles. Privés d’eau chaude, et d’électricité, ils n’auront bientôt pas de... chauffage.