Jean-Claude Murdica
Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui , Jean-Claude Murdica, coiffeur à Grasse durant ans, évoque le Jeude-Ballon.
Né le 7 mars 1947 au quartier de Malbosc, JeanClaude est le benjamin d’une fratrie composée de deux soeurs aînées et d’un frère. « Mon père exerçait la profession de fumiste, chez Prévost, une entreprise de zinguerie. Ce métier très dur consistait à contrôler le bon fonctionnement des cheminées, en effectuant les ramonages et le remplacement des briques réfractaires usagées, dans l’âtre, la hotte et les conduits », raconte Jean-Claude qui accompagne alors son papa. On l’appelle même le petit ramoneur et on lui offre souvent une obole pour l’encourager. La maman de Jean-Claude à fort à faire. Avec l’entretien de la maison, la cuisine, le repassage elle trouve encore le temps et la force de participer aux cueillettes de jasmin, roses de mai et autres olives. De retour chez lui, le père de famille cultive son potager, tandis que ses enfants, dès la sortie des classes, vont couper de l’herbe pour les lapins, ramasser du bois et confectionner des fagots pour la cheminée.
Le salon de coiffure du Jeu de Ballon : un rêve devenu réalité
Après des études à l’institut Fénelon, le jeune homme se dirige vers la coiffure, tout simplement parce que le coiffeur Robert, sis rue de la Fontette, cherche un apprenti. Une opportunité à ne pas manquer. « Mes parents étaient très gentils, mais comme je ne voulais pas poursuivre mes études, je devais travailler. » Jean-Claude se passionne pour cette nouvelle activité et de salon en salon, il perfectionne son art. « Je rêvais d’ouvrir un salon sur le Jeu-de-Ballon. Pour moi, ce boulevard, c’était un peu les Champs-Élysées grassois », relate notre coiffeur en souriant. Un rêve qui deviendra réalité en 1972. Le salon de coiffure Jean-Claude ouvre alors ses portes. Elles se refermeront quarante-cinq ans plus tard !
Les armes du commissaire
Ce métier d’échanges et de contacts lui permettra fidéliser une clientèle éclectique. Jean-Claude privilégie la simplicité et, dans son salon, quel que soit le rang social du client, la convivialité prévaut. Le boulevard, alors en double sens, connaît une intense circulation. Les trottoirs sont étroits et régulièrement des accidents se produisent. Toute la journée, règne un brouhaha de klaxons, de bruits d’accélérateurs, de coups de freins et de disputes entre conducteurs. Des embouteillages monstres deviennent le lot quotidien, surtout lorsque deux camions se croisent. La clientèle de Jean-Claude est assidue et s’échelonne toute la semaine. « Je pouvais aussi bien coiffer un détenu libéré, qu’un avocat ou un procureur. Je me souviens aussi d’un commissaire de police dont le chauffeur déposait sur le fauteuil du salon des révolvers. Personne n’y prêtait attention, c’était une habitude, poursuit Jean-Claude. Lorsqu’un parfumeur prenait rendez-vous, je m’assurais qu’un de ses concurrents n’était pas programmé à la même heure. J’ai toujours voulu préserver la discrétion et le devoir de réserve ». À la retraite depuis quelque temps, l’ancien coiffeur s’adonne à sa passion pour les expositions de peinture, le cinéma et la lecture. Père de cinq enfants et grand-père de quatre petits enfants, il s’intéresse aussi à l’histoire de la ville des Parfums dont il connaît chaque endroit. Il reste un inconditionnel lecteur de l’énigme du jeudi et il s’avère impossible de le mettre en défaut ! La cité de Fragonard qu’il ne quitterait pour rien au monde, n’a plus aucun secret pour lui.