Nice-Matin (Cannes)

VTT « Trois fois, c’est dingue ! »

Loïc Bruni a gravé son nom un peu plus haut dans l’histoire du VTT en remportant dimanche son 3e titre de champion du monde de descente en Suisse. Historique !

- GREG GERMAIN (Photos Sebastian Schieck)

Trois jours après avoir décroché son troisième titre mondial en descente, le vététiste cagnois – qui compte désormais parmi les plus beaux palmarès de son sport – nous raconte son exploit, sensations et émotions à l’appui. La parole à Loïc Bruni.

Te voilà désormais détenteur de trois titres de champion du monde et l’un des  descendeur­s les plus titrés de l’histoire du VTT. Réalises-tu ?

A vrai dire, j’ai réalisé le lendemain. C’était déjà fou d’avoir réussi à égaler un gars comme Fabien Barel l’année dernière lorsque j’ai remporté mon deuxième titre, mais là, de l’avoir dépassé, ça me rend encore plus fier. Aujourd’hui, le cercle se referme encore un peu plus et il n’y a plus que des très grands noms : Nicolas Vouilloz, Greg Minnaar et Sam Hill... Ce n’est pas rien ! J’ai beaucoup de chance d’avoir rejoint ces légendes et d’avoir accompli cela avec toute mon équipe, bien que je n’ai que  ans. Franchemen­t, même si j’en ai souvent rêvé petit, je ne pensais pas pouvoir devenir champion du monde. Alors trois fois... C’est dingue ! Je me suis bien étonné sur ce coup, et je pense que j’ai bluffé mon père aussi.

Peux-tu nous raconter cette folle journée ?

En fait, c’est assez bizarre car tout s’est passé merveilleu­sement bien. Le vélo déchirait et marchait à merveille, la tenue défonçait, la piste me plaisait, les conditions météos étaient parfaites avec du soleil et de plus en plus de poussière comme dans le Sud. Les runs d’entraîneme­nt du matin se sont déroulés sans encombre alors qu’en général, avec la pression, tu peux faire une petite chute, casser un truc, douter... Mais là rien, tout allait pour le mieux. Il faut dire qu’on avait super bien bossé sur les lignes avec l’équipe, que le vélo préparé par Jacko était un avion de chasse, qu’on avait fait le job pour la récupérati­on, et que Laurent était là pour tout superviser et nous aider à garder la tête fraîche. A midi, on a mangé tous ensemble avec ma copine et mes parents, j’étais relax, on rigolait. Du coup, j’étais en confiance comme rarement et j’ai vraiment senti que j’étais capable de faire quelque chose de bien. Mais je savais aussi qu’il fallait que je fasse attention à cet état ; il ne fallait pas rouler trop confiant ni à outrance, au risque de faire des erreurs fatales. L’échauffeme­nt s’est bien passé, il faisait beau, il y avait du monde... Tous les voyants étaient au vert et m’envoyaient de bonnes ondes. Donc je suis parti pour un run où j’ai essayé de me maîtriser, contrairem­ent à certaines courses dans le passé où j’ai voulu être trop agressif et l’ai payé cher, et cette stratégie a payé !

Une fin de saison en apothéose après un début d’année qui avait très mal débuté avec un forfait et une grosse blessure... Comment as-tu inversé la tendance ?

C’est clair que j’aurais préféré que toute ma saison ressemble à cette fin de saison... L’excès de confiance dont on parlait juste avant m’a coûté un coude sur la première course de la saison en Croatie, puis je n’ai pas vraiment été aidé par la chance jusqu’à cet été. Heureuseme­nt, toute l’équipe n’a jamais arrêté de croire en moi. On a donc réussi à inverser la tendance et à retrouver le chemin de la gagne, avec une victoire en Coupe du monde au Canada en août et ce titre dimanche en Suisse.

En début d’année, tu avais annoncé comme objectif  de remporter le général de la Coupe du monde. A défaut d’y être parvenu, ce titre mondial fait-il ton bonheur ?

En effet, j’ai échoué bien comme il faut sur la Coupe du monde. J’ai terminé e mais ce n’est clairement pas l’objectif fixé. Cela dit, c’est clair que ce titre mondial contrebala­nce cet échec. C’est indéniable­ment un bel accompliss­ement et ça redonne beaucoup de valeur à cette saison  qui n’était pas très satisfaisa­nte jusque-là.

Cette victoire, c’est aussi celle d’une équipe...

Carrément. D’ailleurs, ça m’a mis une certaine pression, car tout le monde avait tellement bien fait son boulot (le teammanage­r, le coach physique, le coach mental, le mécano) que, en tant que dernière pièce du puzzle, j’avais peur de ne pas concrétise­r tout le travail accompli. Heureuseme­nt, je n’ai pas foiré. J’en profite pour les remercier vivement ainsi que tous les gens qui croient en moi et me soutiennen­t toute l’année : ma copine, ma famille, mes amis.

Du coup, de quoi rêve-t-on encore quand on est déjà triple-champion du monde à  ans ?

De plein de choses ! La vie est courte alors il faut en profiter. Il y a encore beaucoup de choses à faire dans le vélo comme dans la vie. J’aimerais bien me rapprocher de Nico (Vouilloz) au palmarès, la Coupe du monde me fait rêver, et puis emménager avec ma copine, voyager, profiter de la vie !

Enfin, peux-tu dire un petit mot sur tes deux compères azuréens, Loris Vergier et Thibaut Dapréla, qui ont brillé cette saison et ont échoué de peu sur ces Mondiaux (respective­ment e élite et junior à quelques dixièmes du podium) ?

Loris et Thibaut étaient prêts physiqueme­nt et techniquem­ent. Ils étaient super forts. Thibaut a été très costaud toute l’année (ndlr :  victoires en Coupe du monde junior ainsi que la re place au classement général), il a dû se mettre un poil la pression, c’est normal il est encore jeune, mais ce sont ses premiers Mondiaux, je suis sûr que ça va le faire à l’avenir, il n’y a aucun doute. Quant à Loris, on a partagé beaucoup de trucs ce weekend, c’était cool, et je dois dire qu’il était très fort, il a bien bossé cette année et il ne s’est pas éparpillé. Il était même en avance au e intermédia­ire dimanche, ça s’est joué à rien (ndlr : Loris termine e à seulement  dixièmes de Loïc)... Ca promet de beaux tirages de bourre dans les années à venir !

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