Viktor Orban peut dormir sur ses deux oreilles
voix pour, contre. Pour avoir « fait peser un risque grave de violation des valeurs fondatrices de l’Union », les députés européens réunis à Strasbourg ont cloué hier la Hongrie au pilori. La liste des griefs est longue comme le pont Széchenyi qui relie Buda à Pest : « indépendance de la justice », « corruption », « liberté de religion ». Si grave qu’ils ont activé l’article du Traité de l’Union. Une première dans l’histoire du Parlement. Considérée comme une « arme nucléaire », cette procédure peut en théorie, conduire à « la suspension du droit de vote au Conseil ». Mais la Hongrie ne sera jamais sanctionnée. Personne n’est dupe. Il faudrait une décision à l’unanimité des chefs d’État et de gouvernement composant le Conseil européen. Et Viktor Orban, Premier ministre magyar, compte suffisamment d’amis, anciens (à commencer par ses voisins polonais) et nouveaux (l’Italie de Matteo Salvini) pour savoir qu’il dispose d’une quasi-immunité. Il a tout de même dénoncé «une vengeance» ,des « forces pro-immigration qui nous menacent », crié au « chantage ». Effets de tribune. Ce vote envoie un triple signal aux électeurs du Vieux Continent. À huit mois des prochaines Européennes, le Parlement rappelle les valeurs qui lui sont chères. En gros, liberté, démocratie, égalité et état de droit. Deuxio, la droite se donne un fil rouge pour la campagne à venir : elle ne sera pas ultra-conservatrice. C’est elle qui a fait le vote d’hier. Le PPE (parti populaire européen) a clairement désavoué l’un des siens, même si ce lâchage n’a pas fait l’unanimité. Côté français, plusieurs députés comme Nadine Morano, ont affiché leur indéfectible soutien à Orban. Troisième enseignement : Emmanuel Macron n’est pas le seul en Europe à s’opposer aux dirigeants d’Europe centrale, arc-boutés sur leurs frontières nationales. En cette rentrée si compliquée pour l’exécutif, ce vote majoritaire au Parlement européen lui apporte une belle dose de baume au coeur.