Nice-Matin (Cannes)

LE CHÂTEAU DITER DÉSORMAIS SANS PERMIS

Le tribunal administra­tif vient d’invalider le dernier permis du palais grassois. Patrick Diter présentera un recours devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence le  octobre prochain.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le 15 octobre, Patrick Diter se présentera devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour tenter de sauver ce qu’il qualifie «d’oeuvre d’une vie». Un palais néo florentin de près de 3000 m2 qu’il a érigé

(1) sur une colline grassoise. Détail : le châtelain n’a quasiment jamais pensé à demander de permis de construire. Par phobie administra­tive sûrement. Le seul permis qui tenait encore vient d’être annulé - le 20 août dernier - par le tribunal administra­tif de Nice. Document déjà brinquebal­ant car jugé frauduleux par le tribunal correction­nel de Grasse, le 29 juin 2017. Rappelons que, ce jour-là, le juge avait ordonné ... la démolition pure et simple du palais. Mais aussi la remise en état des lieux tels qu’ils étaient en 2000, avant les travaux (2).

Au nez et à la barbe des autorités

Au tournant des années 2000, seule une bastide de 200 m2 occupait le terrain. Rien à voir avec le palace qui s’y dresse aujourd’hui, doté d’une orangeraie, de deux héliports, d’une galerie, d’un cloître et d’une piscine. Un palais construit au nez et à la barbe des autorités. «Cela fait dix ans que vous construise­z sans autorisati­on et tentez de régularise­r derrière », avait résumé le pré- sident du tribunal correc- tionnel, Alexandre Julien, en première instance. Tout est à l’avenant. En vue de relier une départemen­tale, un espace classé, boisé, gênait le percement d’une route, tracée sans autorisati­on ? Patrick Diter avait fait abattre les arbres. La jet set, qui loue l’endroit à prix d’or, y tient des fêtes pharaoniqu­es. Trop bruyantes au goût des riverains qui ont attaqué en justice. L’annulation au tribunal administra­tif de ce permis de régularisa­tion, délivré par la ville de Grasse en 2006, sonne donc comme une nouvelle victoire pour les riverains.

« Les constructi­ons sont illégales »

«Dans ce dossier, j’avais longuement expliqué que le permis obtenu sur la propriété Diter en 2006, le seul en cours de validité, était frauduleux», se félicite Me Virgine Lachaut Dana, avocate des riverains. «En juin, la justice pénale a dit qu’il était frauduleux. Res- tait au juge administra­tif à se prononcer au civil. C’est dé- sormais chose faite. M. Diter n’a plus aucune autorisati­on valable sur son terrain. D’un point de vue très objectif, plusieurs magistrats, de plusieurs formations, ont regardé le dossier et arrivent tous à la même conclusion : les constructi­ons sont illégales.» Dans ses attendus, le juge administra­tif va même plus loin : «Les requérants (...) apportent la preuve qu’ils subissent des nuisances sonores ainsi que des nuisances engendrées par la circulatio­n générée par l’activité exercée au sein du château, permise par l’extension autorisée par le permis contesté.» Contacté par nos soins, l’avocat de Patrick Diter, Me Alain Luciani, n’a pas fait suite à nos demandes de réaction. Nul doute que son client fera appel. « Un jour peut-être nous démolirons, mais une fois que toutes les voies de recours seront épuisées… », avait prévenu le conseil. L’affaire risque encore de durer. Pour l’instant, décision après décision, le rouleau compresseu­r de la justice écrase les arguments du châtelain. L’avenir du château Diter ne tient plus qu’à un fil. Celui d’une boule de démolition. 1. Contestée, l’estimation oscille entre 1 500 m2 et plus de 3 000 m2. 2. Il avait par ailleurs condamné Patrick Diter et sa fille Joy, gérante de la SCI, à 1,1 million d’euros d’amende au total. Tous deux avaient fait appel.

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En juin dernier, le tribunal correction­nel avait réclamé la démolition de ce palais néo florentin construit sans aucune autorisati­on à Grasse. La justice civile vient de mettre à terre le dernier permis de construire encore valable. (Photo capture écran Youtube)

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