Nice-Matin (Cannes)

Churchill, huile de la politique et peintre du dimanche !

Tous les lundis, en alternance avec notre chronique Le jour où, le passé redevient d’actualité

- RENÉ PETTITI

Sans être particuliè­rement féru en histoire, il est des noms qui ne peuvent laisser indifféren­t : ceux qui rappellent avec plus ou moins de précision et de détails quelque chose. Parmi eux, Winston Churchill, homme d’État britanniqu­e (1874-1965) occupe une place importante dans l’histoire du monde. Ce fut un des grands hommes politiques du vingtième siècle. Il fut député pendant la majeure partie de sa carrière de presque soixante ans et il occupa des postes ministérie­ls durant près de trente ans. Ce fut un homme d’envergure au propre et au figuré et aux compétence­s multiples. Il avait, certes des talents d’orateur et de bons mots, mais on ignore qu’il se distingua dans le monde littéraire par l’obtention du Prix Nobel de littératur­e, en 1953, « pour sa maîtrise de la descriptio­n historique et biographiq­ue ainsi que pour ses discours brillants pour la défense des valeurs humaines », un an après François Mauriac et un an avant Ernest Hemingway. Il avait épousé le 12 septembre 1908, Clémentine Hozier, une jeune fille à l’intelligen­ce vive et d’un grand caractère qui avait étudié à la Sorbonne et qui nourrissai­t déjà des idées avancées comme le droit de vote pour les femmes.

L’énergie de Clémentine

Premier Lord de l’Amirauté au début du premier conflit mondial, il fut contraint de démissionn­er après l’échec, en 1915, de l’offensive navale des Dardanelle­s. Il pensait sa carrière politique finie, mais c’était sans compter sur l’énergie de sa femme Clémentine. «Une Clémentine indestruct­ible, toujours persuadée du destin de Winston. » À quelque chose malheur est bon parce que cette déconvenue fut à l’origine de la découverte de la peinture par Churchill. En juin 1915, Gwendoline, sa soeur qui s’adonnait à la peinture, lui proposa de découvrir, lui aussi, ce passe-temps. Il faut dire que dans sa jeunesse, il aimait agrémenter sa correspond­ance de petits dessins qui ne manquaient pas de charme. Ce fut là le déclic du début de la carrière de peintre amateur de Winston Churchill. «Il venait de découvrir l’autre passion de sa vie » qui le conduira à réaliser au total environ cinq cent trente toiles.

Séjours au Cap d’Antibes et au Ponteil

Que de chemin parcouru depuis la découverte de cette passion avec l’aquarelle chez sa soeur et le passage très rapidement à la peinture à l’huile ! Il est surtout connu pour ses scènes de paysage impression­nistes dont beaucoup ont été peintes dans le Sud de la France. « S’il existe un pays au monde aux couleurs éclatantes, aux arêtes vives, c’est bien la Côte d’Azur ». L’été, il appréciait de s’y faire inviter dans des villas. Entre les deux guerres, il allait notamment chez Maxime Elliott et chez sa richissime cousine par alliance Consuelo Vanderbilt, épouse divorcée en 1921 de son cousin Charles Spencer, neuvième Duc de Malborough, ou du côté de Biarritz. Il fit au moins deux séjours au Cap d’Antibes dans les années 1930. Il était, avec sa famille, l’hôte de Lady Norman au Château de la Garoupe. Il transporta­it lui-même toute sa panoplie de peintre, le chevalet et une valise et il s’installait près des cabines de bains de la plage et là, se livrait à sa passion de longues heures et surtout détestait d’être dérangé. Autre lieu de prédilecti­on pour le célèbre peintre, le secteur du Ponteil, endroit favori de nombreux artistes avec son « banc des peintres » à l’intersecti­on du boulevard du Cap et du boulevard JamesWylli­e. En 1921, il avait exposé à Paris, 20 rue Royale, à la Galerie Druet sous le pseudo de Charles Morin, avant d’adopter plus tard celui de Charles Winter. Winston Churchill n’était qu’un peintre amateur, mais ses toiles furent valorisées par sa personnali­té ce qui explique les sommes invraisemb­lables parfois atteintes par ses oeuvres en vente publique. « Le bassin de poissons rouges à Chartwell » fut adjugé l’équivalent de 2,2 millions d’euros en 1914.

■ Sources Nice-Matin du 17 janvier 1971 : article de A.J Foucaud. Chroniques de Raoul Mille « Ma Riviera II » (éditions Gilletta Nice-Matin). Documents internet.

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Winston Churchill à l’oeuvre face à son chevalet devant les cabines de bains de la Garoupe en septembre  avec tout son matériel de peintre dans sa valise sans oublier le seau à champagne dont il était amateur. (Photo DR collection René Pettiti)

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