Nice-Matin (Cannes)

Le numerus clausus, c’est fini

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Même si la mesure semble spectacula­ire, elle était depuis longtemps attendue. « Le numerus clausus est une mauvaise chose, à tous points de vue, éthique en premier lieu, en précipitan­t vers l’échec des milliers d’étudiants chaque année », confirme le Pr Patrick Baqué, doyen de la faculté de médecine de Nice. Mais, surtout, il rappelle que ce concours était désormais contournab­le. «De plus en plus d’étudiants partent à l’étranger, parfois sans même avoir tenté de passer le concours en France. Et là, c’est une autre sélection, par l’argent cette fois : seules les familles qui le peuvent ont cette opportunit­é d’envoyer leur enfant étudier à l’étranger. » Pas de larmes donc à l’annonce de la mort du numerus clausus, mais une pluie de questions sans réponses aujourd’hui. «Le problème quantitati­f n’est pas le plus complexe. Il faudra réguler le nombre de médecins formés, on n’a pas le choix, si on ne veut pas qu’ils se retrouvent sans travail. Plus difficile est la réflexion à mener sur la formation. Jusque-là, c’était sur leurs connaissan­ces scientifiq­ues, leurs capacités cognitives que les étudiants étaient sélectionn­és. Pas sur les qualités humaines; c’est là que l’on doit avancer. » Quid de ce savoir-être, reconnu comme une qualité fondamenta­le dans l’exercice des profession­s de santé ? Les doyens de faculté de médecine disposent de très peu de temps pour s’organiser: « A priori, ce ne sera plus à la fin de la 1ere année, mais plutôt en fin de licence que la sélection se fera. Comment allons-nous faire pour dispenser des cours communs aux quelque 3000 étudiants en sciences et médecine, alors qu’à Nice nous faisons face à une situation complexe, faute de campus les rassemblan­t? Nous avons quelques mois pour décider. C’est court. » Les annonces sont aussi pourvoyeus­es d’inquiétude­s à court terme. Si pour les nouveaux bacheliers inscrits au PACES, il n’y aura d’autre choix que de passer ce fameux concoursco­uperet, on s’interroge aujourd’hui sur le sort des redoublant­s. À l’horizon 2020, certains se verront peutêtre signifier qu’il faut aller chercher bonheur ailleurs que dans la médecine. À une année près, c’est un tout autre sort qui aurait pu les attendre.

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