«Ces enfants sont des bombes à fragmentation »
Élise Boghossian, fondatrice de l’ONG EliseCare, lance un cri d’alarme sur le sort des orphelins victimes de Daech. Le Bal Meilland, ce samedi, permettra de financer un projet
Elle revient tout juste de l’un de ses nombreux séjours en Irak et retrouve, pour quelques jours, à Paris, sa famille et son cabinet d’acupuncture. Ce samedi soir, elle participera au premier et très glamour Bal Meilland, à l’hôtel Belles-Rives, à Juan-lesPins, qui réunira le monde des industries de la parfumerie et permettra de lever des fonds pour l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) qu’elle préside. Élise Boghossian court. Elle court après le temps… et l’argent. Celui qui nourrit les projets portés en Irak depuis 2002 par EliseCare : création de dispensaires et d’unités mobile, interventions psychothérapeutiques… Son dernier défi: créer un centre des survivants. Pour les plus faibles d’entre les faibles : les enfants. Les premières victimes de la folie de Daech.
Pourquoi ce centre des survivants ?
C’est une oeuvre immense mais primordiale. Vitale. Ce projet est né en Irak. Après la fuite de Daech, des milliers d’enfants et de femmes, orphelins et veuves des djihadistes ont été laissés pour compte. Dans la rue. Les premiers témoignages auprès des secours et des associations ont été effroyables : rapts, tortures, viols, esclavagisme… Mais, l’armée de libération du pays a considéré ces victimes comme des étrangers peut-être dangereux… Les haines intercommunautaires sont terrifiantes. Ils sont apatrides, n’ont plus d’identité. Alors, ces enfants, ces jeunes qui bientôt seront adultes, vivent dans la rue. Ils n’ont connu que la violence et la haine et peuvent, si rien n’est fait, devenir eux aussi, des extrémistes. Dans la rue, ils sont encore victimes d’abus ! Je dis qu’ils sont des bombes à fragmentation qui peuvent exploser à tout moment et perpétuer ce chaos qui nous concerne aussi, sur notre sol.
Comment leur tendre la main ?
Grâce à une aide de l’État français, nous avons déjà ouvert une unité près de Mossoul, où ces victimes, enfants et femmes, reçoivent des soins adaptés. Il y a aussi un énorme travail psychologique. C’est une prise en charge globale, avec d’autres associations sur le terrain, axée sur l’éducation. Nous sommes des tisseurs de liens. On ne peut pas, ici, soigner les blessures physiques et laisser repartir les gens. Vers où, d’ailleurs ? Il y a beaucoup d’orphelins. Tout ce qu’ils ont connu jusqu’ici est anormal. Toute une construction mentale est à faire. Dans un environnement « normal ».
Les moyens financiers attendus sont immenses…
(Soupir). Énormes. Les victimes affluent toujours. Depuis cet été, nous avons vu arriver plus de enfants et ados. On ne peut pas mettre ceux qui sont déjà là dehors ! Sur cinq ans, le projet prévoit l’agrandissement de ce site dédié aux enfants, la création de quatre nouveaux dispensaires (il en existe trois), à travers le pays et d’une unité mobile comme les six déjà créées et qui sillonnent le territoire. Elle sera dédiée aux enfants des rues.
Avec le Bal Meilland, on passe de l’horreur au glamour…
Pour moi, cette initiative, c’est le baume au coeur dont j’ai besoin ! Cela prouve avant tout, et c’est réconfortant, que des personnes issues de tous les horizons, peuvent se retrouver autour de la défense des plus faibles. La preuve que l’humanisme est notre bien commun. Ce bal en est le beau symbole. Je rends hommage à l’initiative de Marianne Estène-Chauvin (NDLR : présidente du groupe Belle-Rives et Juana) : une femme passionnée et qui partage. Pour faire un don : EliseCare 9 rue Ernest-Cresson 75014 Paris . 01.81.69.67.10 www.elisecare.org Bal Meilland : service commercial Hôtel Belles Rives, tél. 04.97.21.72.35 commercial@bellesrives.com Tél.