Nice-Matin (Cannes)

«Jejoue avec mon coeur »

Si Rivère et Fournier étaient partis...”

- VINCENT MENICHINI

En octobre, Dante aura  ans. De ce temps qui passe, il n’en fait pas un obstacle. Le capitaine brésilien devrait même prolonger le plaisir jusqu’en juin . En attendant, il s’est longuement confié, hier après le déjeuner. Cela a duré plus de quarante minutes. C’était passionnan­t, enrichissa­nt et clairvoyan­t. C’était du Dante !

Dante, votre prolongati­on de contrat est-elle actée ?

Tout le monde le souhaite, mais il y a encore des détails à régler. On est sur la bonne voie. Je me suis attaché à ce club, aux salariés, aux supporters. C’est pour ça que je joue avec mon coeur.

L’envie est encore là...

Bien sûr. Je ne suis pas venu à Nice pour le soleil et la belle vie. Le projet m’a plu, il me correspond toujours. Le sportif, il n’y a que ça qui m’anime. J’ai même plus faim que lorsque je suis arrivé.

Vous n’en faites pas qu’une affaire d’argent ?

Non, mais cela ne veut pas dire que ça ne m’intéresse pas. Je veux gagner de l’argent, c’est clair. Mais ce qui m’anime, c’est d’être épanoui sportiveme­nt. Si c’est le cas, l’argent, tu oublies. A l’inverse, si tu n’es pas bien dans ta tête, tu vas faire davantage de dépenses inutiles pour kiffer ailleurs que sur le terrain.

Vous pensez à l’après-foot...

Pas vraiment mais on a abordé le sujet avec les dirigeants. Je veux rester dans le foot, travailler. On verra si c’est entraîneur, ambassadeu­r ou être en mission en Amérique du Sud... Je parle plusieurs langues (français, espagnol, portugais, anglais, allemand, italien). Je peux représente­r le club dans beaucoup de pays...

La prolongati­on, elle sera d’un an ou deux ans ?

Si je pouvais, ce serait cinq ans (il se marre).

Vous auriez pu partir cet été ?

Il y a toujours des clubs qui se renseignen­t lors des mercatos. Mais, ici, tout est réuni pour que je m’épanouisse. Le club grandit, il est entre de bonnes mains. C’est si important...

Vous vous êtes posé des questions en fin de saison dernière ?

Oui, car on ne savait pas trop ce qui allait se passer, qui allait venir, qui allait rester. Il y avait des interrogat­ions, même si je n’étais pas au courant de tout. Il y a des gens importants dans ce club et, à mes yeux, il était essentiel qu’ils restent.

Vous pensez à qui ?

Le président (Jean-Pierre Rivère), Julien (Fournier, le directeur général, ndlr)... Ils m’ont fait confiance. S’ils étaient partis, ça n’aurait pas été un bon signal.

L’arrivée de Patrick Vieira a-t-elle eu un impact ?

Oui, car c’est un coach qui a une belle vision. Il est intelligen­t, a appris avec les meilleurs. Il n’y a pas de secret... Claude Puel, Lucien Favre et Patrick Vieira ont un point commun : cette envie de jouer. Je ne me voyais pas collaborer avec un entraîneur qui souhaite que je joue juste devant mon gardien.

C’est le plaisir, avant tout...

Attention, j’aime défendre, gagner des duels mais bien relancer, chercher des décalages, ça fait partie de mon boulot aussi. C’est beaucoup plus plaisant d’avoir la possession du ballon. Avec les années, j’ai compris que la passe, c’était aussi anticiper le déplacemen­t des attaquants adverses.

Est-ce plus sécurisant de jouer à trois défenseurs centraux comme c’est le cas depuis deux matchs ? (Direct) Non (il sourit).

Pourquoi ?

Tu penses vraiment qu’on joue à trois ? On a une ligne de trois, ok, on joue à trois centraux, ok, mais tu as vu où jouent les latéraux... Du coup, Christophe (Herelle) ou Malang (Sarr) doivent parfois défendre comme des joueurs de côté.

Vous dégagez plus de solidité avec Herelle et Sarr...

On est complément­aire. Herelle, c’est du costaud. Il est dur sur l’homme, prend tous les ballons de la tête. Il ne vient pas sur le terrain pour blaguer. Malang (Sarr) va vite, il a un bon pied. Je peux les guider, anticiper la profondeur si besoin. On parle beaucoup entre nous. Ils ont aussi le droit de m’engueuler parfois, si besoin (sourires).

Le jeu que préconise Vieira est plus risqué...

Oui et non... Ce serait aussi risqué de jouer avec une ligne de six. Car, on ne toucherait pas un ballon et au milieu il n’y aurait personne. On passerait notre temps à chercher de l’oxygène. Disons que c’est différent... Si on se rate dans le pressing, ça peut être un peu plus dangereux. Mais la façon dont on joue, ça me plaît. On agresse le porteur du ballon et basta ! Le gars est devant toi, il faut y aller, ne pas se poser de questions. Patrick demande plus de verticalit­é.

Cela peut aussi mal tourner, comme lors de la défaite contre Dijon...

Cela n’a rien à voir avec le système. Sur ce match, ça se joue dans les têtes. Après le deuxième but, on a coulé. Avant le -, il y avait du jeu, de l’engagement, c’était bien...

On peut mettre ça sur le compte de l’immaturité...

Oui... C’est pour ça que Nice doit s’appuyer sur deux ou trois joueurs d’expérience dans le onze pour encadrer les jeunes. A Madrid ou à Barcelone, la jeunesse a ses défauts, aussi.

Il ne faut jamais lâcher les jeunes ?

Non, jamais (il sourit). Ils sont différents, sont prêts physiqueme­nt très tôt aujourd’hui. Le football a beaucoup changé.

Ils gagnent beaucoup d’argent très rapidement...

Cela fait partie de l’évolution du foot. Je leur dis d’en profiter. Ce qu’ils touchent à,ans,jel’aieuà. (Photo Frantz Bouton)

Physiqueme­nt, vous sentez-vous aussi bien qu’il y a deux ans au moment de votre arrivée ?

Je me sens mieux, même... J’écoute davantage mon corps. J’ai eu une bascule à partir de  ans. Avant, j’en faisais trop et le week-end j’étais moins bien. Je me suis posé des questions, j’ai beaucoup échangé. Je ne rate jamais un entraîneme­nt, mais je me préserve davantage. Avant, je faisais des abdos, du gainage, des pompes. Désormais, je fais davantage d’étirements.

Vous faites attention à votre alimentati­on ?

Oui, je ne mange que deux fois par mois de la viande rouge. Le sucre, jamais le soir, le chocolat qu’à partir de % de cacao. Bon, il m’arrive de boire un petit verre de vin et de prendre un dessert. J’aime la vie. Le bien-être, c’est essentiel...

Comment voyez-vous la saison du Gym ?

On a des joueurs qui progressen­t bien. Un gars comme Wylan (Cyprien) est en train de devenir un leader. Depuis que je suis là, ça ne me dérange pas d’être pointé du doigt, avec Mario (Balotelli), quand ça va moins bien. C’est ça aussi d’être un cadre. Il ne faut surtout pas flancher quand ça va moins bien. Je suis prêt à jouer les paratonner­res pour les jeunes.

C’est possible de refaire le coup de  (e) ?

Tout est possible dans le foot, à condition d’y croire. Lors de la saison -, j’ai cru au titre, vraiment. Je travaille pour rêver. On a une équipe avec beaucoup de talent, mais on ne va pas commencer à regarder trop loin. On est en train de créer une base. C’est comme une armée : si elle n’est pas prête, elle ne peut pas aller à la guerre.

Qu’est-ce que ça change de jouer avec Yoan Cardinale ou Walter Benitez ?

Je suis très copain avec les deux. Yoan prend plus de risques dans le jeu au pied, Walter (Benitez) en impose dans les airs. Il a bossé, malgré le choix du coach de démarrer avec Yoan. Il n’a jamais traîné la patte. c’est un bel exemple.

Quelle image aviez-vous du joueur Patrick Vieira ?

Beaucoup d’admiration... A l’époque, je regardais les matchs d’Arsenal. Il jouait au milieu avec Gilberto Silva, qui est passé le voir la semaine dernière. Il y avait une sacrée équipe avec Henry, Kolo Touré, Bergkamp, Ljungberg, Pires, Campbell. Il a un palmarès immense.

Les jeunes le regardent-ils différemme­nt ?

Mais moi aussi... Il y a beaucoup de respect. Il a fait une carrière remarquabl­e. A côté de ça, il est abordable, à l’écoute, mais quand il prend une décision, il assume.

Quelle note vous attribuez à votre saison dernière ?

Six et la première année huit. La saison dernière, j’ai mal commencé. Mais le problème était collectif. On ne faisait pas les efforts les uns pour les autres. On forçait les choses. Malgré ce faux départ, on a remonté la pente. C’est dommage d’avoir raté l’Europe. Lors de la première saison, je me suis vraiment régalé. Avec Balotelli et Jallet Forfait contre Rennes, Mario Balotelli sera du déplacemen­t à Montpellie­r, demain. « Il est disponible, a dit Patrick Vieira, hier en conférence de presse. Il s’est entraîné toute la semaine avec la bonne attitude. »

Le onze probable : Benitez - Herelle, Dante (c), M. Sarr - Atal (ou Jallet), LeesMelou, Tameze, Cyprien, Boscagli - SaintMaxim­in, Balotelli.

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