Les probiotiques, une arme de choix contre le côlon irritable
Un nouveau probiotique testé auprès de 5000 patients, dans le cadre d’études cliniques, arrive sur le marché français. Au bénéfice de ceux qui souffrent de maladies chroniques de l’intestin
Esi l’avenir de la médecine se trouvait dans le microbiote ? En se penchant sur la flore intestinale, cet ensemble de bactéries vivant dans l’intestin, les chercheurs ont ouvert des perspectives nouvelles pour mieux comprendre et traiter toute une série de maladies plus ou moins graves. Le syndrome du côlon irritable en fait partie. Affection banale, très répandue, et à ce titre, souvent «négligée» par le corps médical, elle peut de l’avis même d’un des meilleurs spécialistes nationaux de ce syndrome, le Pr Xavier Hebuterne, chef du service de gastro-entérologie du CHU de Nice, constituer un authentique handicap au quotidien. « Ballonnements, diarrhées, constipation, douleurs abdominales, fatigue… certains patients ne peuvent plus travailler, ni même s’occuper de leurs enfants », signale-t-il, avant de faire un constat assez inquiétant concernant l’évolution de ce syndrome. « Résultante possible des évolutions du mode alimentaire, on constate un fort développement de cette maladie, avec des formes parfois extrêmement sévères. » Pourtant, les plaintes des patients restent souvent lettre morte. « Nous, médecins, avons été formés à associer des symptômes à la présence de lésions que l’on peut ensuite traiter. Dans le cas de ce syndrome, les bilans ne mettant en évidence aucune anomalie, on a tendance à conclure qu’il n’y a rien, et à renvoyer les patients chez eux. » Avec pour toute prescription des antispasmodiques, des antalgiques, ou encore des antidépresseurs. « Mais depuis quelques années, on cible aussi le microbiote intestinal, informe le spécialiste. On a en effet découvert que les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable ont un microbiote altéré, avec des espèces de bactéries prévalentes, ou au contraire réprimées : davantage d’E.Coli, de lactobacilles ou de bifidobactéries… » Ce type d’observations a conduit très vite à envisager des compléments alimentaires à base de probiotiques comme une prise en charge potentielle. Rappelons en effet que les probiotiques correspondent à de «bonnes bactéries vivantes » qui contribuent à l’équilibre microbien de notre flore intestinale.
À base de milliards de bactéries !
Plusieurs probiotiques, dont certains testés scientifiquement ont fait preuve de leur efficacité. Mais l’un en particulier suscitait l’intérêt du Pr Hébuterne, dans la mesure où ses effets bénéfiques sont étayés par de nombreuses études. «Quelque 22 études cliniques ont été conduites, incluant au total 5000 patients.» Un probiotique contenant 450 milliards de bactéries, soit beaucoup plus que les autres probiotiques sur le marché, et capable après 10 jours de cure d’amener l’équivalent de plus de 10 % de la flore intestinale ! «On avait besoin de traitements nouveaux et plus efficaces à proposer à nos patients. Beaucoup jusqu’à présent “se rendent ” sur Internet où l’on peut trouver tout et parfois n’importe quoi. Aussi sommes-nous contents de pouvoir les orienter vers un probiotique dont les effets ont été scientifiquement évalués. » Des recommandations facilitées par la commercialisation très récente de ce produit sur le marché français par les laboratoires Arkopharma (Arkobiotics Vivomixx).
La rectocolite hémorragique aussi
«À côté des patients souffrant du syndrome du côlon irritable, de façon aiguë ou chronique – soit environ 3 millions de personnes –, ces probiotiques pourraient aussi améliorer les symptômes des quelque 120 à 130 000 personnes affectées par une RCH (rectocolite hémorragique). Les études cliniques sur ces probiotiques ont en effet inclus des patients souffrant de cette autre maladie chronique intestinale. Avec des résultats très intéressants. » Ce nouveau probiotique devrait très prochainement faire l’objet d’une large étude clinique multicentrique
(incluant le CHU de Nice). «Nous allons évaluer chez les patients souffrant de RCH ses effets sur le niveau d’activité de la maladie et la durée de rémission », annonce le Pr Hébuterne. Avant de tempérer prudemment : « Bien sûr, et quels que soient les résultats obtenus, ce produit ne se substituera en aucune façon aux traitements de références. »