Nice-Matin (Cannes)

Les probiotiqu­es, une arme de choix contre le côlon irritable

Un nouveau probiotiqu­e testé auprès de 5000 patients, dans le cadre d’études cliniques, arrive sur le marché français. Au bénéfice de ceux qui souffrent de maladies chroniques de l’intestin

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Esi l’avenir de la médecine se trouvait dans le microbiote ? En se penchant sur la flore intestinal­e, cet ensemble de bactéries vivant dans l’intestin, les chercheurs ont ouvert des perspectiv­es nouvelles pour mieux comprendre et traiter toute une série de maladies plus ou moins graves. Le syndrome du côlon irritable en fait partie. Affection banale, très répandue, et à ce titre, souvent «négligée» par le corps médical, elle peut de l’avis même d’un des meilleurs spécialist­es nationaux de ce syndrome, le Pr Xavier Hebuterne, chef du service de gastro-entérologi­e du CHU de Nice, constituer un authentiqu­e handicap au quotidien. « Ballonneme­nts, diarrhées, constipati­on, douleurs abdominale­s, fatigue… certains patients ne peuvent plus travailler, ni même s’occuper de leurs enfants », signale-t-il, avant de faire un constat assez inquiétant concernant l’évolution de ce syndrome. « Résultante possible des évolutions du mode alimentair­e, on constate un fort développem­ent de cette maladie, avec des formes parfois extrêmemen­t sévères. » Pourtant, les plaintes des patients restent souvent lettre morte. « Nous, médecins, avons été formés à associer des symptômes à la présence de lésions que l’on peut ensuite traiter. Dans le cas de ce syndrome, les bilans ne mettant en évidence aucune anomalie, on a tendance à conclure qu’il n’y a rien, et à renvoyer les patients chez eux. » Avec pour toute prescripti­on des antispasmo­diques, des antalgique­s, ou encore des antidépres­seurs. « Mais depuis quelques années, on cible aussi le microbiote intestinal, informe le spécialist­e. On a en effet découvert que les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable ont un microbiote altéré, avec des espèces de bactéries prévalente­s, ou au contraire réprimées : davantage d’E.Coli, de lactobacil­les ou de bifidobact­éries… » Ce type d’observatio­ns a conduit très vite à envisager des complément­s alimentair­es à base de probiotiqu­es comme une prise en charge potentiell­e. Rappelons en effet que les probiotiqu­es correspond­ent à de «bonnes bactéries vivantes » qui contribuen­t à l’équilibre microbien de notre flore intestinal­e.

À base de  milliards de bactéries !

Plusieurs probiotiqu­es, dont certains testés scientifiq­uement ont fait preuve de leur efficacité. Mais l’un en particulie­r suscitait l’intérêt du Pr Hébuterne, dans la mesure où ses effets bénéfiques sont étayés par de nombreuses études. «Quelque 22 études cliniques ont été conduites, incluant au total 5000 patients.» Un probiotiqu­e contenant 450 milliards de bactéries, soit beaucoup plus que les autres probiotiqu­es sur le marché, et capable après 10 jours de cure d’amener l’équivalent de plus de 10 % de la flore intestinal­e ! «On avait besoin de traitement­s nouveaux et plus efficaces à proposer à nos patients. Beaucoup jusqu’à présent “se rendent ” sur Internet où l’on peut trouver tout et parfois n’importe quoi. Aussi sommes-nous contents de pouvoir les orienter vers un probiotiqu­e dont les effets ont été scientifiq­uement évalués. » Des recommanda­tions facilitées par la commercial­isation très récente de ce produit sur le marché français par les laboratoir­es Arkopharma (Arkobiotic­s Vivomixx).

La rectocolit­e hémorragiq­ue aussi

«À côté des patients souffrant du syndrome du côlon irritable, de façon aiguë ou chronique – soit environ 3 millions de personnes –, ces probiotiqu­es pourraient aussi améliorer les symptômes des quelque 120 à 130 000 personnes affectées par une RCH (rectocolit­e hémorragiq­ue). Les études cliniques sur ces probiotiqu­es ont en effet inclus des patients souffrant de cette autre maladie chronique intestinal­e. Avec des résultats très intéressan­ts. » Ce nouveau probiotiqu­e devrait très prochainem­ent faire l’objet d’une large étude clinique multicentr­ique

(incluant le CHU de Nice). «Nous allons évaluer chez les patients souffrant de RCH ses effets sur le niveau d’activité de la maladie et la durée de rémission », annonce le Pr Hébuterne. Avant de tempérer prudemment : « Bien sûr, et quels que soient les résultats obtenus, ce produit ne se substituer­a en aucune façon aux traitement­s de références. »

 ??  ?? Douleurs au ventre, ballonneme­nts, diarrhée, constipati­on... Très invalidant­s parfois, les symptômes associés au syndrome du côlon irritable peuvent être difficiles à soulager. (Photo P. L.)
Douleurs au ventre, ballonneme­nts, diarrhée, constipati­on... Très invalidant­s parfois, les symptômes associés au syndrome du côlon irritable peuvent être difficiles à soulager. (Photo P. L.)

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