Nice-Matin (Cannes)

En trompe-l’oeil

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr DENIS JEAMBAR

« Il est rare que les grandes annonces macro-économique­s de ce type se traduisent dans le quotidien des consommate­urs, sinon à la marge. »

Le gouverneme­nt a bien retenu la leçon des sondages ces temps-ci : le pouvoir d’achat est devenu la préoccupat­ion première des Français. On peut les comprendre : en , il n’avait en moyenne progressé que de , % puis, au premier trimestre de cette année, il a chuté de , %. Parmi les premiers touchés, on le sait, les retraités qui devront d’ailleurs continuer à se serrer la ceinture puisque la revalorisa­tion du régime de base sera de , % en  et , bien moins que l’inflation supérieure à , %. Quant aux retraites complément­aires, elles ne suivent pas non plus la hausse des prix : leur actualisat­ion en novembre ne devrait pas dépasser les , %. Depuis la présentati­on, hier en Conseil des ministres, du budget de la France pour , le pouvoir a donc son mantra : « Nous donnerons  milliards d’euros de pouvoir d’achat supplément­aire aux Français en . » Ce message va être tambouriné aux

oreilles courir tous. Non un de risque sans politique. Tous les experts sont d’accord sur un point : ce chiffre est habilement gonflé car il cumule des mesures déjà prises en . Il serait donc plus juste, semble-t-il, de parler de , milliards dont la distributi­on sera, en outre, inégale. Par ailleurs, il est rare que les grandes annonces macro-économique­s de ce type se traduisent dans le quotidien des consommate­urs, sinon à la marge. De la même manière, les promesses sur la non-augmentati­on des impôts ne trompent plus personne. Tout le monde sait que le pouvoir joue alors avec des taxes qui plombent souvent le pouvoir d’achat. Par exemple, l’augmentati­on programmée des taxes sur le litre d’essence de  centimes ( centimes pour le diesel) par an jusqu’en  fera mal à bien des portefeuil­les. Et donc obscurcira les grandes déclaratio­ns du gouverneme­nt sur son « cadeau » de  milliards. Le message sera donc difficile à imposer. D’autant que ce budget ne s’attaque pas de front à l’essentiel : la réforme de l’Etat, la diminution des dépenses publiques structurel­les et la réduction de la dette. C’est d’ailleurs le reproche que le Haut Conseil des finances publiques, chargé d’examiner le réalisme et la fiabilité du projet de budget, a adressé au gouverneme­nt. Sa conclusion est édifiante : « Le déficit reste à un niveau élevé » et le poids de la dette n’est pas réduit «àla différence de la quasi-totalité des autres pays européens ».

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France