En trompe-l’oeil
« Il est rare que les grandes annonces macro-économiques de ce type se traduisent dans le quotidien des consommateurs, sinon à la marge. »
Le gouvernement a bien retenu la leçon des sondages ces temps-ci : le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation première des Français. On peut les comprendre : en , il n’avait en moyenne progressé que de , % puis, au premier trimestre de cette année, il a chuté de , %. Parmi les premiers touchés, on le sait, les retraités qui devront d’ailleurs continuer à se serrer la ceinture puisque la revalorisation du régime de base sera de , % en et , bien moins que l’inflation supérieure à , %. Quant aux retraites complémentaires, elles ne suivent pas non plus la hausse des prix : leur actualisation en novembre ne devrait pas dépasser les , %. Depuis la présentation, hier en Conseil des ministres, du budget de la France pour , le pouvoir a donc son mantra : « Nous donnerons milliards d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire aux Français en . » Ce message va être tambouriné aux
oreilles courir tous. Non un de risque sans politique. Tous les experts sont d’accord sur un point : ce chiffre est habilement gonflé car il cumule des mesures déjà prises en . Il serait donc plus juste, semble-t-il, de parler de , milliards dont la distribution sera, en outre, inégale. Par ailleurs, il est rare que les grandes annonces macro-économiques de ce type se traduisent dans le quotidien des consommateurs, sinon à la marge. De la même manière, les promesses sur la non-augmentation des impôts ne trompent plus personne. Tout le monde sait que le pouvoir joue alors avec des taxes qui plombent souvent le pouvoir d’achat. Par exemple, l’augmentation programmée des taxes sur le litre d’essence de centimes ( centimes pour le diesel) par an jusqu’en fera mal à bien des portefeuilles. Et donc obscurcira les grandes déclarations du gouvernement sur son « cadeau » de milliards. Le message sera donc difficile à imposer. D’autant que ce budget ne s’attaque pas de front à l’essentiel : la réforme de l’Etat, la diminution des dépenses publiques structurelles et la réduction de la dette. C’est d’ailleurs le reproche que le Haut Conseil des finances publiques, chargé d’examiner le réalisme et la fiabilité du projet de budget, a adressé au gouvernement. Sa conclusion est édifiante : « Le déficit reste à un niveau élevé » et le poids de la dette n’est pas réduit «àla différence de la quasi-totalité des autres pays européens ».