Nice-Matin (Cannes)

«Qu’on comprenne que ça suffit !»

- G. L.

Fréquenter un tribunal, c’est s’habituer à voir, de temps en temps, une fondation, une associatio­n, sur le banc des parties civiles. Une, deux, trois tout au plus, dans les grands procès, lorsqu’une affaire touche un enfant maltraité. Elles viennent alors appuyer l’action publique, soutenir l’enfant. Cela arrive parfois aussi pour les femmes battues. Pas souvent. Hier, à l’audience, ce ne sont pourtant pas moins de sept associatio­ns ou fondations qui étaient parties civiles dans le procès du tueur du chien. Disproport­ionné ? Le procureur de la République, Marie-Nina Valli, saluant toutefois leur travail, l’a sous-entendu. « Cette affaire a suscité énormément d’émotion. Mais elle doit être jugée de manière sereine, paisible, impartiale et individual­isée.» Jetant un oeil sur le banc fourni des parties civiles, elle lance : «Jeme permets de rappeler que seule Au service des animaux 06 a géré l’animal, a déposé plainte, et s’est occupée de l’autopsie. Sa présence est naturelle. Attention, on ne peut pas venir à cent sur un individu qui n’a pas d’assise financière importante, pour recevoir des dommages et intérêts. »

« Il a prémédité son acte » Me Nathalie Ruiz, pour Au service des animaux 06, note que ce chien « était déjà un animal en souffrance, errant. Il est temps qu’on comprenne que ça suffit ! Un animal, soit on veut de lui soit on ne le prend pas. Ne pas le sortir pour faire ses besoins c’est une maltraitan­ce en soi. Ce monsieur aurait mieux fait de le laisser à une associatio­n ! » Me Mouna Jemali, pour la Fondation Bardot, assène : « Quand il se présente devant vous, il a l’air fébrile, fragile. Sauf qu’il a pris le temps de réfléchir. Il a été cruel, a prémédité son acte. Si cela avait été un homme nous serions aux assises. Les médicament­s et l’alcool ne sont pas des excuses, mais des circonstan­ces aggravante­s. » Même mots, durs, dans la bouche de Me Maryse Bierna, pour les fondations 30 millions d’amis et Assistance aux animaux : «Quand il descend à la cave, de sang-froid, il sait très bien qu’il va tuer l’animal.» Toutes les associatio­ns ont réclamé des dommages et intérêts, pour plusieurs milliers d’euros. Me Patrice Grillon, du barreau de Paris, avocat de la Société nationale pour la défense des animaux et pour l’associatio­n Stéphane-Lamart, militant pour une peine importante, se fait désabusé : «Autant on peut changer un certain nombre de choses sur le plan juridique, autant le coeur des hommes on ne pourra jamais le changer.»

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(Photo G. L.) Près de sept associatio­ns étaient parties civiles dans ce procès.

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