Nice-Matin (Cannes)

L’Ukraine, ça craint

- PH. D.

DONBASS

De Sergei Loznitsa (Ukraine). Avec Boris Kamorzin, Valeriu Andriutã, Tamara Yatsenko. Durée :  h . Genre : guerre. Notre avis : ★★★

L’histoire

Dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine, une guerre hybride mêle conflit armé ouvert, crimes et saccages perpétrés par des gangs séparatist­es...

Notre avis

Après Une femme douce, voyage cauchemard­esque dans la Russie profonde, Sergei Loznitsa nous embarque cette fois pour le Donbass, région d’Ukraine, où la guerre civile fait rage depuis 2014, entre l’armée régulière et les milices séparatist­es soutenues par la Russie. En treize séquences, inspirées d’événements réels et filmées de manière presque documentai­re, le réalisateu­r ukrainien montre l’absurdité et la violence du conflit, mais aussi la misère et l’humiliatio­n qu’il génère pour la population, dans un pays livré aux milices et aux gangs, qui pratiquent le racket à grande échelle pour financer l’effort de guerre. Au-delà de la reconstitu­tion d’un quotidien cauchemard­esque (déjà montré dans le formidable documentai­re d’Anne-Laure Bonnel, Donbass, la guerre oubliée), ce qui intéresse le réalisateu­r de My Joy, c’est « le type d’êtres humains engendré par une société dans laquelle l’agressivit­é, le déclin et la désagrégat­ion sont les maîtres » (sic). Et on peut dire qu’il en montre ici un panel particuliè­rement représenta­tif ! Avec des acteurs aux gueules incroyable­s et à la présence physique impression­nante, un dispositif alternant plans fixes et plans séquences filmés caméra à l’épaule, le film illustre le dicton qui veut que l’histoire se répète : la première fois sous la forme d’une tragédie, la seconde d’une farce… Prix de la mise en scène au Festival de Cannes où le film a été présenté dans la section Un certain regard.

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