Le sable perd du terrain
Baigneurs et plagistes ont constaté cet été une forte érosion de la bande de sable sur les plages du Midi. Plus forte que sur la Croisette. Les deux ont pourtant bénéficié d’un réengraissement
C’est une problématique vieille comme le monde. Au moins depuis l’émergence des stations balnéaires sur la Côte dans les années 30. Et si la nature apportait jusqu’ici périodiquement son lot de sable « frais », il semble que les aléas climatiques de ces derniers mois aient méchamment contrecarré les ambitions d’activités des bains de mer du public et des exploitants
‘‘ de plages privées. Un véritable enfer digne du tonneau des Danaïdes. À tout le moins, si l’on se con- tente d’écouter certains riverains, amoureux transis de leurs « vraies plages » du Midi. Ils s’en sont émus en manifestant inquiétudes et incompréhension : « Pourquoi seules les plages de la Croisette ont eu droit à un réensablement d’envergure ! Face à Jean-Hibert, on s’est retrouvé cet été avec une bande de sable ridicule ! », s’emporte un ancien sur notre passage questionné à ce sujet. Info ou intox ? Pour en avoir le coeur net, nous sommes allés sur place avec un mètre en main. Le constat est imparable. La perte de surface de sable sur la bande littorale est bien moindre que les saisons précédentes. Presque 5 mètres linéaires ! (lire ci-dessous). Mais quelques précisions s’imposent, avant de jeter l’opprobre sur des services techniques de la Ville de Cannes qui s’échinent à intervenir régulièrement, à bon escient sur les zones les plus impactées, avec, parallèlement, un travail pour trouver ses solutions pérennes. Thierry Migoule, le directeur général des services de Cannes, apporte un éclairage intéressant sur la question : « En fait, je crois qu’il faut remettre les choses dans l’ordre. Le dernier réensablement de la Croisette, plage artificielle créée en 1964, en même temps que le port Canto, était prévu de longue date. Une autorisation de l’État, sous le dernier mandat, avait permis de poser des boudins géotextiles pour couper la houle. La 2e phase de protection consistait à agrandir les plages de la Croisette car le sable partait trop rapidement. Le processus consistait à faire évoluer la largeur des plages, pour qu’elles passent à 40 mètres ». C’est 80 000 m3 de sable qui ont été apportés cet hiver. L’hiver prochain, 15 000 m3 viendront en complément. Montant de l’opération : 10M €. La partie de sable au droit des établissements privés sera prise en charge par les exploitants dans le cadre de la redevance et de droit d’entrée à payer lors du sous-traité fixé. Pour les plages du Midi, le problème est différent, précise Thierry Migoule. « D’abord, l’hiver passé a été particulièrement rigoureux, avec de fortes houles. Et, comme chaque année, nous avons rajouté là aussi du sable. Au mois de juin, avant la saison. Ce sont 6500 tonnes qui ont été apportées, comme habituellement. Mais du fait de ces coups de mer violents et répétitifs, nous avons décidé de rajouter 2 300 tonnes. » Cela a permis de gagner entre 3 et 5 mètres de largeur de plage selon les secteurs. Sachant qu’entre Jean-Hibert et le bd du Midi jusqu’à Mandelieu, la découpe de la côte n’a rien de comparable.
Deux apports de sable successifs effectués” Thierry Migoule, directeur général des services de la Ville de Cannes