Nice-Matin (Cannes)

Les Bleus pas conviés

Pour la première fois de l’histoire de la Ryder Cup, le pays hôte n’est pas représenté au sein de l’équipe européenne. Une absence qui fait débat

- FABIEN PIGALLE À GUYANCOURT

Présents au Golf National pour couvrir la 42e Ryder Cup de l’histoire, les médias du monde entier - enfin surtout les Britanniqu­es - cherchent à savoir pourquoi la France n’a pas réussi à qualifier un joueur dans l’équipe européenne. Première fois de l’histoire que le pays hôte se retrouve hors concours. « En même temps, il ne s’est disputé qu’une seule fois en dehors des îles britanniqu­es, c’était en Espagne », tempère Alexander Levy. Le Varois, n°1 Français, était l’une des meilleures chances d’avoir un représenta­nt. Son succès au Maroc le 22 avril, le cinquième en quatre ans, avait fait naître de grands espoirs. « Jusqu’à l’US PGA, j’avais de bonnes chances, je parlais bien avec Thomas Bjorn (le capitaine de l’équipe européenne), nous confie-t-il. J’ai joué avec lui en Allemagne et il m’a fait sentir qu’il souhaitait avoir un Français dans l’équipe à Paris. Il me soutenait clairement. Je l’ai remercié d’avoir toujours été là pour m’encourager. Après l’USPGA, je savais que c’était mort car je n’avais pas réussi à performer sur un gros tournoi. C’est comme ça…» , regrette-t-il. Une grosse perf’, sur les gros tournois. Voilà ce qui a manqué à l’Azuréen pour entrer dans une nouvelle dimension. A l’étage supérieur du golf mondial, aux côtés des 24 meilleurs joueurs de la planète (les 12 meilleurs européens affrontero­nt les 12 meilleurs américains à partir de demain devant près de 60 000 spectateur­s). Pourtant, Levy s’est donné les moyens d’y parvenir en s’offrant notamment les services d’un top coach (Pete Cowen). Pas suffisant. « Ce n’est pas passé cette fois. Ça passera la prochaine fois, ou peut-être jamais, on ne sait pas. Mais il faut continuer et y croire. Nous sommes une nation qui va grandir ». En ce qui le concerne, c’est sur le plan mental que les choses ne se sont pas passées comme prévu. « Jesais que je dois faire mieux, admet-il. Mais c’est vraiment difficile de se faire aider sur ce point. Parce que c’est quelque chose de très personnel. Tous les sportifs ont leurs qualités et leurs défauts. Dans une carrière on évolue, il y a des choses qui changent. Mais moi, ce sont les mêmes maux qui reviennent. Mais ça viendra. Je veux finir cette saison comme je l’ai commencée, et nous ferons un bilan. On ne va pas brûler les étapes, s’alarmer ou aller plus vite que la musique. Il y a eu un échec, il faut tirer un trait...» Ne pas s’alarmer. C’est peut-être bien le mot d’ordre. Levy toujours : « C’est frustrant pour tout le monde. C’est facile de jeter la pierre sur untel ou untel. Mais on est jeune à tous les niveaux. Que ce soit les joueurs, ou dans la manière d’appréhende­r le golf à l’échelle nationale. L’expérience accumulée nous servira à l’avenir ». L’avenir, il en est beaucoup question quand on évoque l’autre grand absent : Victor Dubuisson. Le Cannois, blessé au tympan, opéré, et forfait jusqu’à la fin de l’année avec en poche une exemption médicale, est le dernier joueur français en activité à avoir disputé une Ryder Cup. C’était en 2014 à Gleneagles (Ecosse) et il l’avait emporté. Les médias britanniqu­es sont sous le charme du joueur talentueux, personnage absent de la sphère golfique depuis trop longtemps à leurs yeux. Ils n’ont cessé de prendre des nouvelles et obtenir des infos quant à sa date de réappariti­on. Il faut dire que jamais un Français n’était allé aussi haut dans le classement mondial (15e). En convalesce­nce, l’Azuréen pointe aujourd’hui au 226e rang et pourrait bien reprendre l’entraîneme­nt à la fin de l’année pour revenir dans la place en 2019. « Avec Victor, j’ai appris à être prudent, calme Patrice Barquez, responsabl­e des pros depuis plus d’un an à la Fédération française de golf et agent de Dubuisson à ses débuts. Il peut en très peu de temps claquer n’importe quel tournoi. Il sait cibler les rendez-vous important et connait parfaiteme­nt le classement mondial et son règlement. Qu’il n’y ait pas de Français, c’est quand même énervant. Mais ce n’est pas un échec quand on sait que gagner des tournois ne suffit pas pour être un joueur de Ryder Cup. Il faut gagner les bons. Il faut vraiment se rendre contre de la performanc­e réalisée par Jean Van de Velde, Thomas Levet et Victor Dubuisson. ça demande une régularité folle sur une saison. » Du reste, selon Barquez, la relève tricolore tarde à éclore : « Ce n’est pas juste un claquement de doigts. Alors oui, c’est frustrant, mais il faut aussi un peu de chance et un bon alignement des planètes pour arriver en Ryder Cup. Mais pour le futur, je suis inquiet car je ne vois pas la relève arriver ». Heureuseme­nt, la Ryder Cup se dispute tous les deux ans. De quoi espérer un bon alignement des planètes, et de la chance. Celle qui sourrit aux travailleu­rs.

Nous sommes une nation qui va grandir ”

Il faut un peu de chance et un bon alignement des planètes ”

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(Photos AFP) Victor Dubuisson sur le parcours de Gleneagles en Ecosse. C’était en  avec un succès au bout de l’histoire.

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