Nice-Matin (Cannes)

« Je voulais juste

Revenu de nulle part, Christophe Jallet fait partie des cadres de Patrick Vieira. Entretien...

- VINCENT MENICHINI

Il a failli dire stop. C’était à la veille de la reprise de l’entraîneme­nt, en juillet dernier. Son genou opéré début  ne lui foutait pas la paix. Christophe Jallet n’a pas lâché, malgré les souffrance­s physiques et mentales. A  ans, il régale encore, comme à Nantes. Hier, au centre d’entraîneme­nt, il s’est posé pour raconter son parcours du combattant. Une leçon de vie.

Votre première saison ne s’est pas déroulée comme vous l’espériez. Que reste-t-il ?

De la frustratio­n… Les blessures font partie du métier, mais je n’avais jamais été confronté à un tel truc. Cela m’est arrivé à un âge avancé ( ans). Je me demandais si j’allais rejouer un jour... Mentalemen­t, c’était épuisant.

Avez-vous déprimé ?

Non, mais je me suis fait opérer du genou dans l’espoir de jouer de la Coupe du monde. Au final, je chope un staphyloco­que, je repasse sur le billard. Il y a eu deux fois plus de traitement, de soins, etc. Pour tout récupérer, c’était une longue course contre la montre. Je tire un grand coup de chapeau à ma chérie et à mes deux filles pour m’avoir supporté. En mai, je reprends la course mais je n’avais pas encore retrouvé toute la flexibilit­é de ma jambe, j’avais mal au dos, de partout. Je suis parti en vacances abîmé et quand je suis revenu j’ai rapidement senti que ça n’allait pas le faire.

A quoi vous êtes-vous accroché ?

A mes proches… Mieux vaut ne pas être seul dans ces moments-là. Le staff médical du club m’a soutenu quand je n’y croyais plus trop. Delphine (l’une des kinés, ndlr) a fait un gros travail mental. En étant inactif, j’avais perdu du muscle. Je suis super anxieux, je me bouffais tous les ongles, je ne mangeais plus… Je passais ma vie à faire des soins, au club, à la maison. C’est comme si j’étais à l’hôpital.

Avez-vous songé à prendre votre retraite ?

Oui, la veille de la reprise. C’était le baptême de ma fille et j’avais dit à la famille et aux amis que ça sentait mauvais. Je devais reprendre le lendemain et les douleurs étaient encore présentes. Je ne me voyais pas continuer dans les mêmes conditions que les six derniers mois. Mentalemen­t, c’était trop dur. Tout au long de ma carrière, je me suis accroché. Au final, je suis récompensé…

Tout va bien aujourd’hui ?

Oui, très bien. Touchons du bois... Pourvu que ça dure !

A quel moment vous êtes-vous dit : “c’est reparti !”?

On a joué un match amical contre Brighton (en août). J’ai disputé vingt minutes. C’était très dur physiqueme­nt… A partir de là, j’ai enchaîné les entraîneme­nts. Votre grand retour, c’est lors de la victoire à Lyon… Là-bas, j’ai tout donné. On était en difficulté, le scénario du match fait que tu ne veux pas être le maillon faible de l’équipe. On s’est sorti les tripes, tous. Peu importe si je n’avais pas joué depuis sept mois. Après coup, tu te remémores toutes ces périodes de galère, tu regardes ton genou et tu lui dis : “Putain, espèce d’enfoiré, tu m’en as fait baver mais j’ai eu ta peau !”

Lucien Favre ?

Un très bon entraîneur. Il m’a rapidement fait penser à Christian Gourcuff que j’ai eu à Lorient. En fait, ce sont les mêmes. Ce n’est pas étonnant qu’ils soient très proches. Je ne lui souhaite que du bon avec Dortmund. Cette semaine, ils ont battu Nuremberg -, ça ne m’étonne pas.

Patrick Vieira ?

Il y a un très bon feeling avec tout le groupe. Il est dans la « positive attitude ». Il a instauré des règles, tout le monde s’y tient. Cela va nous forger un état d’esprit. C’est une autre méthode de travail. Tout le monde est satisfait de son coaching. Malgré notre mauvais début de saison, il a toujours voulu qu’on garde la tête haute.

Ce match contre Paris, vous le voyez comment ?

Il va falloir respecter le plan de jeu du coach. A Nantes, par exemple, il avait prédit que ça allait se passer comme ça. C’est super rassurant pour un groupe. On joue Paris qui reste sur sept victoires d’affilée. C’est très compliqué de prendre des points contre eux. Mais il faudra jouer libéré, on n’a rien à perdre. Ce serait génial de les battre. Ce sera très compliqué, il n’y a rien qui passe en L avec eux.

Pourquoi c’est si difficile d’exister contre le PSG?

La qualité individuel­le des joueurs est au-dessus de ce qui se fait en Ligue , à chaque poste. C’est le premier point. Ensuite, il y a une crainte qui s’est instaurée. La peur fait que les équipes reculent et leur laissent plus la possibilit­é de jouer. Je pense qu’aller les agresser davantage, ça les changerait. Liverpool leur a mis un pressing de folie, mais Liverpool, ce n’est pas le niveau moyen d’une équipe de L. Il faut jouer son jeu. Les attendre ? Quand tu les attends, tu prends un but et après tu fais quoi ? Tu les presses pour revenir ? Ça revient au même à l’arrivée, alors autant commencer par ça. De toute façon, on n’a aucune chance en les regardant.

Il y a vraiment du talent dans cette équipe niçoise ?

Oui, de la fougue, de grands joueurs en devenir… Il va juste falloir être plus régulier.

Vous pensez à un garçon comme Allan Saint-Maximin…

Il a des hauts et des bas. Ce qu’il fait, très peu de joueurs peuvent le faire. Je crois vraiment en lui. Le coach lui a fait prendre conscience de plein de choses, déjà. On est tous là pour l’aider, on a besoin de lui.

Vous avez joué avec Zlatan Ibrahimovi­c à Paris, avec Mario Balotelli à Nice. C’est le même style de joueurs ?

Ils ont du caractère, de l’ego et du talent, cette soif de gagner, de marquer. Ce sont deux joueurs qui voient le jeu avant. Mario n’est pas qu’un finisseur. Zlatan n’était pas casse-c… Il était très exigeant avec les autres, mais également avec lui-même.

Comment trouvez-vous Mario en ce moment ?

Il a envie de revenir à son niveau. Il va se donner les moyens d’y parvenir. Sa préparatio­n physique a été tronquée pour lui, mais c’est un joueur de grande classe, il sait qu’on a besoin de lui.

La concurrenc­e avec Youcef Atal…

Je l’avais repéré lors de son premier match avec l’équipe d’Algérie. J’ai le souvenir d’un joueur qui avait un gaz incroyable. Quand il a débarqué à Nice, je l’ai reconnu direct. Il a un truc dans la percussion, il est très tonique, il déborde d’énergie.

Putain, j’ai eu ta peau !”

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? Après des mois à soigner son genou, Christophe Jallet a retrouvé les terrains de Ligue , et le sourire.
(Photo Frantz Bouton) Après des mois à soigner son genou, Christophe Jallet a retrouvé les terrains de Ligue , et le sourire.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France