Mikhaïl Rudy exalte Chagall
Le pianiste russe propose un récital original conçu autour de l’oeuvre du peintre. Il joue ce soir en la cathédrale d’Antibes pour clore le Festival d’art sacré
Quarante ans sont passés depuis que le pianiste Mikhaïl Rudy a été accueilli en France. Le célèbre virtuose d’origine russe sera ce soir à 21 heures pour la soirée de clôture du Festival d’art sacré. Avec toujours la même passion, la même créativité et la même soif artistique chevillées au corps, il consacrera son récital à un projet original qu’il a conçu sur l’oeuvre de Marc Chagall réalisée sur le plafond de l’Opéra Garnier. Dans le prolongement d’un court-métrage dédié, il engage un dialogue entre peinture et musique, une conversation poétique et sensorielle portée par l’irrésistible conviction et la délicatesse de son jeu. Il nous parle de cette expérience intense qu’il transposera ce soir au concert en jouant sur les images projetées dans le choeur de la cathédrale d’Antibes.
Pourquoi Marc Chagall ?
J’ai eu la chance de le connaître dans les dernières années de sa vie. J’ai joué avec Isaac Stern et Mstislav Rostropovitch le triple concerto de Beethoven à l’occasion de l’anniversaire de ses ans le juillet à Nice. Ce fut un moment très fort pour moi car c’était mon premier concert en Occident, une sorte de bienvenue. Par la suite il m’a souvent invité à jouer dans l’auditorium de son musée du Message Biblique. Après sa disparition, je suis resté en contact avec sa famille.
En quoi sa peinture est-elle musicale et sacrée ?
Pour Chagall, la peinture, la musique et la poésie engendrent les mêmes émotions sous des formes différentes. Il aurait pu être poète ou musicien. Dans sa peinture il y a un rythme, une musicalité. Les trois axes de sa pensée étaient l’Amour, la Bible et… Mozart. Chagall ne peignait qu’en écoutant de la musique classique.
Votre récital ?
En première partie j’interpréterai des extraits de chef-d’oeuvre du grand répertoire russe et de compositeurs qu’il aimait comme Bach, Chopin, Janacek ou Prokofiev puis en deuxième partie, je jouerai Tchaïkowsky puis Gluck, Mozart, Wagner, Liszt, Debussy et Ravel tandis que sera projeté le film que j’ai réalisé sur les esquisses et le travail qu’il a mené sur le plafond de l’Opéra de Paris. Je pense que le fait d’entendre les pièces que Chagall écoutait pendant qu’il réalisait ce chef-d’oeuvre va générer une belle émotion.
Qu’est ce qui vous a intéressé dans cette expérience ?
Cette rencontre entre tous les arts. Cette interpénétration de plusieurs expressions me passionne. Et la personnalité de Chagall aussi. C’est à la demande de sa famille que j’ai réalisé ce film en . Et depuis, cette production a été accueillie dans le monde entier. J’ai aussi été le directeur musical de l’exposition Marc Chagall le triomphe de la musique à la Philharmonie de Paris qui a accueilli visiteurs en quatre mois avant le musée des Beaux-Arts et Los Angeles où elle sera bientôt organisée.
Comment évolue votre carrière ?
Je marie harmonieusement cette approche artistique et ces ouvertures dans différents univers avec mon travail traditionnel à travers mes tournées de récitals et de soliste. Je m’intéresse à toutes les musiques et à tous les arts. Je fais des choses que je n’aurais jamais imaginé faire un jour et cela me rend heureux. www.antibesjuanlespins.com 04.22.10.60.10. 04.22.10.60.01.sur place, 1 heure avant.Tarifs : 21,20 euros (plein tarif), 16,20 Euros (tarif réduit).