Nice-Matin (Cannes)

Procès Pastor à mi-course: la défense sur le gril

La prestation de Janowski, commandita­ire présumé de l’assassinat de la milliardai­re monégasque, a accrédité l’image d’un homme autoritair­e. La tâche s’est un peu plus compliquée pour sa défense

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Au terme de la deuxième semaine du procès de l’affaire Pastor à Aix, les enjeux sont posés. Dans la galerie de personnage­s hétéroclit­es assis dans le box des accusés, chacun a joué sa partition. Le tireur nie; le guetteur minimise, tout comme le fournisseu­r des munitions; le coach sportif reconnaît l’organisati­on du double assassinat et le gendre de la milliardai­re clame son innocence. Au milieu de ce drame, les parties civiles tentent depuis quinze jours d’encaisser la dureté des débats. La famille d’Hélène Pastor et

(1) celle de Mohamed Darwich, le chauffeur, serrent les dents. Depuis les premiers jours, et la confrontat­ion tendue avec la police judiciaire niçoise, la défense du principal accusé, Wojciech Janowski, semble avoir un coup de retard. D’autant qu’hier, la salle des pas perdus de la cour d’assises ne bruissait encore que de son audition de jeudi. Le gendre de la milliardai­re – qui prétend avoir été manipulé par Pascal Dauriac, son coach sportif – n’a pas facilité le travail de ses défenseurs. « Acquitator », alias Me Eric Dupond-Moretti, a dû plusieurs fois intervenir pour tempérer son client pendant les 6 h 45 d’audition. L’accusé rabrouait en effet président, avocat général et avocats.

« Son attitude parfois irrespectu­euse »

« Si certains se posaient encore la question de savoir qui, au sommet de la chaîne criminelle, avait pu exercer une emprise sur l’autre jusqu’à le faire passer à l’acte, ils en ont eu la réponse. Qui avait assez d’autorité ? Je pense sans avoir besoin de plaider que ça a explosé à l’audience», décrypte Me JeanRobert Nguyen-Phun, avocat de Pascal Dauriac. « Au début de l’audience, son avocat a dû monter au créneau », rappelle Me Thomas Giaccardi, avocat de Gildo Pastor. « On l’accuse d’un crime et quand on lui donne la parole il parle pendant 25 minutes du bateau, des prélèvemen­ts, de ce qu’il a payé ou non. Pourquoi ne vient-il pas dire je suis innocent, directemen­t ? » Me Dominique Mattei, avocat de Sylvia Pastor, fille de la milliardai­re, abonde : « Son attitude à l’audience, parfois irrespectu­euse avec la cour, souvent avec les avocats, est un peu triste globalemen­t. » Pierre Cortès, l’avocat général, réussira à le bousculer quelque peu. Wojciech Janowski prétend, en effet, avoir fait le tour des sociétés de sécurité de Monaco pour protéger sa famille qui aurait été menacée. « Je suis passé les voir, mais toutes travaillai­ent déjà pour la protection du groupe Pastor et je ne voulais pas que Sylvia soit au courant », affirme le gendre. « Quelles entreprise­s avez-vous contactées ? », interroge Pierre Cortès, qui veut des noms et surtout comprendre quelle pouvait bien être cette menace dont personne ne trouve trace. « Je n’ai pas dit que je les avais contactées, j’ai dit que je les avais visitées », esquive l’accusé. « Vous faites de la diversion parce que je suis sur un registre précis », rétorque l’avocat général. Du côté de la défense, on laisse entendre que l’audition de jeudi n’a pas été si catastroph­ique. L’une des lignes directrice­s sera notamment de continuer à contester jusqu’au bout les conditions de la garde à vue. Du pain sur la planche pour « Acquitator ».

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(Photo Franz Chavaroche) Me Dupond-Moretti, avocat de Wojciech Janowski.

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