Nice-Matin (Cannes)

Ginette : écrire pour sortir la tête de l’eau

- RECUEILLI PAR CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr «Vaguesmeur­trièresCap­vert3 octobre201­5»aux éditions Riquéti. Prix : 13 euros.

Peut-être connaissez-vous déjà Ginette. Ginette Denis, la petite dame du Cap Vert qui a toujours fait entendre sa voix suite aux inondation­s et n’a pas hésité un matin à descendre dans les vallons pour en constater l’état. Et bien aujourd’hui, c’est en tant qu’auteure que la Mandolocie­nne revient sur la scène médiatique. La sinistrée et porte-parole des sinistrés publie «Vagues meurtrière­s, Cap vert, 3 octobre 2015».

Une main sur le coeur bien sûr et les larmes au bord des cils.

Ce livre, c’est pour quoi et pour qui ?

C’est pour sortir la tête de l’eau, trois ans après la catastroph­e. Pour défendre l’honneur des familles à qui l’on a dit qu’elles étaient responsabl­es, qu’il ne fallait pas descendre dans les garages. Pour dire aussi que nous n’avons toujours pas les bassins de rétention pour nous protéger. Enfin je tiens à ajouter que tous les bénéfices de la vente de cet ouvrage seront reversés aux sinistrés.

Comment s’est passé le temps de l’écriture ?

J’ai écrit le premier jet en trois semaines. Puis j’ai repris le texte et j’ai ajouté des paragraphe­s.

Vous employez la troisième personne du singulier, vous aviez besoin de vous distancier ?

Exactement. Besoin de m’éloigner un peu de cette horreur. Ainsi il a été plus facile pour moi d’écrire.

Du coup, on vous a tellement entendu militer pour les autres sinistrés qu’on est passé à côté de votre nuit du  octobre. Une nuit vraiment éprouvante n’est-cepas?

Je suis

‘‘ descendue vers  h  pour vérifier la bonne mise en marche des pompes de relevage. Effectivem­ent, elles s’étaient enclenchée­s. J’ai vu d’autres habitants regarder par l’entrée, la pluie tomber. Et puis d’un coup il y a eu un bruit énorme et la porte du local piscine a littéralem­ent explosé. Une énorme vague s’est engouffrée dans le garage. J’ai crié « On sort !!! » et j’ai couru à ma voiture que j’ai réussi à sortir. Mais une fois dehors l’eau est montée dans l’habitacle, je suis sortie et je suis restée de longues heures dans l’eau (, mètre), accrochée une partie du temps au bras de mon voisin.

Cette nuit passée vous racontez les mois qui suivent. Avec un rapport détaillé des mesures prises…

Oui, je m’appuie essentiell­ement sur les réunions auxquelles j’ai assisté et sur les courriers que j’ai reçus.

Avec, avant tout un chapitre «Compassion»

Oui et cette phrase du maire de l’époque : « Il ne fallait pas descendre dans les garages » Elle est restée, elle s’est infiltrée partout, encore aujourd’hui on en parle…

Est-ce que vous vous sentez mieux aujourd’hui?

Oui et non. Je ne stocke plus rien dans mon garage. Juste ma nouvelle voiture. Toutes mes réserves sont dans mon appartemen­t. La nuit dernière j’ai mal dormi, j’ai encore rêvé que j’étais dans l’eau…

Quel est votre voeu le plus cher aujourd’hui?

S’il pleut de nouveau comme il a plu cette nuit-là, nous risquons le même drame. Il faut absolument que les bassins de rétention soient réalisés. On parle de  s’il n’y a pas d’obstacles à cela… De la même manière, nous n’aurons pas de bâtardeaux avant , il faut payer avant…

On pourra vous rencontrer au Festival du livre de MouansSart­oux ce week-end…

Oui, j’y serai au stand des éditions Riqueti et de Jean-Claude Junin qui a fait un travail remarquabl­e. On me trouvera au stand .

La nuit dernière, j’ai encore rêvé que j’étais dans l’eau ”

 ??  ?? C’est ici dans ce sous-sol des résidences du Cap Vert dont Ginette Denis est présidente des copropriét­aires, que le drame a commencé (Photo Sébastien Botella)
C’est ici dans ce sous-sol des résidences du Cap Vert dont Ginette Denis est présidente des copropriét­aires, que le drame a commencé (Photo Sébastien Botella)

Newspapers in French

Newspapers from France