Ginette : écrire pour sortir la tête de l’eau
Peut-être connaissez-vous déjà Ginette. Ginette Denis, la petite dame du Cap Vert qui a toujours fait entendre sa voix suite aux inondations et n’a pas hésité un matin à descendre dans les vallons pour en constater l’état. Et bien aujourd’hui, c’est en tant qu’auteure que la Mandolocienne revient sur la scène médiatique. La sinistrée et porte-parole des sinistrés publie «Vagues meurtrières, Cap vert, 3 octobre 2015».
Une main sur le coeur bien sûr et les larmes au bord des cils.
Ce livre, c’est pour quoi et pour qui ?
C’est pour sortir la tête de l’eau, trois ans après la catastrophe. Pour défendre l’honneur des familles à qui l’on a dit qu’elles étaient responsables, qu’il ne fallait pas descendre dans les garages. Pour dire aussi que nous n’avons toujours pas les bassins de rétention pour nous protéger. Enfin je tiens à ajouter que tous les bénéfices de la vente de cet ouvrage seront reversés aux sinistrés.
Comment s’est passé le temps de l’écriture ?
J’ai écrit le premier jet en trois semaines. Puis j’ai repris le texte et j’ai ajouté des paragraphes.
Vous employez la troisième personne du singulier, vous aviez besoin de vous distancier ?
Exactement. Besoin de m’éloigner un peu de cette horreur. Ainsi il a été plus facile pour moi d’écrire.
Du coup, on vous a tellement entendu militer pour les autres sinistrés qu’on est passé à côté de votre nuit du octobre. Une nuit vraiment éprouvante n’est-cepas?
Je suis
‘‘ descendue vers h pour vérifier la bonne mise en marche des pompes de relevage. Effectivement, elles s’étaient enclenchées. J’ai vu d’autres habitants regarder par l’entrée, la pluie tomber. Et puis d’un coup il y a eu un bruit énorme et la porte du local piscine a littéralement explosé. Une énorme vague s’est engouffrée dans le garage. J’ai crié « On sort !!! » et j’ai couru à ma voiture que j’ai réussi à sortir. Mais une fois dehors l’eau est montée dans l’habitacle, je suis sortie et je suis restée de longues heures dans l’eau (, mètre), accrochée une partie du temps au bras de mon voisin.
Cette nuit passée vous racontez les mois qui suivent. Avec un rapport détaillé des mesures prises…
Oui, je m’appuie essentiellement sur les réunions auxquelles j’ai assisté et sur les courriers que j’ai reçus.
Avec, avant tout un chapitre «Compassion»
Oui et cette phrase du maire de l’époque : « Il ne fallait pas descendre dans les garages » Elle est restée, elle s’est infiltrée partout, encore aujourd’hui on en parle…
Est-ce que vous vous sentez mieux aujourd’hui?
Oui et non. Je ne stocke plus rien dans mon garage. Juste ma nouvelle voiture. Toutes mes réserves sont dans mon appartement. La nuit dernière j’ai mal dormi, j’ai encore rêvé que j’étais dans l’eau…
Quel est votre voeu le plus cher aujourd’hui?
S’il pleut de nouveau comme il a plu cette nuit-là, nous risquons le même drame. Il faut absolument que les bassins de rétention soient réalisés. On parle de s’il n’y a pas d’obstacles à cela… De la même manière, nous n’aurons pas de bâtardeaux avant , il faut payer avant…
On pourra vous rencontrer au Festival du livre de MouansSartoux ce week-end…
Oui, j’y serai au stand des éditions Riqueti et de Jean-Claude Junin qui a fait un travail remarquable. On me trouvera au stand .
La nuit dernière, j’ai encore rêvé que j’étais dans l’eau ”