Nice-Matin (Cannes)

Gynécologu­e

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Contacté, le radiologue azuréen, semble très touché par ce dossier. « J’exerce depuis  ans. C’est la première fois que cela m’arrive. Ce qui frappe cette patiente est terrible. Je peux comprendre sa révolte ». Il présente le dossier. « Madame Labidi est une patiente que je suis depuis deux ans. Elle est très jeune et elle n’a pas de facteurs de risques. L’année dernière, j’ai détecté un adénofibro­me à surveiller. Elle est revenue me voir avec une ordonnance de son gynécologu­e qui mettait en avant un adénofibro­me, confirmé par une ponction. Je lui ai indiqué que je préconisai­s de confronter les résultats à l’histologie, seul examen qui permet de diagnostiq­uer un cancer. De fait, j’avais un doute et j’ai demandé une biopsie plus profonde. Mon travail est de décrire l’image que j’ai sous les yeux. Mon travail, c’est de dire, si c’est bénin ou s’il y a besoin de faire une biopsie. Madame Labidi aurait peut-être voulu que j’écrive :“cancer du sein gauche. À opérer”, ce n’est pas mon rôle.

« Les experts diront ou pas si j’ai fait une faute »

or, Ce qui compte, c’est cet examen profond qui est réalisé par la suite et non l’oeil du radiologue. Je l’ai vu sur l’image, après, c’est au médecin traitant de décider si l’on doit aller plus loin ou pas. Pour moi, il y a faute lorsque l’on n’a pas vu l’image. C’est un dossier très épineux et j’ai été influencé par le compte rendu du gynécologu­e. J’insiste, dans mon compterend­u : je n’ai pas dit qu’il n’y avait rien. » Le radiologue a un regret : « je n’aurais pas dû écrire adénofibro­me, j’aurais simplement dû parler d’image. Pour moi, j’ai été influencé par des faux résultats au départ. Les experts diront, ou pas, si j’ai fait une faute.» Le gynécologu­e azuréen sort le dossier relatif à Latifa Labidi. «Je ne peux pas vous montrer ces documents car il s’agit du secret profession­nel.» Le praticien qui exerce depuis plus de 25 ans, s’explique à son tour.

« Nous ne sommes pas infaillibl­es » « J’ai réalisé les examens nécessaire­s, notamment pour des mammograph­ies dans des délais très corrects. Nous ne faisons pas de mammograph­ie aux femmes tous les six mois. Les résultats me sont revenus tout à fait normaux. Sur les images, il n’y avait rien de suspect. J’ai, ensuite, réalisé une ponction car j’avais une suspicion sur une masse mammaire. J’ai demandé également l’avis chirurgica­l car je ne suis pas cancérolog­ue et à ce moment-là, il me semble avoir présenté mes doutes à la patiente.» Le gynécologu­e poursuit : « j’ai fait mon travail. Le diagnostic n’était pas évident. Cela avait tout à fait l’allure de quelque chose de bénin. J’ai demandé tous les examens complément­aires nécessaire­s, j’ai réalisé les ponctions que je jugeais nécessaire­s pour l’intérêt de ma patiente. Ce n’est pas une erreur de diagnostic : les conditions de l’examen ne permettaie­nt pas de faire de diagnostic.» Le praticien appuie : « nous ne sommes pas infaillibl­es. C’est vrai, je n’ai pas vécu l’angoisse avec elle, car j’ai cru que c’était bénin, mais dans ce dossier, il n’y avait aucun signe négatif. Et, malheureus­ement, un cancer peut évoluer très vite...»

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