Nice-Matin (Cannes)

Son idylle philoménal­e

Pierre Cassignard monte sur les planches pour offrir Un soir avec Montand : son hommage, son rêve de gosse qu’il concrétise. À savourer dès aujourd’hui à Anthéa

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Gamin, il ne voulait pas devenir sapeur-pompier, astronaute ou policier. Mais Yves Montand. C’est désormais chose faite pour Pierre Cassignard qui offre une parenthèse musicale rendant hommage à Ivo Livi. Micro, piano et présence : Un soir avec Montand. Une création surmesure pour se laisser emporter par la foudre qui a frappé le comédien il y a des années de cela. À savourer dès aujourd’hui à Anthéa.

À la base de tout, il y a votre révélation lorsque vous découvrez Montand à l’Olympia.

J’avais quinze ans, mollement affalé devant la télé un soir face à la retransmis­sion de son concert de . J’ai été frappé par la foudre dès la première chanson. D’ailleurs c’est aussi celle qui ouvre ce spectacle. Ah oui, je voyais cette grande silhouette noir et blanche hyper élégante…

Ultra théâtral visuelleme­nt !

Il a changé ma vie. C’est à cause de lui que je suis devenu acteur.

Vous évoquez ses chansons comme de « mini-pièces de théâtre » ?

J’aime les chansons, j’aime Delpech par exemple, c’est génial ! Mais Montand avait un truc à lui : il racontait des histoires. Il y a quelque chose qui m’a toujours manqué au théâtre : faire des claquettes, pouvoir chanter… En fait ce spectacle c’est un peu une récréation.

C’est votre rêve de gosse !

Surtout que je ne raconte pas la vie de Montand, ça va : on la connaît tous. C’est vraiment dans l’idée de partager cet art qu’il avait de l’économie, de la silhouette. Alors j’essaie de me coller à ce qu’il faisait. Un an que je fais de la barre… Je veux que les gens aient l’impression que tout ça c’est facile !

Ce spectacle c’est une évidence ?

Je le porte en moi depuis que j’ai quinze ans. J’en ai toujours rêvé. Quand mes amis viennent manger à la maison, ça se termine toujours autour du piano. À chaque fois mes copains me demandent : pourquoi tu ne fais pas un truc avec Montand ? C’est en choisissan­t de travailler avec un pianiste chez moi que j’ai eu le déclic : c’est maintenant. Je peux encore lever la jambe [rires], les pieds tapent encore… Du coup j’ai écouté mon coeur. J’ai envie que les spectateur­s se sentent un peu chez moi du coup.

Dans l’intimité…

Mais en plus profession­nel qu’un récital à la maison quand même ! [sourire] Au départ on l’avait conçu pour un piano, un accordéon et une contrebass­e. J’ai tout épuré, gardé seulement le piano avec un chapeau claque, un pied de micro, un parapluie et un chapeau melon.

Pas besoin de plus !

Exactement ! Tous les décors et les costumes ils sont dans le piano avec mon filtre. Montand a infusé en moi. Les gens vont retrouver une certaine gestuelle, c’est sûr.

Sans tomber dans la caricature…

Je ne voulais pas faire de l’imitation. Mais rendre la noblesse de la chansonnet­te. Quand la vie vous ballotte, c’est le genre de chanson insignifia­nte qui vous prendre par la main… Elles m’ont toujours tiré vers le positif.

Difficile de les sélectionn­er pour le spectacle, non ?

Alors là : je n’ai écouté que mon coeur. Au départ je ne voulais pas mettre les tubes. Mais c’est aussi ce qui fait Montand pour les gens. Je l’ai bien remarqué en en discutant autour de moi. Et puis, comme nous allons jouer aux États-Unis et au Japon c’était indispensa­ble. D’ailleurs nous ajouterons des morceaux qui ont traversé l’Atlantique quand nous nous y rendrons.

Grande aventure !

Totalement ! J’ai super envie de voyager avec ce spectacle. En plus, tout tient dans une petite valise du coup ! J’ai hâte de partir sur les routes. Je suis tombé sur un producteur génial qui m’a laissé tout concevoir : ma première envie c’était de pouvoir aller partout avec ce spectacle, dans les villes plus modestes aussi.

Vous vous êtes totalement plongé dans son univers pour créer ?

Même si je ne l’ai jamais rencontré, je connais franchemen­t très bien sa carrière. Mais il est vrai que je suis rentré un peu plus dans son intimité en discutant avec des gens qui l’ont approché. Évidemment, j’ai fait mon pèlerinage à St-Paul-deVence cet été. J’ai rencontré sa dernière compagne. Et d’ailleurs je chante Sir Godfrey avec le parapluie de Montand, celui-là même de l’Olympia . On pourrait se dire que c’est « facile » pour moi vu que c’est quelque chose qui m’a toujours habité mais mine de rien ça m’a demandé vachement de boulot.

C’est-à-dire ?

En tant qu’acteur j’ai une nature du genre monsieur   volts. J’y vais avec trop d’énergie parfois. Ce spectacle m’a obligé à me poser énormément. Je l’ai préparé comme une sorte de petit marathon. Quand je pense que lui a fait son Olympia à  balais et que j’en ai six de moins…

Livrer quelque chose d’aussi intime : ça ne vous fait pas un peu peur ?

Oh non, ça fait un bien fou ! C’est un métier où l’on est tellement dépendant des autres pour travailler alors lorsqu’on vous donne la chance de proposer quelque chose qui sorte de vos propres tripes… C’est merveilleu­x.

 ?? (Photo DR) ??
(Photo DR)

Newspapers in French

Newspapers from France