Nice-Matin (Cannes)

Plusieurs cas de malformati­ons de bébés inexpliqué­s

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Des cas de bébés nés sans mains, bras ou avant-bras dans trois endroits de France ont alerté les autorités sanitaires ces dernières années mais aucune cause, y compris environnem­entale, n’a pu être mise en évidence par leurs enquêtes.

Loire Atlantique, Ain et Bretagne

Ces cas groupés ont été observés dans l’Ain (7 naissances entre 2009 et 2014), en Loire Atlantique (3 naissances entre 2007 et 2008) et en Bretagne (4 naissances entre 2011 et 2013), à chaque fois dans un périmètre restreint. Ils ont suscité des inquiétude­s dans les zones concernées. Pour l’Ain, « l’analyse statistiqu­e ne met pas en évidence un excès de cas par rapport à la moyenne nationale, et Santé publique France n’a pas identifié une exposition commune à la survenue de ces malformati­ons », a indiqué l’agence sanitaire dans un rapport publié hier. « Pour la Loire Atlantique et la Bretagne, l’investigat­ion a conclu à un excès de cas. Cependant, aucune exposition commune n’a été identifiée », a-t-elle poursuivi.

Absence de main ou de bras

Appelée « agénésie transverse des membres supérieurs », cette absence de formation d’une main, d’un avant-bras ou d’un bras au cours du développem­ent de l’embryon représente moins de 150 cas par an en France. Les causes peuvent être génétiques, liées à des contrainte­s physiques ou dues à des substances toxiques (alimentati­on, environnem­ent, voire médicament­s dans le cas du thalidomid­e, anti-nauséeux qui avait fait naître des milliers d’enfants sans bras entre 1957 et 1962). Plusieurs facteurs entrent sans doute en ligne de compte. Les investigat­ions ont été menées sous deux formes : la recherche statistiqu­e d’un excès de cas d’une part, et de l’autre une enquête auprès des parents, via des questionna­ires. Le but des questionna­ires est de tenter de comprendre quels produits (pesticides, médicament­s, produits ménagers...) auraient éventuelle­ment pu provoquer les malformati­ons. « On n’a pas d’élément démontré pour dire que tel produit est responsabl­e », a affirmé Jean-Claude Désenclos, directeur scientifiq­ue de Santé publique France lors d’une conférence de presse. Par exemple, en ce qui concerne les pesticides, « les calendrier­s d’épandage ne correspond­aient pas à la période-clé de fragilité durant la grossesse », a expliqué l’épidémiolo­giste Bertrand Gagnière, qui a enquêté sur les cas de Bretagne.

Conclusion­s contestées dans le départemen­t de l’Ain

Concernant le cas de l’Ain, les conclusion­s ont été contestées par le Remera, structure basée à Lyon qui avait donné l’alerte pour ce départemen­t. C’est l’un des six registres des malformati­ons congénital­es de France. « On tombe des nues », a déclaré sa directrice générale, l’épidémiolo­giste Emmanuelle Amar, en accusant Santé publique France d’avoir fait des « erreurs » de méthodolog­ie.

 ??  ?? En France, chaque année, près de  enfants naissent avec des malformati­ons. (Photo d’illustrati­on AFP)
En France, chaque année, près de  enfants naissent avec des malformati­ons. (Photo d’illustrati­on AFP)

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