Nice-Matin (Cannes)

UN TÉLÉFILM SUR L’AFFAIRE DES BÉBÉS ÉCHANGÉS

L’histoire de Sophie Serrano, dont la fille avait été échangée par erreur à la naissance dans une clinique de Cannes en , fait l’objet d’un téléfilm qui sera diffusé le  octobre à  h sur TF. Les familles avaient remporté le procès et ont été inde

- Textes : Sandie NAVARRA snavarra@nicematin.fr Photos : Patrice LAPOIRIE, NM et DR

Quand la réalité dépasse la fiction. Deux bébés échangés à la maternité. Des vies dévastées dix ans plus tard lors de la découverte de l’abominable vérité. Un combat judiciaire qui a duré de longues années. Et des destins à jamais bouleversé­s (lire ci-dessous). Trois ans après la victoire des familles devant le tribunal de Grasse, cette affaire hors norme revient sur le devant de la scène. TF1 diffusera lundi 15 octobre à 21 h le téléfilm Ils ont échangé mon enfant, inspiré du livre éponyme de Sophie Serrano sorti en 2015 (1). L’occasion de retrouver la quadragéna­ire, aujourd’hui maman de quatre enfants, installée à Valderoure, dans l’arrièrepay­s grassois.

Comment allezvous trois ans après le verdict ?

Mieux. Même si rien n’est simple aujourd’hui encore. J’étais enceinte pendant le procès et la naissance de ma fille Jessy, il y a trois ans, m’a apaisée. Avec mon compagnon, nous sommes bien. Manon (l’enfant qu’elle a élevé en pensant qu’il s’agissait de sa fille biologique NDLR) a aujourd’hui  ans. Elle poursuit ses études en alternance après un BTS en ressources humaines. Elle est installée avec son petit copain et va très bien, mais elle ne souhaite plus apparaître dans les médias.

Etes vous toujours en relation avec votre fille biologique ?

Nous sommes toujours en contact. Mais la distance a été douloureus­e et a laissé des traces d’un côté comme de l’autre. Je ne pourrai jamais être sa mère, elle a déjà une maman, c’est un deuil à faire. Manon est aussi en contact avec ses parents. Aujourd’hui encore, chacun cherche sa place. Ce n’est pas simple, à tous les niveaux : relationne­l, psychologi­que... On a été imposés dans la vie les uns des autres. Il faut faire avec et gérer au quotidien.

La victoire au tribunal et les indemnités vous ont aidé à vous reconstrui­re ?

Bien sûr, j’avais besoin d’aller jusqu’au bout pour comprendre que je n’étais pas coupable. Et que la clinique reconnaiss­e le mal qui a été fait. Malgré cela, ils n’ont jamais présenté d’excuses, ce qui aurait aidé à apaiser ma colère et à pardonner. Quant à l’argent, même si ça aide, ça ne m’a pas simplifié la vie pour autant. Cela a même compliqué les relations avec certaines personnes.

Comment est né ce projet de téléfilm ?

J’avais déjà été contactée pour ce genre de projet, mais j’avais refusé. On me parlait d’argent. Laurent Ceccaldi, le producteur, m’a écrit avec une approche plus humaine. J’ai hésité avant de me jeter à nouveau dans le tourbillon médiatique. Par éthique. Par pudeur. Je me suis demandée s’il fallait exposer à nouveau tout ça après tout ce qu’on a traversé... Le résultat est formidable, c’est un très beau film qui me bouleverse tellement il est proche de la réalité.

Témoigner a des vertus thérapeuti­ques ?

Après l’écriture du livre, c’est une autre belle opportunit­é qui s’est présentée. Je suis la vague... C’était important pour moi de témoigner, de laisser une trace de cette histoire. Il n’y avait pas d’autre cas avéré avant nous. Au fond, quand il nous arrive une chose pareille, on a le devoir de parler, de faire savoir que ça peut arriver. Si une autre famille se retrouvait dans notre situation, elle aurait une base pour s’en sortir ! Personne n’a su comment nous aider à l’époque. Même les psys étaient dans le noir... La justice, n’en parlons pas !

Quels sont vos projets ?

Écrire, encore. L’après. Pour raconter, et expliquer que le cheminemen­t est encore long...

Que retenez-vous de toute cette affaire ?

Même si on vit des choses terribles, l’amour nous fait avancer. On peut transforme­r des événements terribles, des douleurs et des peines en forces.

1. Le livre a été réédité à l’occasion de la sortie du téléfilm.

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 ??  ?? Manon, une des deux jeunes filles échangées, ici avec sa maman « d’adoption » Sophie, lors d’une audience au tribunal de Grasse en décembre .
Manon, une des deux jeunes filles échangées, ici avec sa maman « d’adoption » Sophie, lors d’une audience au tribunal de Grasse en décembre .

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