Deux historiens locaux partagent leur passion pour le siècle des Lumières avec leurs lecteurs
Deux historiens bien connus de la cité de Parfums ont présenté leurs ultimes opus dernièrement à la librairie Arts et livres, installée au Plan-de-Grasse depuis une quarantaine d’années.
Au temps des sans-culottes grassois
« C’est en découvrant les procès verbaux des Sociétés populaires de Grasse et de Plascassier que nous avons décidé, de concert avec mon époux Michel, de nous pencher sur des archives que personne n’avait encore pris le temps de lire et d’interpréter déclare Marie-Hélène Froeschlé, chercheur au CNRS et passionnée par l’histoire du pays grassois depuis de nombreuses années. Les premiers républicains grassois, véritable anthologie de cinq-cent seize pages est le fruit de deux années de recherches et de travail. L’historienne se montre très enthousiaste quand elle évoque la richesse des documents compulsés. Les conférences données sur le sujet attirent toujours un nombreux public, impatient de mieux appréhender ces républicains de la fin du XVIIIe siècle, pendant la Terreur et le parcours de certains d’entre eux, tel Jean-François Ricord.
Les manuscrits du Père Cresp
«Ce livre est aussi une occasion de découvrir la ville de Grasse au siècle des Lumières et la vie de ses habitants, commerçants, citadins et ruraux», poursuit Marie-Hélène, intarissable sur le sujet. Docteur en histoire, Gilles Sinicropi enseigne aujourd’hui au collège GérardPhilipe de Cannes-La Bocca. Cet universitaire né à Cannes, passionné par l’Ancien-Régime, a rédigé sa thèse de doctorat sur l’ordre des Carmes déchaux en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. « La présentation de ma thèse coïncide avec mon installation à Auribeau-sur-Siagne. J’ai alors ressenti le désir d’écrire sur la région», déclare Gilles Sinicropi, très attaché au riche patrimoine local. En effectuant ses recherches sur le sanctuaire de Valcluse, il décide de se pencher sur le manuscrit du père Cresp, ecclésiastique de la ville des parfums, au XVIIIe siècle. Un document qui retrace avant tout l’histoire religieuse de la ville et qui n’a jamais été édité. «J’ai découvert qu’il existait dix exemplaires de ces mémoires. Tous sont différents, les plus développés restant ceux de la bibliothèque nationale de Paris.» En universitaire aguerri, il a poursuivi ses recherches. Le tome II d’Histoire et belles lettres à Grasse au XVIIIe siècle, aborde l’aspect du théâtre religieux et de la croyance dans le Royaume de France. L’auteur dresse un panorama de l’activité théâtrale à Grasse, pendant le siècle des Lumières en proposant une synthèse inédite sur le sujet, jusqu’au début du siècle suivant. A la fois clair et ludique, l’ouvrage contient aussi une riche iconographie. Les deux historiens participent au Salon du Livre de MouansSartoux, qui se poursuit ce weekend prochain. Editions du CTHS et Serre Editeur. 516 pages.