Julien Févriero: « Nous ne pouvons plus prendre de mineurs »
«En ce qui concerne les métiers de la restauration, le Code du travail n’est absolument pas compatible avec la notion d’apprentissage telle qu’elle est conçue actuellement ! » Julien Févriero, qui préside aux destinées du restaurant Le Patio, au coeur du village de La Crau depuis 2015, après en avoir été le chef cuisine, est catégorique. « Dans un restaurant, c’est très compliqué d’employer des mineurs, ce qui est régulièrement le cas des apprentis. Il faut savoir en effet que, s’ils ont moins de 16 ans, ils ne peuvent pas travailler après 20h. Et, avant d’être âgés de 18 ans, ils ne peuvent pas travailler au-delà de 22 h. Ce n’est absolument pas compatible avec notre métier. » « Sans compter, poursuit le restaurateur, qu’il faut leur accorder deux jours de repos consécutifs ! Là aussi, c’est très compliqué. Résultat : on a du mal à trouver des apprentis, et nous ne pouvons plus prendre de mineurs. »
«Avant, c’était “open bar” »
Lui-même issu de l’apprentissage, Julien Févriero en garde néanmoins d’excellents souvenirs. « Mais c’était dans les années 1990, et tout était différent. À l’époque c’était “open bar”. On commençait à 16 ans et on travaillait en fonction des besoins. Je me souviens avoir fait plusieurs mariages et donc terminé aux alentours de 3 h du matin. Aujourd’hui, c’est injouable ! » Et le Craurois regrette amèrement de ne pas pouvoir faire appel aux apprentis : « C’est, à mes yeux, un handicap de devoir se passer de ces jeunes. Car, dans un milieu comme la restauration, et dans tous les métiers de l’artisanat d’ailleurs, nous devons sans cesse penser à la transmission de nos savoirs. Alors comment faire ? Et, c’est encore plus compliqué lorsque l’on sait qu’ils ne sont pas plus de 6 ou 7 par classe, quand, à l’époque, nous étions 33 à 35. Alors, forcément, les volontaires ne sont pas nombreux à songer entrer dans la profession de la restauration. »