Nice-Matin (Cannes)

La contre-attaque des départemen­ts

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Après qu’Emmanuel Macron a reçu lundi à l’Elysée les présidents des métropoles de Nice, Bordeaux, Lille, Toulouse et Nantes, pour évoquer le renforceme­nt de leurs entités et d’éventuelle­s absorption­s de compétence­s départemen­tales, les présidents des départemen­ts concernés ont aussitôt rué dans les brancards. « Nous tenons à rappeler notre opposition à ce projet qui signerait la disparitio­n programmée de nos départemen­ts », ont réagi de concert Charles-Ange Ginésy pour les Alpes-Maritimes, Jean-Luc Gleyze (Gironde), Jean-René Lecerf (Nord), Philippe Grosvalet (Loire-Atlantique) et Georges Méric (Haute-Garonne). « Nous sommes totalement exclus de discussion­s qui engagent l’avenir des territoire­s périurbain­s et ruraux », ont déploré les cinq présidents, appelant le Président à « réunir rapidement l’ensemble des acteurs concernés ». Les cinq responsabl­es départemen­taux défendent un « modèle alternatif de coopératio­n entre le Départemen­t et la Métropole. Face aux défis écologique­s, économique­s et démocratiq­ues, nous devons promouvoir les mutualisat­ions plutôt que la concentrat­ion et les fusions déconnecté­es des territoire­s ».

pour l’éthique en politique. A croire que Les Républicai­ns n’ont pas de problèmes plus sérieux à régler que ces broutilles…

Les soubresaut­s de la semaine ont conforté le leader communiste niçois Robert Injey dans sa conviction que la Ve République a largement vécu. « La présidence Macron, avec ses dérives et ses affaires, est le reflet d’un système institutio­nnel à bout de souffle. L’urgence d’une VIe République est plus que jamais d’actualité. Une VIe République participat­ive, démocratiq­ue et solidaire qui redonne du souffle à notre démocratie et rende le pouvoir aux citoyens », pose-t-il.

Suite à la décision du préfet d’instaurer une limitation à  km/heure entre Cagnes et Saint-Laurent-du-Var afin de réguler le trafic, Eric Ciotti a lancé sur Internet (change.org) une pétition pour demander au gouverneme­nt d’imposer la gratuité entre l’échangeur de Cagnes-sur-Mer et celui de Saint-Laurent-du-Var. « J’en appelle aux citoyens pour se révolter contre cette décision injuste de l’Etat qui cède aux puissants lobbies des sociétés autoroutiè­res et d’Escota en particulie­r, filiale de Vinci autoroutes», fulmine le député niçois, qui propose aussi dans sa pétition la suppressio­n du péage de Saint-Isidore, estimant, à l’instar de beaucoup d’autres élus, que le contournem­ent de Nice

ne devrait pas être payant. On s’en doute, sa pétition marche du tonnerre de dieu : hier soir, elle avait dépassé les   signatures. Dominique Schmitt, préfet de Région honoraire et ancien directeur général des Collectivi­tés locales au ministère de l’Intérieur, aujourd’hui installé à Vence, a décidé de mettre son grain de sel dans le projet de fusion entre la Métropole et le Départemen­t. « A défaut de projet commun, ce serait un non-sens qui mènerait à un échec inévitable, expose-t-il. La coopératio­n communale est indispensa­ble mais doit être volontaire. Certes, l’intercommu­nalité est à parachever pour trouver les bons périmètres et faire disparaîtr­e les trop nombreux syndicats dont le coût, pour  % de leur budget, est un coût de fonctionne­ment. Pour autant, il faut avancer avec prudence sur le phénomène de métropolis­ation. » La fusion dans le Grand-Lyon de la communauté urbaine lyonnaise et du départemen­t du Rhône, souvent citée en modèle, « résultait d’un accord parfait entre l’agglomérat­ion et le conseil départemen­tal, souligne-t-il. On ne peut pas dire que ces conditions soient réunies pour Nice et les AlpesMarit­imes. La priorité absolue est de rebâtir des relations de confiance entre les collectivi­tés locales et l’Etat, en trouvant de nouveaux lieux de dialogue. Espérons que la réunion des maires de France, en novembre, permettra au président de la République de réfléchir à la bonne façon d’apporter les réponses appropriée­s à des élus inquiets et, souvent, en colère ».

TH. P.

Il n’est pas incongru de vouloir dégraisser le millefeuil­le territoria­l. Depuis le temps qu’on en parle, sans s’y aventurer, il a encore pris de l’épaisseur. Pour parler clair, la fusion de départemen­ts et de métropoles aurait, ici et là, une évidente pertinence. Elle ramènerait, au moins, un brin de lisibilité dans notre fouillis administra­tif. Indéniable, l’attachemen­t au Départemen­t relève du pragmatism­e plus que de l’affection. Le citoyen se fiche bien que ce soit Pierre, Paul ou Jacques qui verse le RSA ou entretienn­e les routes, pour peu que la solidarité, sociale et territoria­le, soit effective. Las, dans sa volonté de faire évoluer les lignes, le chef de l’Etat s’y est pris comme un manche ! En ouvrant le dialogue de manière « hiérarchiq­ue » avec les seuls présidents de grandes métropoles, laissant sur le bas-côté les patrons départemen­taux, il a accrédité le sentiment d’un choix déjà entériné. Forcément, ça passe très mal chez les élus locaux. A fortiori sous nos cieux, où les bisbilles exacerbées et les guerres de pré carré gâtent toute discussion. Sans doute la Métropole peut-elle, aussi bien que le Départemen­t, épauler les petites communes, comme le jure Christian Estrosi. Mais la réforme ne pourra être conduite qu’en mettant tout à plat, dans un échange collectif. Pas en décrétant d’emblée que les métropoles, en terrain conquis, constituen­t LA solution. Elles ne datent, rappelons-le, que de . Avant d’en faire la panacée, ou à l’inverse un repoussoir, il serait utile d’en mener une évaluation apaisée.

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(Photo F. C.) Robert Injey.

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