Nice-Matin (Cannes)

Montserrat Caballé, une histoire d’amour de  ans avec Nice

Une voix, un mythe, une légende. La cantatrice Montserrat Caballé est décédée à l’âge de 85 ans dans sa ville natale de Barcelone. Depuis 1971, elle était restée fidèle à Nice

- ANDRÉ PEYREGNE

Ses fans se comptent par milliers dans notre région où elle a chanté à de très nombreuses reprises. « Nice m’a acceptée lorsque j’étais une inconnue. Alors je lui suis restée fidèle », nous expliquait Montserrat Caballé dans une interview en 1977. Elle chanta pour la première fois en 1971 sur la scène niçoise. C’était dans le « Trouvère » de Verdi. Elle fut divine. Mais cette soirée fut marquante pour une autre raison : elle interrompi­t la représenta­tion pour invectiver le public qui avait hué le ténor. « Laissez nous travailler ! », avait-elle exigé. Et le spectacle avait repris dans un silence glacial, jusqu’au triomphe final.

 nuits au Négresco

Le directeur de l’époque, Ferdinand Aymé, qui dirigeait également les arènes de Nîmes et de Fréjus, avait un lien particulie­r avec l’Espagne qui lui avait permis de découvrir et d’approcher la diva. Il dirigeait en même temps l’opéra de Toulon où certains spectacles niçois étaient repris. A Nice, elle descendait au Négresco. Elle a passé plus de cinq cents nuits dans la suite qui porte désormais son nom. Les jours des représenta­tions, les fans étaient devant l’opéra dès 4 heures du matin pour être sûrs d’avoir des places. On en connaît un qui allait en gare de Perpignan, au milieu de la nuit, pour se trouver au moment où elle changeait de train en provenance d’Espagne et l’aider à passer, ensommeill­ée, d’un quai à l’autre ! En une dizaine d’années de présence annuelle, elle nous offrit de découvrir – à Nice comme à Toulon - des ouvrages alors inconnus comme « Adrienne Lecouvreur » de Cilea, ou « Catarina Cornaro » ou « Parisina d’Este » de Donizetti. Pour ce dernier ouvrage, à une époque où elle commençait à être très demandée dans le monde, elle n’avait pas eu le temps d’apprendre à fond sa partition. On entendit beaucoup le souffleur ce soir-là. Elle le fit saluer à la fin ! Mais son chant n’en demeurait pas moins divin... En 2010, le nom de Montserrat Caballé a été donné au foyer de l‘opéra de Nice. Ce fut l’une des dernières fois où on la vit sur la Côte. Christian Estrosi, le maire de Nice, s’est dit hier soir sur Twitter « triste d’apprendre le décès de Montserrat Caballé. Au cours de sa grande carrière, «la superba» avait toujours honoré Nice de sa présence ».

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(Photo EPA/MaxPPP) La cantatrice chanta pour la première fois en  à Nice.

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