Photobiomodulation, la lumière qui panse les maux Innovations
Cicatricielle, anti-inflammatoire, antalgique... les vertus de la lumière, de mieux en mieux décryptées, permettent d’envisager quantité d’applications. Congrès à Nice
Thérapie par laser de faible énergie. C’est l’ancienne – et très explicite–appellation de la photob io modulation (PBM), une méthode de traitement qui a vu ses indications croître de façon exponentielle pour intéresser aujourd’hui la plupart des spécialités médicales : cancérologie, neurologie, dentaire, infectiologie, médecine du sport… « La PBM peut être utilisée dans tous les domaines où l’on peut tirer bénéfice de ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et de cicatrisation des tissus », résume le Pr René-Jean Bensadoun, radiothérapeute et organisateur du Congres WALT 2018, conférence internationale consacrée à cette thérapie qui réunissait cette semaine à Nice quelque 350 participants en provenance du monde entier (Brésil, USA, Australie, Japon, Inde, Iran…). Si la PBM suscite aujourd’hui un véritable engouement, cela n’a pas toujours été le cas. Le spécialiste niçois en explique les raisons : « Comme cela a été le cas pour la radiothérapie, la découverte des effets thérapeutiques du laser basse énergie est totalement empirique. Et longtemps, on n’a pas pris en compte la notion de dose. De ce fait, les résultats étaient assez décevants – dans 3/4 des cas, ça ne marchait pas – et la PBM sous-considérée. » Cette page est définitivement tournée. « Aujourd’hui, on sait donner la bonne dose sur une surface déterminée pour un effet précis. Et les résultats sont là ; ils ne font plus débat. » Mieux, ils poussent chaque jour à pousser plus loin les limites de ses applications. «Elle est devenue ces dernières années l’un des domaines de la médecine à la croissance la plus rapide », observe le Pr Bensadoun, avant d’énumérer quelques-unes de ses indications: « Prise en charge des effets secondaires des traitements anticancéreux, comme les mucites et épithélites après radiothérapie ou chimiothérapie, traitement des nécroses et plaies aiguës ou chroniques (escarres, plaies postopératoires), de la phase aiguë de l’infarctus du myocarde, des douleurs musculo-squelettiques… ». Vecteur d’espoirs considérables, l’utilisation de la PBM en neurologie ne cesse elle aussi de progresser. « À l’origine, on l’a testée comme un traitement de l’AVC ischémique aigu, grâce à son action régénératrice. Mais, aujourd’hui sa sphère d’utilisation s’est élargie et elle est utilisée par exemple dans les traumatismes cérébraux aigus ou chroniques. Un certain nombre de maladies neurodégénératives chroniques, y compris la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, se sont également révélées répondeuses à la PBM. » Les troubles psychiatriques ne sont pas de reste : dépression, anxiété, stress post-traumatique et troubles autistiques ont été jugés susceptibles d’être traités par PBM.
Pour les sportifs aussi
Et la maladie ne serait pas la seule cible de la photobiomodulation. Même les bien-portants peuvent en tirer profit. Les sportifs en particulier. « L’utilisation de la PBM améliore la performance musculaire chez les athlètes et accélère la vitesse de récupération après l’exercice. » Enfin, et cela devrait déchaîner l’enthousiasme de tous ceux que leur calvitie désespère, « la stimulation de la repousse des cheveux est une indication maintenant bien établie », annonce le Pr Bensadoun. Avant de « livrer » le bouquet final de ce feu d’artifice d’applications : l’amélioration des ridules et des rides du visage !
« Certaines connaissances sont encore nécessaires»
Reste une question, et pas des moindres : quel est le prix à payer pour tous ces effets bénéfiques ? « On a pu craindre un risque de développement de cancer sous PBM ; jusque-là, aucun événement de ce type n’a été mis en évidence. Il faudrait 21 fois la dose maximale que l’on applique pour que ce risque soit réel. Mais, cela n’autorise pas à faire n’importe quoi ! Même s’il est faible, le risque n’est pas nul, et l’on doit respecter des doses. Et aussi certaines recommandations, comme celle de ne jamais traiter en cas de suspicion de tumeur cutanée (non traitée) » Si le Pr Bensadoun se montre aussi catégorique, c’est pour prévenir certains comportements. Sachant que la PBM peut être réalisée avec de simples LEDs (diodes électroluminescentes), facilement disponibles sur les sites Web d’achat en ligne. «Ils sont aussi efficaces si leur qualité se rapproche de celle
des lasers. Mais certaines connaissances sont encore nécessaires pour identifier les meilleurs paramètres à utiliser pour chaque indication. Le danger d’une utilisation large et sans contrôle est réel. » Message reçu par les 350 experts, étudiants, cliniciens et jeunes chercheurs réunis à l’occasion de ce congrès. Et qui ont pu repartir la besace pleine des dernières recommandations internationales et directives techniques, ainsi que d’un certain nombre de normes cliniques... Au bénéfice des patients qu’ils auront à traiter.