Une intervention pratiquée sans ouverture
Lorsque la douleur et le diagnostic l’imposent, il faut parfois opérer. Il est possible de le faire sans ouvrir, c’est le concept de la chirurgie percutanée. Encore assez confidentielle, cette technique présente des atouts indéniables. Pour bien comprendre, il faut savoir que la chirurgie traditionnelle consiste à ouvrir la zone pour corriger les déformations en utilisant souvent des vis et agrafes en métal. Cela implique des soins infirmiers et de ne pas poser le pied pendant quelques semaines. Pas toujours très pratique à gérer pour les actifs. «La technique “percutanée vraie” – qui consiste donc à opérer à travers la peau sans ouvrir – existe dans sa version moderne en chirurgie orthopédique depuis près de vingt-cinq ans aux États-Unis. Il existe des variantes avec des techniques hybrides («percutanée» avec pose de métal). En France, elle est encore relativement peu pratiquée et demande une formation spécifique», commente le Dr Raphaël Mosseri, chirurgien orthopédiste. Hallux valgus, déformation des orteils latéraux (orteil en marteau, en griffe) ou encore métatarsalgies d’appui… plusieurs types de pathologies peuvent être prises en charge par voie percutanée vraie (c’est-à-dire sans pose de métal, contrairement à la technique «percutanée fixée »). Le chirurgien utilise un moteur et des fraises spécifiques, introduites dans le pied via une toute petite incision de 2 mm. Par définition, le chirurgien n’a pas de vision directe de la zone et travaille sur écran radio. Pour prendre l’exemple d’une opération courante, celle de l’hallux valgus, «on utilise une première fraise pour retirer la « bosse ». Elle est « rabotée » et les débris d’os – qui forment ainsi une sorte de pâte – sont aspirés. Il est impératif d’éviter de laisser le moindre débris, détaille le Dr Mosseri. Avec une seconde fraise spécifique, on pratique une microsection du métatarse et de la première phalange du gros orteil. Ce geste permet de redresser de façon exhaustive l’axe du gros orteil en agissant sur la déformation du métatarse et de la phalange.» Pour résumer, le praticien gomme la bosse puis redresse les os.
Retour rapide au travail
À l’issue de l’opération, le chirurgien maintient le gros orteil axé avec un bandage élastoplaste. Le patient doit porter des chaussures spéciales munies d’une semelle complète arrondie pour dérouler le pas de façon naturelle tout en protégeant l’avant du pied. Mais surtout, il peut remarcher dès le lendemain, sans cannes. «Le bandage est changé une à deux fois en visites de contrôle. Une radio est effectuée au trentième jour ; en principe on constate un début de consolidation suffisante pour retirer le bandage», indique le Dr Mosseri. La chirurgie percutanée du pied présente un avantage majeur, celui de permettre la reprise de la marche avec un appui complet du pied. Cela favorise la possibilité de retour rapide au travail (étant entendu que tout dépend du type d’activité professionnelle, du trajet et du mode de transport). Enfin, il est généralement possible de conduire avec les chaussures adaptées dès l’atténuation des douleurs.