Spectaculaire collision entre deux bateaux
L’équipage du porteconteneurs chypriote CLS Virginia a dû avoir la peur de sa vie hier matin aux environs de 7 h 30. Alors que le navire marchand, lège, se trouvait au mouillage à une quinzaine de milles au nord du Cap Corse, il a été littéralement éperonné par le travers par le Ulysse ,un roulier tunisien. Sous la violence du choc, la proue de ce dernier a pénétré d’une dizaine de mètres dans la coque du porteconteneurs ! Immédiatement averti de la collision entre les deux navires marchands qui, heureusement, n’a fait aucun blessé, le centre opérationnel de surveillance et de sauvetage de La Garde (Var) a pris la direction des opérations sous l’autorité du préfet maritime de la Méditerranée à Toulon.
Une fuite d’hydrocarbure
Si dans un premier temps, aucune voie d’eau n’a été constatée, une nappe d’hydrocarbure est rapidement apparue autour des deux navires accidentés. « Outre une brèche de plusieurs mètres de long dans la coque du CLS Virginia, l’une des cuves de carburant de propulsion du porte-conteneurs chypriote a également été percée, laissant échapper du fuel », a expliqué le capitaine de frégate Stanislas Gentien. Porte-parole de la préfecture maritime de la Méditerranée, ce dernier se veut néanmoins rassurant. « La nappe d’hydrocarbure, d’un peu moins de 4 km de long pour quelques centaines de mètres de large, ne menace pas la côte, mais au contraire s’en éloigne à faible vitesse ».
Délicate opération de séparation
Elle n’en demeure pas moins une pollution qu’il va falloir traiter rapidement. Sur ce point, la préfecture maritime de la Méditerranée n’a pas lésiné sur les moyens. Parti hier matin de Villefranche-surMer, le célèbre remorqueur de haute mer Abeille Flandre est arrivé sur zone dès hier 15 heures. Il a été rejoint dans la nuit par le bâtiment d’assistance, de soutien et de dépollution Jason. Alors que l’Ailette , un deuxième bâtiment spécialisé dans la lutte contre les pollutions maritimes doit appareiller ce matin de Toulon. La France n’est pas la seule à engager des moyens. Dans le cadre de l’accord Ramoge qui lie la France, Monaco et l’Italie pour la protection de l’environnement, nos voisins transalpins ont également dépêché sur zone trois navires. À leurs bords, ces bâtiments ont tout l’équipement nécessaire pour circonscrire la pollution et pomper le carburant qui s’échappe du CLS Virginia. Selon le commandant Gentien, cette opération, qui débutera aujourd’hui dès le lever du soleil, devrait nécessiter plusieurs jours. Mais l’opération, de loin la plus délicate, s’avère être la séparation des deux navires encastrés l’un dans l’autre. Hier, des spécialistes du milieu maritime et de ce type d’accident ont été transportés sur zone à l’aide d’un hélicoptère NH90 de la Marine nationale pour apporter leur expertise. Reste à expliquer les causes de cette collision. Comment, alors que la météo était clémente, la visibilité excellente, le roulier tunisien a-t-il pu éperonner le CLS Virginia ?Ce dernier avait-il bien ses marques de mouillage? Autant de question auxquelles la Gendarmerie maritime, à qui a été confiée l’enquête, devra répondre.