Nice-Matin (Cannes)

Un apprenti qui vaut de l’or

Ariful Islam Mozumder, oeuvrant au Figuier de Saint-Esprit, vient d’être sacré « Un des Meilleurs Apprentis de France ». Son parcours ? Épatant...

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Le geste ? Maîtrisé. Le rythme ? Domestiqué. La pression ? Domptée. Il y a encore quatre ans en arrière, il ne se voyait pas derrière les pianos. Son talent et sa force de travail en ont décidé autrement. Si aujourd’hui Ariful Islam Mozumder tire de sa poche une médaille aux teintes de blé ensoleillé, c’est après des heures et des heures de labeur. Sacré « Un des Meilleurs Apprentis de France » à Paris il y a quelques jours, il affiche un sourire XXL devant cette distinctio­n en or: « Ce n’est pas une fin. Ce n’est que la suite de l’aventure. » Du haut de ses vingt ans, ce passionné formé au sein de la Faculté des métiers de Cannes, affiche une philosophi­e à toute épreuve : « Le stress n’a pas énormément de prise sur moi. Je relativise toujours et je me concentre sur la tâche à accomplir. » Une force de caractère qui en dit long sur son parcours. Parce qu’avant de porter fièrement le tablier aux couleurs du Figuier de Saint-Esprit, restaurant antibois du chef étoilé Christian Morisset, le jeune homme a affronté d’autres épreuves : «J’ai dû partir de chez moi. »

Il quitte le Bangladesh

Pas encore sorti de l’adolescenc­e, il quitte son Bangladesh natal. Et part rejoindre un oncle installé en Italie. Pas longtemps : il le transfère dans une structure à Paris avec d’autres minots qui partagent son statut de mineur isolé étranger. Puis, l’administra­tion l’envoie au sein d’un foyer de l’enfance dans la cité des Remparts. Le chef Poitevin lui donne une chance d’apprendre à ses côtés. Et à raison ! (voir ci-dessous) Puisque cet amoureux de la cuisine française y découvre sa vocation : « Au début je ne parlais pas du tout français. Mais avec les gestes je comprenais. » Doté d’une motivation exemplaire et d’un sens de la rigueur aiguisé, il se met en tête de réussir. Préparatio­ns de concours, école, services et même sport, son quotidien défie le 100 à l’heure : « En plus, j’ai la chance de pouvoir bénéficier des conseils du chef mais aussi de l’implicatio­n de toute sa famille qui me soutient énormément. » Ariful Islam Mozumder n’est définitive­ment plus seul. Et débute justement une nouvelle page après avoir décroché son diplôme: «Désormais je suis commis !» Un contrat signé dans la brigade du chef Morisset, dont il parle avec un sourire empli de reconnaiss­ance, de respect. Mais il sait que le jour viendra de le quitter. Du coup, le futur, il le voit comment ? « Je pense qu’on est apprenti toute sa vie au final ! Alors je vais continuer d’apprendre. Je souhaite intégrer de grandes brigades étoilées, aller à Paris… » Continuer les compétitio­ns aussi ? Assurément oui! Le challenge? Il l’a dans la peau. La légère tension du classement? Il s’en amuse: «À chaque fois que les résultats sont annoncés au micro lors des concours, je sais que c’est mon tour lorsque la personne n’arrive pas à prononcer le nom noté sur la feuille. C’est normal, ce n’est pas courant.» Pourtant, il y a fort à parier que d’ici quelques années son nom sera difficile à oublier…

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(Photos Eric Ottino et DR)
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Le chef étoilé Christian Morisset, Ariful Islam Mozumder et Jean-Marc Delacourt, Meilleur ouvrier de France.
 ??  ?? Ariful Islam Mozumder a remporté la médaille d’or avec en plat salé : son saumon d’Isigny traité de deux façons et en sucré : ses petites moscovites rubanné.
Ariful Islam Mozumder a remporté la médaille d’or avec en plat salé : son saumon d’Isigny traité de deux façons et en sucré : ses petites moscovites rubanné.
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