Nice-Matin (Cannes)

Casse-tête

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Un an et demi seulement après l’élection d’Emmanuel Macron, voici déjà venu, après une rentrée chaotique, le temps d’un remaniemen­t net et massif, pour redonner à l’exécutif un nouveau souffle. Après la démission de Nicolas Hulot, que torturait l’exercice du pouvoir, la question se posait encore. Mais après le départ en fanfare de Gérard Collomb, supposé jusqu’au mois dernier encore être à la fois le mentor politique et le plus proche du chef de l’Etat, la nécessité s’en impose. D’autant que bien des ministres nommés en mai dernier, et surtout ceux venus de la « société civile », comme on dit, sont restés inconnus : preuve pour le moins que leur action n’a pas été efficace ou est passée inaperçue, telle Delphine GényStepha­nn, dont on apprendra seulement au moment où elle risque d’être exclue de la nouvelle compositio­n gouverneme­ntale, qu’elle était secrétaire d’Etat auprès de Bruno Lemaire. D’autres ont alimenté la critique permanente, comme Françoise Nyssen à la culture. Bref, en dehors du Premier ministre, - et encore, rappelons qu’il était il y a six mois seulement surnommé M. Nobody -, personne ne s’est imposé. Cette impression, juste ou injuste, d’un gouverneme­nt ectoplasmi­que, est de nature, dans la tourmente, à fragiliser davantage un Président de la République qui ne trouve pas, derrière lui, les poids lourds nécessaire­s pour jouer les paratonner­res. Le remaniemen­t dont l’ampleur devrait être connue demain est en réalité, pour ceux qui le concoctent à l’Élysée et à Matignon, un vrai casse-tête. D’abord, parce que dans la majorité En Marche issue de l’élection présidenti­elle, il y a beaucoup de nouveaux venus à la politique qui risquent bien une fois nommés d’être aussi transparen­ts que ceux qui les ont précédés. Puis, parce la première urgence est la nomination d’un ministre de l’Intérieur solide et compétent, qui soit également très proche du chef de l’Etat- ce qui ne court pas les rues. Ensuite, parce que le temps des « prises de guerre » se fait plus difficile pour un Président qui n’est plus auréolé de sa victoire, mais connaît ses premiers revers. Et enfin parce que le Président est tenu de respecter l’équilibre du fameux « En même temps » : autant d’anciens juppéistes que d’anciens socialiste­s, avec ce qu’il faut de centristes pour contenter François Bayrou; autant d’hommes ou de femmes politiques confirmés que de nouveaux marcheurs. Bonne chance !

Le temps des « prises de guerre » se fait plus difficile pour un Président qui essuie ses premiers revers

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