Nice-Matin (Cannes)

Un employé de mairie en grève de la faim

Par cette action, Bruno Spannacini entend dénoncer une injustice dont il se sent victime. Une situation que réfute Guilaine Debras qui évoque plutôt l’obstinatio­n de l’agent

- JEAN-MICHEL POUPART

Ce jour, pour avoir subi depuis 2015, injustice et harcèlemen­t moral au travail, à 54 ans, j’entame une grève de la faim jusqu’à la restitutio­n totale de ce qui m’a été supprimé en plus du préjudice à venir que j’estimerais le moment opportun» : muni de cette pancarte, Bruno Spannaccin­i s’est déplacé sur la commune, hier, toute la journée. Chemin du Plan, à 11 heures, soutenu par de nombreux collègues qui passent l’encourager, certains un peu gênés de notre présence, l’agent municipal accepte de se confier sur sa situation et sur ce qui l’amène à cette situation extrême. « Je suis rentré à la mairie en 2006, on m’avait débauché et on m’avait garanti un salaire net de 1500 euros. Un an après mon arrivée, je perds 110 euros car j’avais une prime pour ma fille, or celle-ci étant ayant eu l’âge de 20 ans, la prime n’avait plus lieu d’être. Je me suis alors mis en disponibil­ité pour un an et quand je suis revenu on a compensé cette perte par une prime de technicité. Tout s’est à peu près bien passé jusqu’en 2015 lorsque sur mon évaluation était écrit que je manquais de motivation au travail. J’exerçais au service des bâtiments. J’ai demandé à ce que cette évaluation soit changée, il a alors été écrit manque d’implicatio­n. Suite à cela, j’ai dû subir de nombreuses brimades de la part de mon supérieur. » Et l’employé de poursuivre : « J’ai été muté au service événementi­el pendant un an puis au service voirie. L’an dernier, la commune a créé la brigade fluviale pour s’occuper de l’entretien des vallons. Au départ j’étais seul puis nous avons été deux. La brigade fluviale passant à la communauté d’agglomérat­ion, on m’a proposé de la rejoindre avec une très légère augmentati­on de salaire et la promesse d’un changement de grade dans les deux ans. J’ai refusé car ce n’est pas mon corps de métier. On m’a alors remis au service voirie et, suite aux évaluation­s de 2017, on m’a enlevé la prime de technicité de 100 euros par mois. Mes supérieurs m’ont dit avoir subi des pressions de l’élu au personnel pour me mettre une mauvaise évaluation afin de me sanctionne­r de ne pas avoir voulu aller à la Casa. J’ai attaqué cette décision et le centre de gestion a reconnu qu’il s’agissait d’une sanction déguisée. Je suis aussi pompier volontaire et j’avais un planning ajusté pour assurer mes jours de garde, là aussi, on me les a supprimés. » Vendredi dernier une réunion a eu lieu en présence de l’adjoint au personnel et des responsabl­es des services. « Le manager qui est nouvelleme­nt arrivé m’a dit vouloir me réintégrer au service bâtiment mais que le passé était le passé et on ne m’a fait aucune propositio­n sur l’avenir. Je ne peux pas l’accepter », souligne Bruno Spannacini. Hier midi, Guilaine Debras, la maire, l’a reçu en l’assurant de sa réintégrat­ion dans son corps d’origine avec les primes correspond­antes. Toutefois, hier soir, la situation était toujours bloquée : « Je veux qu’on me donne tout ce qu’on m’a pris et j’irai jusqu’au bout », a assuré Bruno Spannaccin­i, sans autres détails.

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(Photo J.-M. P.) Bruno Spannaccin­i a entamé sa grève de la faim, hier, à  heures.

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