Mémoire de Grassois Alain Penna
Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui , Alain Penna évoque la commune libre des Roumégons.
Constitué de plusieurs quartiers assez éloignés les uns des autres, formant autant d’entités particulières au riche passé historique, Magagnosc est l’un des plus anciens hameaux de la cité des Parfums. Son allure de village, dominant une campagne vallonnée, évoque l’habitat d’autrefois, niché sur un promontoire rocheux, en prévision d’éventuels dangers. C’est ici que voit le jour, en ce mois d’avril 1944, Alain Penna, dont les parents Gabrielle et Second, travaillent chez Mane, un des fleurons de la parfumerie grassoise. « J’étais le petit dernier. Mes deux frères aînés étaient déjà des adolescents lors de ma naissance et malgré notre différence d’âge, je m’entendais très bien avec eux. »
La voie ferrée du train des Pignes transformée en terrain de jeux
La famille habite le quartier des Roumégons constitué d’une placette où s’élève la chapelle SaintAntoine, non loin d’un ancien moulin à huile. Pour rejoindre l’école, Alain, avant de traverser la route départementale, doit franchir la voie des chemins de fer de Provence qui vient tout juste d’être désaffectée, le bombardement des ponts l’ayant rendue inexploitable. « Les wagons se trouvaient encore sur les rails. C’était une aire de jeu formidable pour mes copains et moi, au grand dam de monsieur Barré, le chef de gare toujours en place et qui habitait alors la petite maisonnette aujourd’hui disparue. » Après sa scolarité, Alain entreprend une formation de plombier et trouve aussitôt un emploi au sein de l’entreprise Betti, sise rue de la Pouost. Après son service militaire, effectué dans le corps des Chasseurs Alpins, le jeune homme entre au service des eaux de la ville de Jean-Honoré Fragonard. Il y demeurera une trentaine d’années, jusqu’à l’âge de sa retraite.
Second Penna, maire de la commune libre
Le père d’Alain est très investi dans la vie du quartier, à tel point qu’il crée avec un groupe d’amis la commune libre des Roumégons dont il sera le maire. Après la guerre, un optimisme né de la Libération et du renouveau s’était emparé de Grasse et de ses hameaux. Les habitants, après des périodes particulièrement éprouvantes savouraient une joie aussi simple que bon enfant. En 1950, trois quartiers s’érigent en républiques libres : l’Oratoire, les Ribes et les Roumégons. Ils deviennent les centres d’une vie intense et communautaire à laquelle l’ensemble des habitants participe. Et Alain de poursuivre : « L’emblème de la nouvelle commune libre était l’escargot. Le moulin à huile accueillait la mairie et les repas organisés par le comité. » L’hiver semble alors la grande période d’activités avec l’arbre de Noël pour les enfants, le bal du Mardi-Gras et surtout la fête de la Saint-Antoine avec procession, bannières et office avec distribution de pain béni. Aujourd’hui, Alain et sa compagne Graziella vivent à Saint-Cézaire où ils sont très impliqués dans la vie associative, tout en restant très proches de leur famille et de leurs sept petits-enfants. Alain est le président du Cercle de la Paix créé en 1912. A l’image des communes libres, ces associations autrefois nommées chambrettes des Provençaux, perpétuent la tradition et demeurent des lieux conviviaux où des manifestations sont régulièrement organisées entre les membres et leurs amis. Si une sortie à Ajaccio est prévue en novembre, le prochain repas aura lieu le 28 octobre prochain. Une occasion de renouer avec la tradition qui rappelle à Alain le temps de la commune libre des Roumégons.