Nice-Matin (Cannes)

COUP D’ARRÊT AUX BRAQUEURS KAMIKAZES

Contraint de sacrifier un complice en l’envoyant, visage découvert, dans la bijouterie Julian, rue d’Antibes, des malfaiteur­s ont été à nouveau rattrapés par la police judiciaire niçoise

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Quatre malfaiteur­s soupçonnés d’avoir braqué la bijouterie Julian, fin septembre à Cannes, ont été placés en détention. L’un d’entre eux avait pénétré à visage découvert dans le commerce avant de faire entrer ses complices au visage masqué.

Ils ont eu le temps de vendre leur butin bien mal acquis (des montres et des bijoux estimés à un million d’euros) mais pas de profiter de leur argent. Sept personnes, âgées de 22 à 25 ans, ont été interpellé­es par la BRB de la police judiciaire de Nice et la Brigade de recherche et d’interventi­on la semaine dernière, après le braquage le 25 septembre de la bijouterie Julian, rue d’Antibes à Cannes. Neuf jours après le vol, l’équipe a été démantelée. Seul manque à l’appel l’un des protagonis­tes, en fuite à l’étranger. Quatre Azuréens, tous déjà connus de la justice, viennent d’être mis en examen au tribunal de grande instance de Grasse pour vol à main armée ou complicité. Ils ont été placés en détention provisoire. Une femme qui les a hébergés a été remise en liberté sous contrôle judiciaire.

Un braqueur sacrifié

La BRB porte à nouveau un coup très dur à ces équipes dites à tiroir, spécialisé­es dans les attaques à main armée chez des commerçant­s ou des particulie­rs supposés aisés. Pour pénétrer aujourd’hui dans les bijouterie­s modernes en franchissa­nt le sas de sécurité, il est nécessaire d’opérer à visage découvert. C’est la technique dite du « kamikaze » envoyé au front par des commandita­ires suffisamme­nt persuasifs ou menaçants. «Les sacrifiés peuvent être des sans-domicile-fixe, des étrangers en situation irrégulièr­e ou des repris de justice qui doivent s’acquitter d’une dette », précise le commissair­e divisionna­ire Philippe Frizon, patron de la PJ niçoise. Dès l’alerte donnée, les enquêteurs de la BRB ont pu travailler sur le braqueur, présent dans les fichiers puisqu’il était sorti de prison en août dernier. Sur les caméras de surveillan­ce, on le voit se faire ouvrir la porte de la bijouterie, demander à voir des bagues de fiançaille­s et des montres. Au moment où la vendeuse sort ses présentoir­s, l’individu exhibe une arme de poing, menace le personnel et intime l’ordre de déverrouil­ler le sas. Rejoint par un complice casqué, les deux braqueurs sortent dans la rue où un complice patiente sur l’un des deux scooters.

De retour de région parisienne

Des engins volés retrouvés dans l’après-midi en partie calcinés près du centre héliomarin d’Antibes. Malchance pour les malfaiteur­s et coup de chance pour les policiers, un témoin a aperçu un automobili­ste au volant d’une Volkswagen Passat embarquer les malfaiteur­s. Cet adepte du covoiturag­e a lui aussi été rapidement identifié. La PJ le soupçonne d’être en lien avec un cinquième homme qui, lui, a l’envergure pour être le cerveau de l’attaque. Le travail sur la téléphonie démontrera que toute l’équipe, originaire d’Antibes, Vallauris, et Cannes-laBocca, a rapidement quitté la Côte d’Azur pour rendre visite à une proche du commandita­ire, dans la région parisienne. La PJ décide alors de les interpelle­r à leur retour dans la région jeudi dernier. A l’issue de quatre jours de garde à vue (durée prévue en cas d’associatio­ns de malfaiteur­s), les enquêteurs ont la conviction de détenir le braqueur, le guetteur, le commandita­ire et le complice venu en Passat récupérer l’équipe. Manque à l’appel le second braqueur en fuite à l’étranger. Les bijoux et les montres sont également introuvabl­es mais de l’argent liquide a été trouvé lors des perquisiti­ons. L’enquête se poursuit désormais sous la direction d’un juge d’instructio­n grassois. Depuis deux ans, la police judiciaire de Nice peut se targuer d’avoir élucidé l’ensemble des vols à main armée commis à l’ouest du départemen­t. Une réussite qui devrait faire réfléchir les malfaiteur­s locaux.

 ??  ??
 ??  ?? La résolution du braquage de la bijouterie est à mettre à l’actif de la BRB de la PJ de Nice, très efficace depuis deux ans dans ce domaine. (Photo Patrice Lapoirie)
La résolution du braquage de la bijouterie est à mettre à l’actif de la BRB de la PJ de Nice, très efficace depuis deux ans dans ce domaine. (Photo Patrice Lapoirie)

Newspapers in French

Newspapers from France