Nice-Matin (Cannes)

Chraz : « J’ai été amputé du er degré à la naissance »

Le comédien monte sur les planches avec Euh… et son beau noeud papillon. Il dénoue les grands mystères physiques qui nous dépassent au théâtre Le Tribunal

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Un parler si franc que ça frise la poésie. Ouais. Chraz c’est du texte, du mot et une bonne dose de degrés. Ah ça non, faut pas tout prendre au premier ! Et c’est justement ça qui est bon avec lui. C’est que le comédien pousse le public à utiliser ses méninges. Preuve en est avec son spectacle Euh… qu’il présente dès aujourd’hui au théâtre Le Tribunal d’Antibes. Et sur ce coup-là, il endosse le costume de professeur, de savant. Fou? Non, vous vous trompez. C’est au-delà de ça…

Comment est né ce spectacle ?

Comme tous les spectacles : par hasard. Je suis assez fan de physique, je voulais faire un truc à la con là-dessus. Du coup, J’en profite pour faire croire que je suis intelligen­t vu que je peux en avoir l’air avec une dégaine d’Einstein. Le but du spectacle c’est de relativise­r les choses : Si le soleil était une orange, la terre serait un grain de riz à quelques mètres et si l’univers avait un an, nous les homo sapiens, on ne serait là que depuis vingt minutes, mais est-ce une raison pour ne pas se la péter grave ? On est juste… rien du tout.

La bêtise humaine : une source d’inspiratio­n infinie ?

Je ne peux pas me battre contre l’intelligen­ce : je n’en ai pas les moyens. Mais on peut toujours déconner, se moquer de nousmêmes… Et y’a du boulot !

Comment se passe l’écriture d’un spectacle comme celui-ci?

j’ai toujours des tas de petits trucs écrits. J’ai l’idée de départ puis je fais des sortes de puzzles avec des morceaux. Comme une mayonnaise. Après c’est compliqué pour ceux qui ne sont pas naturellem­ent idiots de trouver les formules mais moi je n’ai pas besoin de me forcer. J’ai trop de choses à dire. J’ai quatre spectacles différents. J’ai de quoi en écrire encore d’autres… Et bien sûr, oui : j’ai toujours un stylo, du papier. Même à côté de mon lit.

L’humour cosmique, c’est quoi ?

C’est changer de dimension, partir d’une chose qui a l’air sérieux et la décliner sur un truc complèteme­nt idiot qui a l’air savant mais en fait ne veut rien dire. Puis, avant toute chose on est là pour faire rire hein. Faut pas se prendre pour un militant. Puis, les discours des militants ils sont gratuits…

C’est ça votre limite : le militantis­me ?

C’est même naturel en fait. J’ai été amputé du premier degré à la naissance. Je n’arrive pas à prendre les choses au sérieux. Dans une conversati­on sérieuse je suis chiant justement. Sincèremen­t. Je cherche toujours à dévier les choses. On est tellement ridicules, je vois toujours le rôle, le masque, que les gens portent. Je n’arrive pas à voir la personne derrière tout ça.

Vous dîtes que vous n’êtes niconnu, ni inconnu : c’est chouette d’être un « ni-ni » ?

C’est génial ! Alors oui, on n’est pas pété de thunes. Mais je n’ai pas le chromosome de la prostituti­on. J’ai fait pas mal de radio, très peu de télé. Je fais partie du circuit dans son côté marginal. Mais je ne regrette rien. D’ailleurs en allant voir Anne Roumanoff la dernière fois c’est ce que je me suis dit : bon bah je ne regrette rien. J’assume d’autant plus que je n’ai rien contre elle.

Vous n’étiez pas assez « formaté » télé pour y rester ?

Je n’arrive pas à faire semblant, à la fermer. C’est un problème. Mais c’était super : j’ai bossé à Canal, j’ai gagné  briques – en francs – mais au bout de six mois ça peut plus durer. Je ne reste pas. Comme avec Ruquier j’ai fait deux ans et demi, trois ans… Mais je n’y arrive pas. Quand la caméra passe sur moi, je ne peux pas faire semblant. Et quand on n’arrive pas à faire semblant dans ce monde-là, on s’en va. Le système est là pour se faire cirer les pompes, pas pour que vous puissiez donner votre avis sur lui.

Au moins vous êtes « libre »

Oh, ce n’est même pas une question de liberté. L’important c’est surtout de réussir à ne pas être frustré. C’est pour cela que je n’ai jamais habité à Paris. Mes copains qui y sont n’arrivent pas à oublier qu’il y a des plus cons et plus mauvais qui réussissen­t en les voyant tout le temps. Quand on se compare, on se pose des questions. Et le problème avec les questions c’est qu’il y a des réponses…

Mais vous regardez la télé?

Oui, je regarde Zorro. Parce qu’il est “Vainqueur à chaque fois”... Pas de surprise quoi. Mais je me méfie sur les épisodes que je n’ai pas vus quand même. Mais sinon j’aime bien les films d’action voilà. Après les émissions qui reposent sur le principe : des incompéten­ts qui jugent d’autres nuls… Non merci ! Euh… par Chraz, aujourd’hui, demain, vendredi et samedi à 20 h 30, au théâtre Le Tribunal, 5 place Amiral-Barnaud à Antibes.Tarifs : 11 à 18 euros. Rens. 06.43.44.38.21.

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Du texte, du mot et de l’impertinen­ce : c’est professeur Chraz sur les planches aujourd’hui ! (DR)
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