Les chiffres
euros. C’est le prix du kilomètre en course d’une saison de F chez Renault. Si l’on considère que le budget annuel de l’écurie est de millions d’euros et que les deux monoplaces doivent chacune parcourir kilomètres sur les Grands Prix du calendrier . La course la plus longue est celle du Paul-Ricard avec un total de kilomètres. Ingénieur motoriste français, Cyril Abiteboul est, depuis 2016, directeur général de Renault F1. Exigeant et ambitieux, ce jeune quadragénaire espère bousculer la hiérarchie pour que Renault puisse jouer le titre de champion du monde d’ici 2020.
Cyril, Renault est un constructeur français, pourquoi son équipe F est-elle installée au coeur de la campagne anglaise et non pas en France ?
Renault est certes un constructeur français, avec une histoire française, mais aussi avec des aspirations internationales, notamment marquées par son alliance avec Nissan. Et c’est la même chose avec son écurie de F. Nous avons par ailleurs personnes en France à Viry (la partie moteur de Renault F est confiée à l’usine de Viry-Châtillon, Ndlr). Mais je n’aime pas opposer les pays et c’est bien d’aller chercher des talents partout dans le monde. Et puis nous n’aurions jamais été capables d’attirer les personnes que nous avons recrutées en trois ans, si nous n’avions pas été ici.
Parce que cette région de l’Angleterre est incontournable quand on parle de F ? Oui, ici un ingénieur peut travailler chez Williams, puis chez Red-Bull, passer ensuite chez McLaren ou encore chez Mercedes sans avoir à déménager. Et quand on connaît l’attachement des Anglais à leurs maisons et à leurs jardins…
L’écurie n’est donc pas en France et n’a pas non plus de pilote français. Pourquoi ne pas avoir recruté Esteban Ocon pour la saison prochaine ?
C’était compliqué. On se projetait potentiellement avec lui pour la saison prochaine, mais on avait un vrai problème avec son appartenance à Mercedes (le pilote normand qui quittera Force India à la fin de la saison et sera probablement sans volant pour la saison prochaine, est sous contrat avec l’écurie dirigée par Toto Wolf, Ndlr). Moi, dans l’esprit, ça m’embête d’avoir un pilote prêté par une écurie avec laquelle je rivalise. Par contre, on se projette toujours avec Esteban sur du court ou moyen terme. Il faudra juste qu’il soit un pilote exclusivement Renault. Mais rassurez-vous, Esteban est trop talentueux pour ne pas courir à nouveau en F.
Votre choix s’est donc porté sur Daniel Ricciardo. C’est le signe que Renault vise haut pour la saison prochaine ?
Ce n’est pas juste une année, C’est un programme sur quatre ou cinq ans. Et ce n’est pas parce que l’on a Ricciardo que tout à coup, on va être champion du monde. Mais recruter Daniel, c’est un message fort en externe comme en interne où les personnes qui travaillent pour nous ont besoin d’être boostées. Après, ce n’est pas non plus un choix évident car je ne voudrais pas qu’il soit frustré.
Frustré parce que l’écart avec Mercedes, Ferrari et Red Bull, d’où Ricciardo arrive, ne cesse finalement de grandir ?
Oui, vous avez raison, l’écart n’a pas diminué et a même un peu augmenté. Mais on réfléchit depuis un moment à et il faut que l’on soit peut-être plus agressif, plus rapide et plus malin. Que l’on pense différemment. Vous savez, on présente souvent la F comme un sport où l’humain passe au second plan, où tout dépend des machines, mais en réalité, il n’y a pas un seul sport qui mobilise autant d’hommes. Nous sommes une équipe de personnes. ENTRETIEN RÉALISÉ PARL.S.