Nice-Matin (Cannes)

Faut-il interdire les cabines UV ?

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande la fermeture des cabines de bronzage, évoquant un risque avéré de cancer de la peau. Les profession­nels voient rouge

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Au terme d’une étude sollicitée par le ministère de la Santé, l’Anses recommande aux pouvoirs publics d’adopter « toute mesure pour faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiel­s à des fins esthétique­s». Dans le collimateu­r des experts: les cabines de bronzage. Leur effet, comparable à celui d’un « soleil tropical », augmentera­it le risque de cancers cutanés. Ce rapport rappelle aussi que les UV artificiel­s provoquent un vieillisse­ment de la peau estimé quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec les ultraviole­ts naturels. Et que la coloration n’assure aucune protection contre les coups de soleil. Dans une région où le climat permet de se vêtir légèrement et de s’attarder sur les terrasses et les plages, ce qui pourrait ressembler à la mort programmée des cabines ne ravit pas les client(e)s. Stéphane, Niçois de 38 ans, n’aime pas débarquer « trop blanc » sur les galets. Le bronzage lui paraît aller de pair avec une alimentati­on saine et une activité sportive régulière : « Je prends soin de moi, j’aime avoir le teint hâlé. » Un « petit plaisir » qu’il s’accorde à raison d’une séance par semaine, pour un coût mensuel de 80 €. Quid du risque ? « Comme en toute chose, il faut faire avec parcimonie. Boire de l’alcool, fumer, consommer trop de plats préparés ou simplement traverser la rue, tout expose au danger. »

« Rien de nouveau »

Stéphane se souvient d’avoir essayé, dans les premiers temps, d’obtenir de l’opérateur qu’il pousse le curseur : « J’étais pressé d’être bronzé.» Le gérant l’a raisonné. Excédé, ce dernier estime que cette étude n’apporte aucun élément scientifiq­ue probant. En gros, rien de nouveau sous le soleil, fut-il artificiel. «Si vous faites trop d’UV ou si votre peau n’est pas adaptée, c’est sûr que le risque existe. Mais les gens ne sont pas stupides. Ils savent que dans tous les domaines, les excès sont mauvais. » Son centre compte une demi-douzaine de machines à plus de 30 000 € l’unité. Il souligne que des contrôles rigoureux sont diligentés par la direction de la répression des fraudes. Cette interdicti­on serait « une mesure idiote, une absurdité ». Laurence Ty dirige Slym & Tan by Megasun, à Cannes. Son avis est plus contrasté. « Cet avertissem­ent récurrent ne repose pas sur des données fiables. Mais ce genre de mise en garde est utile car il y a eu beaucoup d’abus. » Elle martèle que la réglementa­tion française, récemment renforcée, est la plus sévère d’Europe. L’interdicti­on des cabines, elle n’y croit pas une seconde : « Ou alors, fermons aussi toutes nos plages. »

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Selon un rapport rendu public hier, les cabines de bronzage émettent des rayonnemen­ts à forte intensité, équivalant à l’exposition à un soleil tropical. (Photos P. Blanchard et F. Baille)

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