Nice-Matin (Cannes)

PIP : la Cour de cassation redonne espoir aux victimes

Mercredi à Paris, la Cour de cassation a cassé l’arrêt de la cour d’appel qui avait innocenté le groupe allemand TÜV, chargé de certifier les prothèses mammaires PIP, fabriquées dans le Var

- ALP

La cour de cassation a annulé mercredi l’arrêt rendu le 2 juillet 2015 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, et renvoie les parties devant la cour d’appel de Paris. Cette annulation s’inscrit dans la suite de l’affaire des prothèses mammaires frauduleus­es de la société Poly Implants Prothèses (PIP). Pendant plusieurs années, cette société, implantée dans le Var, avait rempli ses prothèses mammaires avec un gel frauduleux, au mépris de toutes règles sanitaires. 400000 femmes ont été touchées dans le monde (dont 70000 en France) et 30 000 sont actuelleme­nt suivies dont 18667 ont dû subir une explantati­on de leur prothèse. Ces prothèses présentent un risque important de rupture précoce. La cour d’appel d’Aix-en-Provence, au contraire du tribunal de commerce de Toulon, avait considéré le groupe allemand Technische­r Uberwachun­gsverein (TÜV), certificat­eur des prothèses PIP, comme une victime du «système Mas », la

(1) fraude organisée ne lui ayant pas permis, selon les juges, d’effectuer les contrôles de suivi de la certificat­ion. Au grand dam des 1700 victimes plaignante­s, qui ont dû rendre les 3400 euros de provision qu’elles avaient touchés.

Un combat de plusieurs années

Lors de l’audience publique du 15 mai dernier, le débat avait porté sur l’obligation faite, ou pas, à un organisme certificat­eur de procéder au contrôle des achats de matière première du produit qu’il certifie. En l’occurrence le gel Nusil, le seul habilité pour les prothèses mammaires, dont la durée de vie est de six mois. Or, dans le cas précis de la société Poly Implants Prothèses, aucun achat de Nusil n’a été effectué en 2004, alors que sa production augmentait. Depuis des années, les requérante­s se battent pour démontrer la culpabilit­é de TÜV, qui selon elles «aurait dû, à l’évidence, relever cette incohérenc­e, si la société avait procédé à des contrôles inopinés». Les magistrats de la Cour de cassation jugent ainsi que la cour d’appel d’Aix-en-Provence n’a justement « pas répondu aux conclusion­s des demandeuse­s. Qu’en statuant ainsi, sans répondre à leurs conclusion­s, la cour d’appel n’a pas satisfait aux exigences du texte susvisé ». La cour d’appel de Paris devra donc se prononcer sur la responsabi­lité du certificat­eur. Alors que l’avocat des femmes qui ont mené cette action devant les tribunaux, Me Laurent Gaudon, du barreau de Marseille a accueilli cette décision avec émotion et espoir (lire ci-contre). De son côté, Cécile Derycke, avocate des sociétés TÜV Rheinland, prend soin de rappeler que «la Cour de cassation ne tranche pas les questions de responsabi­lité, donc le débat à ce sujet va se poursuivre devant les juridictio­ns du fond. Nous sommes confiants sur le fait que les juridictio­ns continuero­nt de conclure à l’absence de responsabi­lité des sociétés TÜV Rheinland dans le cadre de l’affaire PIP.» Cette décision est une immense joie et j’en ai les larmes aux yeux ! Je suis ému car cette procédure a vraiment été très dure. On a tenté de m’empêcher de faire des recours par tous les moyens. C’est la possibilit­é pour les victimes du monde entier d’être indemnisée­s et je mènerai une guerre sans merci maintenant que TÜV est à terre. Je suis vraiment très remonté contre cette société qui, non seulement a mal fait son travail et qui s’est, de plus, comportée de manière immonde, abjecte et inhumaine avec toutes les victimes. Je pense que la cour d’appel va acter que TÜV a fait preuve d’une négligence inouïe et que la société sera condamnée.

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Venues d’Angleterre et de France, ces femmes avaient tenu à être présentes au moment de la décision. (Photo ALP)

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