Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Voilà, c’est fini

- MATHIEU FAURE

C’est officiel : Leonardo Jardim n’est plus l’entraîneur de l’ASM. Une fin douloureus­e qui ne rend pas hommage au parcours de l’homme de Madère. Le football se joue selon des règles écrites et puis il y a celles qui ne disent pas leur nom. Leonardo Jardim a été victime de l’une d’entre elles. Hier, l’AS Monaco a annoncé mettre fin au mandat de son entraîneur qui courait jusqu’en 2020. Ce n’est une surprise pour personne puisque tout était réglé depuis 48 heures. Peu après le JT de 13 heures, le club s’est fendu d’un communiqué, plutôt bref, dans lequel le coach portugais exprimait sa « reconnaiss­ance et fierté » d’avoir entraîné l’ASM quand Vadim Vasilyev, lui, tenait à « saluer avec le plus profond respect » le travail accompli par le Portugais. Un titre de champion de France, un quart et une demi-finale de Ligue des champions et puis surtout des joueurs : Kylian Mbappé, Bernardo Silva, Tiémoué Bakayoko, Fabinho, Thomas Lemar, Benjamin Mendy, Kamil Glik, Anthony Martial. Jardim aura mis sur le devant de la scène des joueurs incroyable­s. Il y a une certaine ironie à voir le coach de l’ASM se faire débarquer le même jour que la sortie d’une version du Time avec Kylian Mbappé en couverture sous le slogan « next génération leader ». Quatre ans de succès n’auront pas résisté à trois mois de crise. Le football est d’une cruauté sans nom. Ici et là, ses observateu­rs dénoncent l’ingratitud­e des dirigeants monégasque­s à se séparer de leur faiseur de miracles. Il y a un peu de vrai, mais la vérité est ailleurs.

A bout de souffle

Leonardo Jardim était, lui aussi, fatigué. Lassé. A court d’idées. Maintenir un club aussi haut sportiveme­nt en perdant ses meilleurs éléments chaque saison, ce n’est pas donné à tout le monde. Jardim l’a fait pendant quatre saisons de rang. La cinquième, qu’il avait annoncée comme étant « la plus difficile », s’arrête donc après trois nuls et une seule victoire en douze matches. Arrivé sur la pointe des pieds sur le Rocher, l’ancien entraîneur du Sporting est devenu un coach influent au gré de ses performanc­es en Ligue 1, mais surtout en C1 (le seul coach à avoir éliminé Guardiola en 8e de finale). Le voilà sur le marché du travail à un moment où les postes intéressan­ts peuvent se libérer (Manchester United, Bayern Munich). Monaco, de son côté, continue de verrouille­r son successeur après s’être séparé à l’amiable de Jardim. Hier, Thierry Henry tenait toujours la corde même si la presse italienne faisait état d’un plan B nommé Vincenzo Montella. A Monaco, rien n’a été fait dans la précipitat­ion, ce n’est jamais le cas et le club reste plus fort que les hommes qui le composent. Leonardo Jardim ne part pas seul puisque ses adjoints (José Barros, Nelson Caldeira et Antonio Vieira) le suivent. Pragmatiqu­e, malin, blagueur, mais parfois aussi rancunier quand ce qu’il lisait ne lui plaisait pas, Jardim restera forcément à part dans les annales de l’ASM. De notre côté, en cinq saisons à fréquenter le Portugais de Monaco à Shenzhen, il est délicat de retenir un moment précis mais il nous sera difficile d’oublier le déplacemen­t à Dortmund. A cause des attentats, les suiveurs de l’ASM s’étaient retrouvés sans vol retour ni hôtel. Sans hésiter, le ‘‘Mister’’ avait autorisé les journalist­es azuréens à faire le voyage retour dans l’avion des joueurs. Ce n’est rien pour certains, mais on n’a pas oublié ce geste au moment de lui dire, nous aussi, au revoir.

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(Photo JF Ottonello)

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