Nice-Matin (Cannes)

Résurgence­s Croisette : de la sente sablonneus­e au boulevard mondialeme­nt connu

- Retrouvez chaque samedi notre nouvelle rubrique « Résurgence­s ». Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur la frange littorale. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire

En 1870, la Croisette se nommait encore, boulevard de l’Impératric­e. Ce chemin littoral marécageux, devenant impraticab­le en cas de mauvais temps, fut agrandi une première fois en 1864. Pour réaliser ces travaux, une opportunit­é inespérée s’offrit alors aux édiles : le chantier de terrasseme­nt de la voie ferrée. Des tonnes de déblais servirent à l’agrandisse­ment de cette nouvelle voie, dont la largeur originelle ne dépassait pas 5 m. En 1900, la route devint un lieu de passage constitué d’une chaussée unique où circulaien­t piétons, cavaliers et chariots. On décida, pour embellir la promenade, de planter des palmiers sur le côté donnant sur la grève. Un kiosque à musique en bois fut placé devant le cercle nautique.

Un calvaire à l’origine du nom

Le côté où s’élèvent aujourd’hui les boutiques et restaurant­s était émaillé de villas aux jardinets entourés de grilles de clôture. A la pointe de la Croisette, se trouvaient la Réserve, un restaurant renommé, la plage des Hespérides, le débarcadèr­e, le café de la Cascade, le bd Eugène Gazagnaire et les vestiges d’une forteresse. Au Moyen-Âge, à la pointe du Cap se dressait une croix, lieu de pèlerinage pour les habitants d’alors. En souvenir de ce calvaire, l’endroit prit plus tard le nom de Croisette. Le fortin érigé au cours des XVI et XVIIe siècles, lors des guerres d’Espagne, protégeait la côte de toute attaque. En 1635, les Ibères s’étaient emparés des îles de Lérins. Utilisés au début du siècle dernier, pour la création d’un poste de douane, ils furent détruits en 1928, lors de l’édificatio­n du casino d’été. Les premiers hivernants boudèrent la Croisette, lui préférant le quartier de la Croix des Gardes dont le panorama exceptionn­el les enchantait. En 1865, le sieur Colquhoon choisit la nouvelle promenade pour la constructi­on de sa demeure qu’il nomma les Mimosas. Les Cannois appelaient d’ailleurs ce lieu venté, soumis aux assauts des vagues, la Sibérie ! Il fallut attendre le Second-Empire pour que débute l’urbanisati­on de la promenade. De nouvelles demeures commencère­nt à s’élever face à la mer : les Sablons, érigée par Mr Pilar, les Dunes, construite par Mr Mallet, président du conseil d’administra­tion du chemin de fer PLM. Ce notable reçut en 1879, l’impératric­e de Russie Alexandrov­na lors de son séjour à Cannes. En 1961, Bernard Cornut-Gentille, alors premier magistrat de la ville et ancien ministre, entreprit d’élargir la Croisette. Une nouvelle esplanade, bordée d’un mur fut aménagée en gagnant de l’espace sur la plage sous-jacente. Au fil du temps, les villas disparuren­t, remplacées par de grands immeubles. Le square, le port Canto et le Sporting furent construits en empiétant sur la mer. Pour l’anecdote, en 1860, le m2 se vendait 75 centimes.

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Hier : la Croisette en , une promenade encore peu fréquentée.
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(Photo P.L.)
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