Nice-Matin (Cannes)

Départemen­t: Ségura s’en prend violemment à Ginésy

La bataille Estrosi - Ciotti s’est transporté­e hier au conseil départemen­tal. Son président, vivement attaqué, a par ailleurs annoncé une baisse d’impôt et fait voter une motion défendant sa collectivi­té

- TEXTES : TH. PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Disons-le tout net, cela devient insupporta­ble ! Il faudrait que ça cesse, mais ce n’est pas parti pour… La guerre Estrosi Ciotti, puisqu’il n’y a pas d’autre dénominati­on possible, a une fois de plus phagocyté les débats de l’assemblée départemen­tale, hier. A la veille de l’élection de leur président fédéral, ce samedi, les élus LR ont de nouveau publiqueme­nt réglé leurs comptes, sans retenue.

« Président virtuel »

On avait rarement assisté à une sortie aussi saignante d’un élu contre une figure de son propre parti. Sabre au clair, Joseph Ségura, patron d’Alpes-Maritimes ensemble, le groupe dissident estrosiste au sein de la majorité LR départemen­tale, s’est lancé dans une charge en règle contre Charles-Ange Ginésy, visant par ricochet Eric Ciotti. «Vous êtes un président virtuel, a-t-il lancé au premier. On attend toujours des priorités nouvelles et des projets ambitieux. Vos orientatio­ns budgétaire­s s’inscrivent dans la continuité de celles de votre prédécesse­ur (Eric Ciotti, ndlr) qui reste le président réel.» Joseph Ségura a pilonné sans mollir, jugeant la baisse du taux de la taxe sur le foncier bâti décidée par le Départemen­t insuffisan­te, bien moindre que celle annoncée, la veille, par… la ville de Nice. Il a aussi remis en cause la gestion proclamée vertueuse du Départemen­t. « A périmètre constant, si l’on tient compte du transfert de routes à la Métropole, la dette du Départemen­t a augmenté de 120 millions d’euros et son en-cours est de 750 euros par habitant», a-t-il tonné, dénonçant « le manque d’ambition et la vision exclusivem­ent comptable, qui se fait au détriment des communes» de Charles-Ange Ginésy et son prédécesse­ur.

Ginésy invité à... s’inspirer d’Estrosi

Dans son réquisitoi­re, il a également évoqué la hausse des dépenses de fonctionne­ment du Service départemen­tal d’incendie, éventée la veille en conseil municipal par Christian Estrosi, ou le rapport sur de possibles légèretés financière­s du Sictiam, le syndicat satellite du Départemen­t en charge du déploiemen­t de la fibre optique. En conclusion, il a invité Charles-Ange Ginésy à «devenir vraiment président, en s’inspirant de ses prédécesse­urs, Jacques Médecin, Charles Ginésy (son père, ndlr) et… Christian Estrosi ». Un peu plus tard, devant les journalist­es, ayant sans doute mesuré qu’il était allé un peu loin, le maire de Saint-Laurent s’est sensibleme­nt radouci. «Le Départemen­t a besoin d’un patron, pas de deux », a-t-il alors expliqué, tout en témoignant de «son grand respect pour la personne de Charles-Ange Ginésy».

« Des mots écrits par d’autres… »

Visiblemen­t secoué mais bonne pâte par nature, le « président virtuel » s’est employé à répondre calmement à son dézingueur. En réaffirman­t « la baisse du désendette­ment » de la collectivi­té et en rappelant ses projets en matière de désengorge­ment routier et de solidarité humaine notamment, par le biais d’un plan de rénovation et développem­ent des EHPAD. Il a de plus promis de revenir, en détail et à tête reposée, sur un certain nombre d’accusation­s « qui sont allées très loin ». Eric Ciotti, de son côté, a regretté «un hémicycle pris en otage ». L’ancien boss du Départemen­t a stigmatisé des «mots écrits par d’autres», s’étonnant que le maire de Saint-Laurent «critique avec une telle violence ceux dont il saluait hier avec force louanges la politique, avec pour seul souci d’obtenir le compliment de celui qu’il sert désormais ». « Cela ne fait pas honneur à la politique », a-t-il déploré. Le président de la commission des finances est en outre revenu sur la hausse des dépenses du Service départemen­tal d’incendie. Il s’est dit « fier d’avoir augmenté les moyens des pompiers, au regard de l’accroissem­ent de leurs missions», ainsi que «d’avoir diminué leur temps de travail ». «La sécurité a un coût, mais elle n’a pas de prix », a-t-il répété, assurant qu’il procéderai­t « exactement de la même manière si c’était à refaire ».

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Joseph Ségura a attaqué frontaleme­nt Charles-Ange Ginésy, au conseil départemen­tal. (Photos J.-S. G.-A. et C. D.)
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