À quoi ressemblera Les toits végétalisés ne sont pas faits pour le Sud sauf à Monaco
Une population plus dense mais plus concentrée, beaucoup d’arbres, moins de béton, des maisons en bois, des magasins à côté de chez soi. Ce sera quasiment l’inverse de ce qui se fait aujourd’hui
Le changement de paradigme urbain! » Cet assemblage de mots est un peu obscur. Pourtant, il cache le renouveau des villes, ou plutôt selon l’expression à la mode la transition urbaine. Ces mots sont ceux d’un spécialiste des zones urbaines, Hubert Mazurek, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Il est aussi responsable d’un programme sur les villes méditerranéennes face au changement climatique. «Le changement de paradigme urbain!», c’est carrément adopter le modèle inverse sur lequel les villes se bâtissent encore aujourd’hui. Fini le tout béton, parce que le ciment qui le compose est le second poste de production des gaz à effet de serre (GES). De plus, ce n’est pas un très bon isolant ! Ne serait-ce que pour la chaleur qu’il emmagasine.
«Concevoir la ville en fonction du climat »
Le XXIe siècle va réécrire l’histoire des trois petits cochons. Le grand méchant loup, c’est le réchauffement climatique. Il s’en prend désormais aux maisons en béton. Ce sera celle en bois qui résistera. Le bois qui redevient un matériau noble. Dans les forêts, il capte et stocke le carbone. Un piège définitif, car, même transformé en maison, en plancher, ou en ombrière, il ne le relâchera pas dans l’atmosphère (lire ci-contre). Mais ce qui Christine Ravel et André Huber se sont installés à La Mole « pour oeuvrer avec le vivant ». C’est le but de l’agroécologie, vantée par l’agriculteur écologiste, Pierre Rabhi, auteur du livre La Convergence des consciences. L’agroécologie consiste en des gestes simples qui « utilisent les mécanismes de la nature pour produire de la nourriture », explique André Huber qui est aussi membre de l’association Partager la Terre. Le fumier a double rôle. C’est du carbone produit par les animaux et les végétaux. Le laisser en surface, c’est libérer du carbone dans l’atmosphère. L’enfouir, c’est laisser ce carbone dans le sol pour le fertiliser et l’empêcher de partir dans l’atmosphère. Cela évite les engrais chimiques et les émissions de gaz à effet de serre. Paillage pour protéger les plantes de la sécheresse, décoctions de plantes contre les maladies et parasites, autant de méthodes que Christine Ravel et André Huber enseignent lors de formations.
◗ Site partager-la-terre.fr/la-ferme-du-menage Tél. 06.25.49.59.71. est valable pour le Sud, ne l’est pas forcément ailleurs. « L’urbanisme devra concevoir la ville en fonction du climat, explique Hubert Mazurek. La ville a toujours été conçue comme une construction artificielle dépendante de l’extérieur : tout ce que consomme la ville vient de l’extérieur, l’eau, les aliments, l’énergie .... et tout ce que rejette la ville va vers l’extérieur, eaux usées, pollution, déchets, etc. C’est le principe du métabolisme urbain. Aujourd’hui avec les impératifs du changement climatique et la nécessité de maîtriser l’énergie et les GES, ce schéma doit changer : moins d’intrants et moins de rejets. » Cela bouscule quelques idées reçues et renforce d’autres solutions prônées depuis longtemps. Oublié Georges Pompidou, président de la République de 1969 à 1974, qui a fait entrer les voitures dans la ville. « C’était au nom de la modernité. Au nom de l’écologie, nous devons mettre les véhicules hors de la ville, insiste Hubert Mazurek, avec des transports connectés aux parkings. » Penser des habitations avec des toits plats pour accueillir des panneaux solaires et produire de l’électricité par immeuble ; pouvoir acheter son pain ou ses légumes et même aller au travail à côté de chez soi, sans avoir à prendre la voiture ; créer plus de pistes cyclables et des espaces pour piétons dans les zones d’activité car si le trajet est agréable, la voiture sera laissée au garage ; Les toits végétalisés, c’est bon pour l’Islande où ils existent depuis toujours. Le froid et l’humidité les fait prospérer sans beaucoup d’entretien. Ils s’étalent au sommet des immeubles à Monaco, où l’argent fait couler l’eau à flots. Beaucoup d’eau – tant qu’il y en a ! – pour que la végétation survive plus près du soleil. C’est l’exception qui confirme la règle! Le Sud n’est pas fait pour ça ! «Le bilan des expériences de toits ou murs végétalisés dans les zones sèches, comme le sud de la France, montre qu’ils sont abandonnés très rapidement au bout faire participer les habitants aux décisions concernant l’aménagement de leur quartier, par exemple, pour la végétalisation ou l’installation de services ; recycler au maximum les déchets.
Détruire ce qui a été construit entre et
Face à l’urgence, le dernier rapport du GIEC fait apparaître des positions beaucoup plus drastiques que précédemment. Selon Hubert Mazurek, « ce qui a été construit en entre 1950 et 2000, voire plus, est à détruire : les grands ensembles de banlieue et beaucoup d’immeubles des centre-villes. Ils nécessiteraient un coût trop important pour leur adaptation. Pour ce qui est du neuf, il est possible de concevoir des quartiers et des immeubles qui contribuent à la baisse des GES. Mais il ne faut pas se faire d’illusion, beaucoup de ce que l’on appelle les immeubles intelligents ou écoquartiers n’en ont que le nom. C’est souvent un argument commercial qui n’a pas de fondement. » Faut-il donc concentrer la population des zones urbaines ? « Ce n’est pas qu’il “faut” concentrer, c’est que la population se concentre d’ellemême. La ville est attractive depuis le néolithique, et cette croissance urbaine est continue et inéluctable. On se pose même la question de savoir si nous arriverons à 100 % de population urbaine. certains pays en sont à plus de 90 %, comme la Belgique, le Japon ou l’Islande.» de trois ou quatre ans, sauf dans les zones résidentielles de luxe », souligne Hubert Mazurek, directeur de recherche à l’IRD, Institut de recherche pour le développement. L’argument des promoteurs pour rendre acceptable un immeuble n’est plus valable. Même pendant trois ou quatre ans, inutile de payer des charges pour son entretien. Sur les toits, mieux vaut «planter» des panneaux solaires, et garder de la place au sol, non pas pour les voitures mais pour des espaces verts et des éoliennes, préconise Hubert Mazurek.