Et vous, quel est votre super-pouvoir? Grand angle
On a tous des super-pouvoirs, assure Florence Servan-Schreiber. La spécialiste en psychologie positive, chef d’entreprise et conférencière donne des pistes pour les activer
C’est une leçon de vie et de management réjouissante que Florence Servan-Schreiber a délivré aux chefs d’entreprise présents lors de la première édition d’InspirAction à la chambre de commerce et d’industrie de Nice. La conférencière, professeure du bonheur, comme elle se définit, diplômée en psychologie positive, leur a révélé leurs super-pouvoirs et surtout comment les utiliser.
Qu’est-ce que la psychologie positive?
C’est un domaine de recherche scientifique qui est apparu il y a une vingtaine d’années aux États-Unis. Il cherche à concevoir une psychologie préventive en définissant ce qu’est l’épanouissement. Contrairement à % des études qui portent sur les maladies mentales et la difficulté à être, la psychologie positive étudie le côté sain de notre personnalité, celui sur lequel on peut capitaliser. Elle se concentre sur les comportements, les personnalités et les organisations (entreprises, familles, équipes…). Il ne faut pas la confondre avec la pensée positive qui, elle, consiste à dire que tout va bien.
Peut-on être heureux ?
Le bonheur n’est pas le contraire du malheur. C’est l’apathie, ou bien la dépression, sa version clinique. La capacité à être heureux est prédéterminée à % par la génétique. Les conditions extérieures comptent pour % et les % restants sont l’interprétation de ce que nous vivons. Donc, oui, être heureux se travaille.
Qu’est-ce qu’un super-pouvoir ?
Je vais vous surprendre : c’est une qualité très banale… si ce n’est que c’est la vôtre. Cette qualité devient un superpouvoir quand vous vous en servez au lieu d’utiliser celle du voisin. Les chercheurs en psychologie positive ont déterminé forces de caractère et mis au point un questionnaire permettant de les connaître.
À quoi sert-il ?
Connaître le classement de vos cinq premières qualités qui sont notre mode de fonctionnement et qui permettront de vous sortir de toutes les situations. On peut soulever des montagnes si chacun active sa qualité pour arriver à son objectif.
Que se passe-t-il quand on les utilise?
On vit une expérience optimale ; ce sont les moments où nous sommes le plus heureux, où il fait bon d’être soi car on se sert de nos compétences. On a un objectif, un feedback et on est concentré sur la tâche : on perd la notion de soi et du temps. C’est ce qui nous recharge. Et où vit-on le plus ces moments-là ? En travaillant. Tous les ingrédients sont réunis. Le bonheur au travail, ce n’est pas avoir un babyfoot. C’est quand les gens ont conscience de ce qu’ils font bien. Cela se trouve dans n’importe quel job. Il y a des gens qui vivent ça devant un tableau Excel…
Comment le chef d’entreprise peut-il utiliser cette connaissance?
On appelle cela des manivelles. En connaissant les qualités et les pouvoirs de ses salariés pour qu’ils s’éclatent en travaillant. On trouve souvent que nos collaborateurs sont impatientants parce qu’ils raisonnent différemment : ils ne sont pas casse-pieds mais ont un autre mode de fonctionnement. Il faut leur parler en s’adressant à leurs qualités. On ne parle pas de la même façon à quelqu’un de persévérant et à quelqu’un créatif. À l’un on dira, “J’ai besoin que tu réessaies” et à l’autre, “Cherche un moyen de le faire”.
Comment activer ces moments d’expérience optimale ?
En ayant un état d’esprit positif qui provoque un phénomène d’élargissement et donne plus de créativité. Il faut toujours débuter les réunions avec des bonnes nouvelles. Cela crée les conditions pour que les gens donnent le meilleur d’eux-mêmes. L’optimisme est un hyperpouvoir. Les optimistes ne réussissent pas davantage que les pessimistes mais ils ont le courage de recommencer. Une autre manivelle pour activer l’expérience optimale est de s’appuyer sur les autres. Les dirigeants doivent encourager leurs salariés. L’impact du regard des autres peut être un atout ou un frein. Il y a des regards qui aident à croire que tout est possible. D’autres qui ont l’effet inverse.
Qui peut être patron ?
Tout le monde. Il faut être en alignement avec ce que l’on est, faire en sorte que chacun fasse ce qu’il fait de mieux.